
Les pêcheurs européens ont manifesté dans plusieurs ports, en Belgique, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas ce lundi 18 juin. Ils réclament l’interdiction de la pêche électrique – une technique controversée quasi-exclusivement utilisée par les pêcheries néerlandaises.
Les fileyeurs européens mènent la fronde. Accompagnées par des ONG de défense de l’environnement, ont bloqué lundi plusieurs ports européens (en France, en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et aux Pays-Bas) pour protester contre la pêche électrique, méthode accusée de « détruire le milieu marin » et de « menacer leur survie économique » de l’activité.
Les pêcheurs souhaitent ainsi interpeller les responsables politiques européens pour qu’ils interdisent définitivement cette technique. Interdite en 1998, la pêche électrique a été à nouveau autorisée sous forme de dérogations à partir de 2007, à hauteur de 5% des chalutiers à perches par État membre. La Chine, qui l’autorisait pendant un temps, a récemment fait marche arrière.
La pêche électrique obit à un principe simple : les filets sont équipés des électrodes. Ces derniers, traînés par les chalutiers, envoient alors des décharges de quelques secondes en direction des fonds. Les poissons, paralysés, n’ont plus alors qu’à être ramassés par les filets. Aussi, certains estiment qu’elle nuit moins à l’environnement que la pêche « à la perche » qui abîmerait les fonds marins.
Dans une note datant de mai dernier, le Conseil international pour l’exploration de la mer, saisi par les Pays-Bas à, expliquait en effet que « le taux de blessures infligées par un impact mécanique sur le poisson pendant le processus de capture est susceptible d’être plus faible chez les chaluts à impulsion que dans les chaluts à perche traditionnels ».
Peu avant cette mobilisation, les syndicats de pêcheurs avaient demandé à l’Office européen de lutte antifraude l’ouverture d’une enquête sur la pêche électrique néerlandaise pour suspicion de fraude. Ils suspectent en effet que le pays dépasse le quota fixé par état membre, et que les recherches sur l’impact de la pêche électrique sur l’environnement aient été falsifiés.
« Les pêcheurs néerlandais ont touché des fonds européens pour pratiquer la pêche électrique », souligne Mathieu Colleter, océanographe de l’association écologiste Bloom. « Cette pratique a été développée pour soi-disant effectuer des recherches scientifiques, mais aucune recherche spécifique n’a été menée ».
Des pêcheurs belges, français et britanniques se plaignent depuis des années d’une « évolution négative des stocks de poissons » sous l’effet de cette technique. Pour eux, la technique entraîne une « surpêche ». Une situation d’autant plus inquiétante que « les armements néerlandais achètent beaucoup d’armements dans toute l’Europe et notamment, en France, à Boulogne et Concarneau », souligne Mathieu Colleter, « ce qui explique leur poids très important dans les négociations ».