Malgré son interdiction, l’huile de palme continue à être consommée en Europe, faute de traçabilité sur les biocarburants.
La Commission européenne avait décidé d’exclure l’huile de palme de la liste des biocarburants accepté au sein de l’Union européenne, ouvrant la voie à leur interdiction dans l’Union européenne d’ici à 2030. De fait, le recours à ce biocarburant de « première génération » ne pourra plus augmenter à partir de 2020 et son emploi ne pourra pas dépasser les 7 %. En outre, la dernière directive sur les énergies renouvelables (RED II) interdit l’incorporation d’huile de palme raffinée hors d’Europe dans le carburant.
Pourtant, des enquêtes menées au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ont récemment révélé que des entreprises qui auraient commercialisé de l’huile de palme « neuve » sous couvert de recourir à de l’ « huile de cuisson usagée » (HCU) pour leurs biocarburants. Or, l’incorporation de ces dernières est encouragée sous l’effet de la directive RED II. Les deux enquêtent concluent du manque de traçabilité des carburants renouvelables utilisés en Europe.
« L’huile de cuisson usagée n’est souvent pas ce qu’elle semble être, et si l’huile de palme n’est pas d’origine européenne, elle se fait souvent passer pour de l’HCU […] Il est aujourd’hui dans l’intérêt du climat, et de l’industrie des biocarburants de faire toute la lumière sur la face cachée de l’HCU », assure une source industrielle citée par Euractiv.
Dans son rapport de 2016 sur le système de certification des biocarburants durables, la Cour des comptes européenne tirait déjà la sonnette d’alarme sur la transparence des sources des huiles utilisées sur le vieux continent. : « Nous sommes arrivés à la conclusion qu’en raison de faiblesses dans la procédure de reconnaissance de la Commission, puis dans la supervision des régimes volontaires reconnus, le système de certification de la durabilité des biocarburants de l’UE n’est pas totalement fiable »
« Les contrôles opérés pour vérifier l’origine de la biomasse constituée de déchets ou de résidus n’étant pas satisfaisants […], on ne peut pas exclure que du biogazole certifié en tant que biocarburant dérivé d’huiles de cuisson usagées, mais en réalité élaboré à partir d’huile vierge éventuellement frelatée, ait été comptabilisé dans les données relatives aux biocarburants comptant double », concluent les auditeurs.
Pour rappel, l’huile de palme fait l’objet d’une interdiction progressive eu Europe du fait du risque élevé de changement indirect d’affectation des surfaces cultivées mondiale qu’elle induits, en particulier dans des zones riches en carbone (forêts, zones humides, tourbières). Elle est également une importante source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de déforestation. En termes de surface cultivée, sa croissance annuelle moyenne depuis 2008 s’élève à 4%, progression qui s’observe pour 18% au détriment des zones humides et pour 45% à celui des zones forestières.