L’association internationale du transport aérien tire la sonnette d’alarme. Mis à mal par des campagnes qui nuisent à son image, le Flygskam, le secteur pourrait bien connaitre des années difficiles.
Le « Flygskam », soit littéralement la honte de prendre l’avion, est le nouveau phénomène qui inquiète le secteur aérien. Beaucoup relayée par l’écologiste star des réseaux sociaux, Greta Thunberg, cette nouvelle tendance dénonce la part croissante des émissions mondiales de CO2 que le secteur aérien sera amené à occuper dans les décennies à venir. S’il ne représente aujourd’hui que 2 % de celles-ci, il devrait atteindre les 20 % en 2050.
« J’ai arrêté de prendre l’avion par conviction parce que je ne veux pas dire une chose et agir autrement », expliquait-elle lors du Forum économique de Davos, en janvier dernier. « J’estime qu’il est insensé que des personnes qui discutent notamment ici du dérèglement climatique, arrivent en jet privé. » Un appel qui a trouvé son écho dans une lettre ouverte datant du 1er avril dernier, dans laquelle 250 réalisateurs et producteurs suédois appelaient l’industrie cinématographique à limiter les tournages à l’étranger et les déplacements en avion.
Ce phénomène, venu comme la jeune activiste de suède, n’a pas manqué de faire ressentir ses premiers effets dans le pays. En un an, le nombre de passagers a baissé de 4,4 % selon l’Agence suédoise des transports. L’opérateur Swedavia AB, qui gère les deux plus gros aéroports du pays, atteste d’une chute de son trafic pour la première fois en 10 ans – un recul est de 6 % pour les vols intérieurs et 2 % pour les vols internationaux.
« Il est important que les gens puissent continuer à se rencontrer et que le monde continue à voyager, mais nous ne pouvons pas continuer à voyager sans nous adapter à une approche durable » a réagi Scandinavian Airlines System. « C’est une grande menace. Le secteur du transport aérien est confronté à un risque de réputation », a pour sa part réagi Alexandre de Juniac, le directeur général de l’association internationale du transport aérien.
« Le transport aérien s’est engagé à neutraliser ses émissions à partir de 2020, puis de les réduire par deux d’ici à 2050 par rapport à son niveau de 2005. Avec la croissance du trafic, cette ambition est énorme » poursuit l’ancien PDG de Air France KLM, qui dénonce un mouvement est basé sur des « fake news et des incompréhensions ». « En dehors des cercles de l’aviation, personne n’est au courant de tout que nous faisons. Personne ! Peut-être n’avons-nous pas assez communiqué », a regretté Alexandre de Juniac.