Une récente étude paneuropéenne s’est penchée sur les évolutions des zones boisées européennes au cours de derniers millénaires.
L’arbre ne cache plus la forêt : une récente étude menée par des universitaires suédois, allemands, français, estoniens et suisses a établi que les espaces forestiers européens avaient réduit de moitié au cours des 6000 dernières années sous l’effet du développement de l’agriculture et de l’usage du bois comme carburant. Dans certaines régions d’Europe de l’Ouest et sur certaines côtes – dont le Royaume-Uni et l’Irlande – le forêt occupe aujourd’hui moins de 10 % de son espace préagricole.
En se basant sur des analyses de pollen sur plus de 1000 sites, les chercheurs ont découvert que plus des deux tiers de l’Europe centrale et l’Europe du nord étaient couverts par des forêts. « Avant le développement de l’agriculture néolithique, l’Europe était un continent majoritairement boisé », explique l’étude chapeautée par l’université de Plymouth et publiée dans la revue Scientific Report. « Aujourd’hui ; les espaces forestiers ont été fracturés, et ils occupent moins de la moitié du territoire européen. Le plus souvent les espaces ont été dégagés afin d’obtenir des champs et des pâturages. »
« La plupart des pertes forestières ont eu lieu dans la seconde moitié de l’ère interglaciaire que nous vivons. Cela s’est accompagné de changements du cycle carbone, de fonctionnement des écosystèmes et de la biodiversité », explique l’auteur principal de l’étude, Neil Roberts. « Il y a 8000 ans, un écureuil aurait pu sauter de branche en branche de Moscou à Lisbonne. » L’étude révèle aussi que les humains ont coupé massivement des arbres depuis bien avant l’ère moderne. Les zones boisées européens ont globalement cru au cours des dernières années du fait des efforts humains.
Cette étude nous éclaire donc d’une lumière assez surprenante au vu des théories classiques. Elle conclut : « Certains peuvent voir la perte d’espaces forestiers comme un mal, mais certains habitats de grande valeur sont nés de nos efforts visant à de créer de la bruyère et des espaces herbeux. Jusqu’aux années 40, la pratique de l’agriculture était respectueuse des habitats naturels, et assurait une cohabitation avec certaines de nos espèces préférées. Ces données pourront donc servir à penser les entreprises de reforestation et les changements d’habitat de demain. »
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