Berlin a pris du retard dans le rendu de son plan national énergie-climat, après un bras de fer au Bundesrat, qui a mené à une révision à la hausse des ambitions environnementales allemandes.
Les États membres de l’UE devaient soumettre leur plan climat (PNEC) à l’exécutif européen avant le 31 décembre. « Nous attendons d’autres documents dans les jours et les semaines à venir » a expliqué la Commission, refusant toutefois de dénoncer les mauvais élèves. C’était sans compter sur Berlin, qui a choisi de divulguer son retard, au motif d’un « récent changement de cap sur la politique climatique » après un bras de fer entre le Bundestag et le Bundesrat, qui représente les régions (Länder).
En effet, le 18 décembre dernier que l’Allemagne a adopté une nouvelle loi sur la protection du climat, rendant les objectifs climatiques entrepris juridiquement contraignants en vertu du droit européen. Elle s’engage ainsi sur un nombre de domaine, en tête desquels on trouve le bâtiment, l’agriculture ou encore les transports. Angela Merkel a également accepté de fixer le prix de la tonne de CO2 au niveau national, une mesure qu’elle rechignait à adopter jusqu’à récemment.
Concrètement, une taxe à 25 €/tonne qui a été adoptée par le parlement allemand, contre 10 €/tonne initialement prévus par le gouvernement. Ce système destiné à compléter le marché européen du carbone, est amitieux. A partir de 2021, ce quota allemand devrait augmenter les prix du carburant de sept à huit centimes par litre. Et pour cause : il s’agit de diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990.
« C’est un pas important dans la bonne direction », mais « beaucoup de questions ne sont pas réglées », a souligné Winfried Kretschmann, l’un des leaders des Verts qui a mené la fronde responsable du retard allemand. Le quotidien berlinois la Taz souligne ainsi que ce n’est qu’à partir d’une taxe de 40 euros la tonne que les consommateurs et les entreprises changeront réellement de comportement. La taxe sera cependant évolutive : elle devrait passer à 30 euros la tonne en 2022, puis 55 euros en 2025.
« Rien ne garantit que nos entreprises resteront compétitives, vu les prix de l’électricité », s’alarme pour sa part Holger Lösch, de la fédération de l’industrie BDI. Une position que partage le quotidien Die Welt, qui accuse les Verts de ne pas accorder suffisamment d’attention aux coûts de leurs politiques.