Aux Etats Unis, l’archipel des Keys en Floride vient d’autoriser le premier relâchement de moustiques génétiquement modifiés des USA. Selon Science News L’opération vise à lutter contre les maladies provoquées par ces insectes dans la région. Elle intervient dans un contexte où le comté de Monroe a enregistré 47 cas de dengue en 2020, soit la première poussée du genre depuis plus de 10 ans.
Pour lutter contre l’Aedes aegypti, l’espèce responsable à la fois de la dengue, du Chikungunya et de la fièvre Zika, les autorités américaines ont fait appel au Britannique Oxitec. Ce dernier convoiera vers la Floride des œufs de moustiques mâles génétiquement modifié. Une fois à maturité ces mâles s’accoupleront aux femelles locales. De cette union ne résulteront que des moustiques mâles qui se nourrissent uniquement du nectar des fleurs. Ces nouveaux naissains seront porteurs du gène paternel et ne produiront à leur tour que des mâles.
Si les débats sur la question lors de l’audition publique ont été passionnés, la décision a finalement été motivée par l’incapacité à combattre les moustiques uniquement par des méthodes chimiques. Le district de contrôle des moustiques, bien que disposant de six aéronefs pour vaporiser les zones touchées par les moustiques, n’arrive pas à éliminer plus de la moitié des insectes de la région.
Au nombre des questions soulevées, le risque de voir disparaître une espèce locale et voir le gène modifié se répandre dans les autres populations de moustiques. À ces interrogations, les experts répondent que l’Aedes aegyti n’est pas une espèce locale, mais a été certainement introduite en Floride par des voyageurs et que le risque de propagation du gène modifié est relativement faible. En outre Oxitec qui a déjà fourni des milliards de moustiques mâles génétiquement modifiés dans des pays comme le Brésil dispose d’un savoir-faire reconnu dans le domaine.
Pour l’entomologiste Natasha Agramonte, qui travaille sur les moustiques à l’université de Gainesville en Floride, les objections viennent généralement d’un malaise face au risque propre au genre humain. Et de risquer une analogie : “les accidents de voiture tuent des milliers de gens chaque année. Néanmoins, la plupart des gens conduisent sans crainte, car ils ont un sentiment de contrôle. C’est ce sentiment de contrôle qu’ils perdent face au relâchement d’un millier de moustiques dans la nature.”