La Chancelière allemande, Angela Merkel, a laissé entendre que son pays envisageait de soutenir le front d’états membres qui appelle à une neutralité carbone européenne en 2050 lors du Dialogue de Petersberg sur le climat, à Berlin.
Si l’Allemagne s’était jusqu’à présent montrée très réservée devant les appels de certains états membres de l’Union européenne à viser la neutralité carbone en 2050, les lignes pourraient bien être en train de bouger. Lors du Dialogue de Petersberg sur le climat, organisé dans la capitale allemande, les ministres de 35 pays se retrouvaient pour à discuter de l’application de l’accord de Paris. Dans le cadre de ces échanges, la chancelière allemande, Angela Merkel a ouvert la voie à un ralliement de Berlin à cette position, tout en restant prudente sur sa faisabilité.
« Il ne s’agit pas de savoir si, mais comment nous pouvons atteindre cet objectif », a estimé la dirigeante allemande. « Si une réponse raisonnable est trouvée, nous nous joindrons à l’initiative lancée par neuf autres États membres. J’espère que ce sera possible » a-t-elle poursuivi. Une approche mesurée qui est à l’image des difficultés rencontrées par le pays dans sa transition énergétique : Dès 2018, l’Allemagne avait dû admettre que ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre ne seraient pas tenus dans les délais annoncés – elle a même ouvert de nouvelles mines de charbon.
De fait, l’Allemagne prévoit déjà de réduire entre 80 et 59 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2005. Mais les efforts entrepris peinent à porter leurs fruits : malgré les centaines de milliards déjà mis sur la table, les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne sont au même niveau. « Tout le projet est en train de dérailler » admettait toutefois le quotidien der Spiegel en début de mois dans un dossier sévère consacré au sujet. Plus largement, c’est l’opinion publique allemande qui prend lentement conscience de l’échec de l’ « Energiewende ».
Au même moment, Mme Merkel était sous la pression des factions plus volontaires de de sa coalition, qui demandent plus d’efforts de transition. En ouverture de cette rencontre internationale, la ministre allemande à l’Environnement, Svenja Schulze, issue du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), avait critiqué la tiédeur la chancelière. « Je trouverais constructif de s’associer aux efforts français » avait-elle laissé entendre, avant d’estimer qu’ « un pays industrialisé comme l’Allemagne a une grande responsabilité en termes de protection du climat ». Une prise de position qui aura sans doute poussé la chancelière à donner un signal positif.