Aujourd’hui, dans une conférence à Londres, les 173 Etats membres de l’Organisation maritime internationale (OMI), l’agence qui régule les activités maritimes mondiales, va confirmer -ou non – son engagement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GeS). L’organisation a publié le 6 avril une stratégie intérimaire visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2050 – un grand pas en avant pour un secteur très polluant.
Selon un rapport du Parlement européen, le trafic maritime international représenterait actuellement 2,5 % des émissions totales de GeS. Il concentre déjà 90 % du transport mondial de marchandises, et les analystes pronostiquent tous sa croissance dans les années à venir. Aussi, si rien n’est fait pour atténuer son empreinte carbone, le transport maritime pourrait représenter 17 % des émissions mondiales de CO2 d’ici 2050. L’objectif posé par sa stratégie intérimaire constitue donc d’un engagement non négligeable, pour un secteur qui ne s’est pas illustré par son empressement de se mettre au vert.
« L’OMI a été chargée de limiter les émissions du transport de fret dans le cadre du protocole de Kyoto, en 1997 », rappelle Brice Böhmer, coordinateur du Programme d’intégrité de la gouvernance climatique chez Transparence International. « Pourtant, il a fallu attendre 2016 pour que l’OMI mette en place une simple feuille de route pour l’élaboration d’une première stratégie, qui doit être finalisée en 2018, et d’une stratégie révisée, qui n’est prévue qu’en 2023. »
En outre, il était, avec le transport aérien, l’un des grands absents des engagements pris lors de la COP21, en décembre 2015, de contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C. En octobre 2016, l’organisation internationale de l’aviation civile a cependant adopté un programme de réduction et de compensation de ses émissions, faisant du secteur maritime le dernier cancre climatique. C’est donc sous pression que l’OMI a présenté son programme de réductions.
De fait, « tout accord signé à Londres serait une bonne nouvelle, même si on sait d’avance qu’il ne sera pas assez ambitieux », souligne le Norvégien Bjørn Hallvard Samset, du Centre international de recherche climatique d’Oslo. L’Union européenne, soutenue par les Etats insulaires du Pacifique, menacés par la montée des eaux, avait ainsi proposé au secteur une baisse d’émissions comprise entre 70% et 100% d’ici à 2050 (par rapport à 2008), et non les 50% qu’il a finalement retenus – et encore, ils ce seuil pourrait encore être réduit au cours des débats.
« Le Brésil, l’Arabie saoudite ou l’Inde, hostiles à cet objectif, peuvent entraîner dans leur sillage des pays plus silencieux, comme la Chine ou Singapour » révélait mercredi un des négociateurs. « Une minorité bloque le plafonnement d’émissions et la définition d’une stratégie de décarbonisation dans la lignée de l’Accord de Paris. Ces initiatives sont présentées comme irréalisables et néfastes pour le commerce mondial, malgré les preuves scientifiques qui prouvent le contraire », a pour sa part commenté Bill Hemmings, directeur des transports de l’ONG Transport & Environnement.