Le catamaran dédié à la recherche Terre Marine met en garde contre les effets néfastes de la pollution sonore sous-marine a sur les espèces marines.
Depuis une trentaine d’années, les recherches environnementales s’accordent pour dire qu’il existe une véritable pollution sonore sous les mers. De fait, le niveau bruit sous l’eau n’a eu de cesse d’augmenter – il est doublé tous les dix ans avec la croissance du secteur naval d’après l’Institut océanographique Paul Ricard. Cette forme de pollution méconnue (l’émission de sons de basse fréquence ou infrasons) qui a des conséquences sérieuses pour l’ensemble de la vie marine, leurs cycles reproductifs et leurs habitats.
À l’aide d’hydrophones plongés dans l’eau, une équipe montée à bord du catamaran Terres Marines a effectué des mesures au Cap d’Agde (Hérault), « une zone où nous pouvons faire des écoutes car il y a beaucoup de vie », explique le chercheur français Michel Franck. « L’idée est d’enregistrer tous les types de sons : des sons de dauphins, de poissons, de crabes, de crevettes. L’homme fait également du bruit dans la mer et peut potentiellement avoir un impact sur ces animaux, notamment sur leur communication. »
Les conséquences sont multiples et sérieuses. « Il peut y avoir des dérangements comportementaux avec des réactions de panique, ce qui amener les animaux à s’éloigner », ajoute Cédric Gervaise de l’Institut de Recherche Chorus. Mais parfois, les effets de ces bruits anthropomorphiques sont encore plus tragiques. « Chez les cétacés grands plongeurs, cela peut provoquer des accidents de plongée et provoquer des décompressions qui peuvent entraîner la mort des individus ».
« Dans la mer, le son c’est la vie » note Michel André, directeur du Laboratoire d’applications bioacoustiques. « La lumière ne pénètre qu’à quelques mètres sous la surface. Elle n’est d’aucune utilité pour transmettre des informations sur de longues distances, à l’inverse du son qui, lui, se propage à des centaines de kilomètres. Si on coupe ce canal, on condamne la mer à des dégâts irréversibles. »
On sait que la célérité du son (la vitesse à laquelle il se déplace) est 4 fois plus élevée dans l’eau que dans l’air. Or, il n’existe pratiquement pas de réglementation pour limiter le bruit des activités humaines en mer. On sait aujourd’hui que les sonars militaires produisent pour la faune maritime des sons comparables à la détonation supersonique d’un avion de combat.