
Les ministres de l’environnement européens ont adopté un objectif de réduction des émissions des voitures de 35 % d’ici 2030. Une légère baisse par rapport aux ambitions des eurodéputés.
Ce mardi, lors d’un sommet européen, les ministres de l’Environnement des états membres se penchaient sur les futures normes européennes encadrant les émissions de CO2 des voitures. Le Parlement européen avait proposé que l’UE de baisser de 40% le plafond d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’ici à 2030. Par 389 voix pour (239 contre), les eurodéputés ont adopté une résolution imposant aux constructeurs automobiles de produire à cette date des voitures émettant 35% de CO2 en moins que les niveaux actuels – un léger recul par rapport aux ambitions initialement affichées, donc. Cette solution de compromis bénéficiait du soutien de la présidence autrichienne de l’UE.
« A la veille de ce vote, l’industrie automobile et la Commission européenne ont exercé des pressions sans précédent pour tenter de diluer davantage la position du Parlement », explique Karima Delli, la présidente (EELV) de la commission transports à Strasbourg. L’exécutif européen ne prévoyait en effet qu’une réduction de 30 % d’ici à la fin de la prochaine décennie après des appels de pied des représentants du secteur qui avait estimé que la demande initiale (une baisse de 45%) était « trop difficile à atteindre ». A noter que l’UE a réduit ses émissions de 23 % depuis 1990, les émissions liées au transport routier ont, eux, augmenté d’environ 20 %, d’après la Commission européenne.
Si louables soient-ils, les engagements européens risquent de manquer l’objectif fixé par l’accord de Paris, qui limite le réchauffement climatique à 2 voire 1,5 degrés. Une situation que regrette le Réseau Action Climat : « Au lendemain du rapport du Giec, qui a rappelé l’impératif de diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre notamment dans les transports, les États membres actent des objectifs faibles qui traduisent un ralentissement du rythme de réduction des émissions CO2 des voitures neuves par rapport à la règlementation actuelle. »
« Le secteur du transport est le premier émetteur de gaz à effets de serre en Europe, rappelle Agathe Bounfour, du Réseau action climat. Et le trafic routier représente 70 % des émissions de ce secteur ». Pour cette raison, la France, la Suède, le Danemark, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, Malte et la Slovénie soutenaient une baisse plus conséquente. Ils ont toutefois été mis en minorité par l’Autriche, qui s’est finalement alignée sur la position de l’Allemagne et de ceux du groupe de Visegrad (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie), de la Bulgarie et de la Roumanie. Ce vote du parlement doit désormais donner lieu à une négociation tripartite (entre la Commission, le Parlement et le Conseil) pour un texte final attendu au début de 2019.