La question du recyclage des paquets de chips, pour la plupart composés de multimatériaux, est probatique. Aussi, les initiatives se multiplient afin d’en changer la composition.
A l’heure où la guerre contre es emballages plastiques gagne le monde entier – et où Bruxelles multiplie les engagements en faveur du recyclage de ces derniers – les emballages des paquets de chips sont devenus la bête noire des décideurs publics et des consommateurs soucieux de leur emprunte carbone. Nés de la fusion entre un film plastique et du papier aluminium, ces derniers ne sont par conséquent ni recyclables ni biodégradables. Conséquence : des sachets de chips vides datant des années 1980 ont récemment été retrouvés au large du Royaume-Uni.
Outre-manche, en signe de protestation, des consommateurs de la marque Walkers, plus gros producteur du Royaume-Uni, ont décidé de systématiquement réexpédier leur paquets vides à la marque afin de la forcer à réagir. Le nombre d’envoi a tant progressé que la Royal Mail, a dû demander aux consommateurs mécontents d’envoyer leurs paquets de chips dans des enveloppes. Quid du producteur ? L’enseigne a annoncé le lancement d’un programme pour recycler les 7 000 paquets qu’il produit chaque minute.
Mas la nouvelle n’aura pas convaincu tout le monde. « Même s’ils deviennent recyclables, ils ne seront pas recyclés » nuance Delphine Lévi Alvarès, de Rethink Plastic Alliance, un groupe d’ONG de défense de l’environnement. « La réduction du poids se fait toujours aux dépens du potentiel de réutilisation et de recyclage » précise-t-elle. « Le plastique léger est en effet très difficile à recycler. Nous sommes peu incités à le faire, et il est techniquement compliqué de séparer des films différents », confirme Bénédicte Wallez, de l’entreprise française de gestion des déchets Veolia.
L’industrie est, elle, moins pessimiste : « Des technologies de recyclage intéressantes sont en développement », explique Achim Grefenstein, vice-président chez Constantia Flexibles, un fabricant d’emballages souples installé à Vienne. « Les marques nous demandent souvent si nous pouvons produire des emballages avec des matières recyclées » note ce dernier. « Mais aujourd’hui, même avec les dernières technologies, ce n’est pas possible », déplore-t-il. Ce dernier rappelle cependant que les plastiques légers ne représentent que 1 % de la consommation globale de plastique.
« Les biopolymères peuvent nous aider en ce qui concerne la dépendance au pétrole » et sont « une option importante pour l’avenir », précise Achim Grefenstein. « Aujourd’hui, il n’existe pas un seul biopolymère qui se décomposerait dans l’océan », précise-t-il. « La plupart d’entre eux ne se décomposent que dans des installations de compostage industrielles. Donc on a toujours besoin d’un système de collecte. » Aussi, pour les ONG de défense de l’environnement, la solution ne pourra passer que par un abandon de la mentalité qui dicte un recours systématique emballages.
Notons également que dans l’UE, tous les emballages devront être recyclables ou réutilisables d’ici 2030.