La Norvège, rapidement rejoint par l’Allemagne, ont décidé de couper leurs aides financières au Fonds de préservation de la forêt amazonienne, au Brésil, au motif d’une accélération alarmante de la déforestation. Des tensions qui pourraient remettre en question l’accord commercial UE-Mercosur.
Jeudi 15 août, le ministre de l’environnement et du climat norvégien, Ola Elvestuen, a annoncé la suspension de 30 millions d’euros d’aide prévus pour le Brésil en réponse à l’accélération de la déforestation dans le pays. Le rythme d’abattage d’arbres en Amazonie a en effet bondi de 39 % depuis que le président d’extrême droite Jair Bolsonaro est arrivé au pouvoir. Selon le New York Times, depuis janvier, ce sont près de 3.500 km² de forêt amazonienne qui sont partis en fumée depuis son élection.
« Le Brésil a rompu l’accord avec la Norvège et l’Allemagne depuis que le pays a suspendu le conseil d’administration et le comité technique du fonds pour l’Amazonie », a estimé le ministre. « Il ne peut pas faire cela sans que la Norvège et l’Allemagne soient d’accord », a-t-il souligné. Berlin a également décidé de bloquer 35 millions d’euros d’aide jusqu’à ce que les chiffres de la déforestation redeviennent positifs.
À Sao Paulo, le ministre de l’Environnement Ricardo Salles a confirmé jeudi que le Fonds Amazonie était « suspendu ». Doté de 3,4 milliards de reals (750 millions d’euros au cours actuel), ce dernier est en principe destiné à financer des projets permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre et à punir les responsables de la déforestation. Oslo l’a alimenté de quelques 8,3 milliards de couronnes (828 millions d’euros) depuis sa création en 2008.
Le Président brésilien Jair Bolsonaro n’a pas manqué de réagir à l’annonce : « La Norvège, ça n’est pas ce pays qui tue des baleines là-haut, au Pôle Nord ? Qui y exploite du pétrole aussi ? Ce n’est pas du tout un exemple pour nous. Qu’ils gardent leur argent et qu’ils aident Angela Merkel à reboiser l’Allemagne ». Selon lui, le Brésil doit savoir exploiter les richesses de l’Amazonie pour relancer son économie, en berne depuis plusieurs années.
Cet échange d’amabilités inquiète au Brésil car il pourrait provoquer une remise cause du récent accord commercial Union européenne-Mercosur. « Tout se passe comme si Bolsonaro implorait les pays européens de ne pas ratifier l’accord », estime Claudio Angelo, porte-parole de l’ONG Observatoire du Climat. « Il offre un prétexte en or à nos concurrents internationaux pour barrer la route à nos produits », déplore ce dernier.