La diminution de la teneur en oxygène des océans inquiète la communauté scientifique, qui met en garde contre une menace croissante pour la pêche et certains groupes d’espèces.
D’ici la fin du siècle, 4 % de l’oxygène des océans pourrait disparaître, met en garde une étude publiée samedi 7 décembre par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et le phénomène n’est pas récent : les océans du monde entier ont perdu environ 2% de leur oxygène entre 1960 et 2010. Seulement, la tendance s’accélère. Ce processus « a déjà commencé à modifier l’équilibre de la vie marine », d’après la directrice générale de l’UICN, Grethel Aguilar.
Le rapport note également l’apparition de 700 « zones mortes » (des parties de l’océan où l’oxygène est absent) contre 45 comptabilisées il y a environ soixante ans. Elles couvrent de vastes régions, comme dans le Golfe de Mexico (14 000 km2), la mer de Chine méridionale (14 000 km²) ou la mer Baltique (50 000-60 000 km²). « Au cours de la même période, le volume des eaux anoxiques dans les océans mondiaux, c’est-à-dire des zones complètement vides d’oxygène, a quadruplé », précise le rapport.
Cette perte d’oxygène « constitue une menace croissante pour la pêche et certains groupes d’espèces comme les thons, les marlins et les requins », avertit l’UICN. « Il n’existe pas d’autre variable environnementale d’une telle importance écologique pour les écosystèmes marins, ayant évolué si drastiquement en un laps de temps si réduit à cause des activités humaines, que la dissolution de l’oxygène » note le document.
Les auteurs expliquent : « Au cours des 65 dernières années nous avons progressivement réalisé que le sur-enrichissement des eaux avec des nutriments et de la matière organique (eutrophisation) est un problème menaçant et dégradant les écosystèmes côtiers, altère les effectifs poissonniers, et a un effet sur la santé humaine dans de nombreuses régions autour du monde. Plus de 900 zones océaniques autour du monde ont déjà été identifiées comme touchées par les effets de l’eutrophisation. »
Parmi les 900 zones recensées, « plus de 700 sont concernées par l’hypoxie [le manque d’oxygène à un milieu], mais par une meilleure gestion des rejets en nutriments et une adoption de pratiques durables sur les terres avoisinantes, 70 d’entre elles (10 %) sont considérées en récupération » tempère l’étude. « Pour limiter la perte d’oxygène dans les océans, parallèlement aux autres effets dramatiques des changements climatiques, les dirigeants mondiaux doivent s’engager à réduire immédiatement et de manière substantielle leurs émissions » conclut-elle.