Une étude met en garde contre la disparition d’une grande partie des stations de ski françaises du fait du changement climatique.
« En 2100, il ne resterait plus aucun domaine skiable offrant des conditions de neige naturelle fiables » selon les estimations les plus pessimistes sur le changement climatique. Une récente étude, publiée cette semaine dans la revue scientifique The Cryosphère est sans appel : une grande partie du domaine skiable en France risque bien de disparaitre, faute de neige. Ce travail intitulé « Winter tourism under climate change in the Pyrenees and the French Alps: relevance of snowmaking as a technical adaptation » a été réalisée par des chercheurs de Météo France et de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea).
Bien sûr, ces résultats pourraient varier en fonction de l’effort effectué afin d’inverser le changement climatique. En outre, il ne s’agit de de modélisations et non d’une prévision détaillée de son avenir à chaque station. Mais pour l’heure, en vertu des scénarios explorés par les chercheurs, la vision d’ensemble de l’avenir de l’enneigement des stations de ski n’est pas réjouissante. L’étude affirme en revanche qu’il est déjà trop tard pour certains d’entre eux.
Qu’en est-il des canons à neige auxquels on a recours depuis près de 40 ans ? A l’horizon 2050, la situation ne semble pas trop critique, quel que soit le scénario climatique : avec une couverture de 45 %, la neige de culture permet de compenser la baisse d’enneigement naturel. En 2100, par contre, la neige de culture permettrait de limiter les dégâts que dans les scénarios les plus optimistes. Et en cas du scénario, le ski sera le cadet de nos soucis, relativisent les chercheurs.
Le recours à ces canons est en effet déjà devenu monnaie courante : « Ce qui, au début, était honteux, est peu à peu devenu de plus en plus banal et courant. Et ce qui n’était là que pour compenser les pénuries sporadiques est désormais un véritable outil de gestion », constate Samuel Morin, directeur du Centre d’études de la neige. Et la situation ne sera pas tenable en cas de pénurie d’eau – nécessaire pour fabriquer la neige de culture. 10 à 20 millions de m3 sont nécessaires chaque année. Un chiffre qui passera à 40 millions entre 2030 et 2050.
« Leur survie dépend bien sûr de la neige, mais aussi de bien d’autres facteurs, dont leur modèle économique, les habitudes de la clientèle, le type de gestion, leur niveau d’endettement », juge Samuel Morin. « Certaines stations peuvent par exemple se permettre de n’ouvrir que quand il y a de la neige », conclut-il.