L’UE et la Chine se disputent sur l’’avenir de leur Partenariat sur le changement climatique, sur fond d’une nouvelle hausse des émissions de Pékin. La Chine est toutefois en passe de lancer un projet de marché d’émissions d’une ambition sans précédent.
Le représentant du Ministre de l’environnement sur les questions de changement climatique, John Ashton et le Ministre chinois de la Science et la Technologie sont en froid. Juste avant la fin d’année, les deux hommes se sont affrontés sur la question de l’avenir du Partenariat sur le changement climatique signé entre Bruxelles et Pékin en 2005. Ce document organisait notamment une aide au développement durable européenne pour la Chine. Au cœur de cette collaboration se trouve un projet de construction de centrale de séquestration géologique du dioxyde de carbone (CSS) que l’UE seule s’était engagée à financer à hauteur de 50 millions (la première tranche d’un projet qui coûtera entre 7 et 10 fois cette somme).
Après une réunion « difficile » avec le Ministre chinois, la Commission européenne a envoyé un courrier à Pékin indiquant « ne plus être dans une position susceptible de garantir la participation financière envisagée pour le projet », ajoutant vouloir « réorienter son accord avec la Chine vers un dialogue politique et un échange d’expertise ». La Chine a rétorqué « exiger » que l’UE tienne ses engagements de 2009 et verse 7 millions d’euros qu’elle aurait considéré investir à l’époque.
Cette brouille intervient alors que le consortium de chercheurs Global Carbon Project vient de publier une estimation revue à la hausse des émissions des gaz à effet de serre (+2%) pour l’année 2017. Cette hausse est largement imputable à la Chine, qui a vu ses émissions augmenter de 3 ,5% au cours de l’année. Les émissions mondiales étaient restées fixes en 2016, et ce malgré une croissance globale de 3,2% – à cause du ralentissement de l’économie chinoise (2012 – 2016). Sans surprise, les émissions sont reparties à la hausse après la reprise chinoise, portée par un renforcement du cours de l’acier et du charbon.
La hausse des émissions chinoises de devrait toutefois par durer. Le pays est en effet sur le point de lancer un système de plafonnement des émissions (ETS). Celui-ci a été annoncé comme une réforme « monumentale » par Pékin. Il prévoit de limiter les taux d’émissions via un système de crédits pollutions que les entreprises du pays échangeront – le nombre de ces crédits réduire d’une année sur l’autre. L’ETS régira initialement entre 34 et 39% du marché chinois, avant de s’étendre à d’autre domaines fortement émetteurs comme les industries du ciment et de l’aluminium.
L’ONG Environment Defense Fund a estimé qu’à plein régime (en 2020), l’ETS couvrira cinq milliards de tonnes métriques de carbone – soit 15% des émissions mondiales.
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