L’immense étendue de plastiques flottant à la surface de l’océan Pacifique croît de façon alarmante – et sa taille dépasse largement les estimations précédentes d’après une étude réalisée par le The Ocean Cleanup.
La « grande zone d’ordures du Pacifique » (Great pacific garbage patch, GPGP) aurait atteint une taille d’environ 1,6 million de km2, soit trois fois la France continentale, selon une étude publiée dans la revue Scientific Reports, jeudi 22 mars. Cet immense amas de déchets situé à mi-chemin entre Hawaï et la Californie représente près de 80.000 tonnes de plastique, soit 4 à 16 fois plus que les précédentes estimations.
Cette estimation a été réalisée par la fondation The Ocean Cleanup – une organisation à but non-lucratif néerlandaise. Pour se faire, elle s’est livrée à une récolte de 1,2 million d’échantillons et de nombreux survols aériens. « Il y a moins d’un an, la communauté scientifique pensait que la mer de plastique faisait la taille de la France », souligne le site d’informations américain Quartz. « Le niveau de la pollution plastique en eaux profondes et sur les fonds marins sous la GPGP reste inconnu » d’après le rapport.
Cette augmentation de la taille de la GPGP est liée à des méthodes d’analyse « plus fiables », mais pourrait également « être attribué à l’augmentation de la pollution plastique des océans dans la zone », notamment en lien les nombreux ouragans qui ont touché les Etats-Unis et au tsunami japonais de 2011, d’après le raport. Plus globalement, la production de plastique dépasse 320 millions de tonnes par an. Sacs, bouteilles, emballages, filets de pêche et microparticules dégradées dont beaucoup finissent dans les océans.
Les auteurs estiment qu’au-delà du « contient de plastique », entre 45 000 et 129 000 tonnes de déchets flottent dans cette zone. Ils y seraient amenés par des courants marins. « Il ne faut pas s’imaginer une mer de plastique », souligne toutefois Laurent Lebreton, océanographe et premier auteur de cette publication. « Les concentrations varient entre 1 et 100 kg par kilomètre carré. Cela ne se remarque pas au premier coup d’œil. Mais quand on y regarde de plus près, cela fait tout de même beaucoup de déchets pour un endroit aussi isolé, au milieu de nulle part. »
« Ces résultats nous fournissent des données-clés pour développer et tester notre technologie de nettoyage, mais il souligne également l’urgence de s’attaquer au problème de la pollution aux plastiques », a tempéré dans un communiqué Boyan Slat, fondateur de Ocean Cleanup. Ce dernier travaille sur la mise au point d’un système de barrières flottantes qui devrait permettre de vider 50 % de la décharge du Pacifique en cinq ans.