Le gouvernement espagnol vient de publier son nouveau plan pour le climat. Il s’y engage à produire une électricité provenant exclusivement issue de sources renouvelables d’ici 2050 et s’engage dans une marche forcée pour fermer ses centrales à charbon et ses centrales nucléaires.
Le secrétaire d’État espagnol à l’énergie, José Dominguez a dévoilé le projet de loi national sur le « changement climatique et transition énergétique » vendredi 16 novembre. Cette initiative du jeune gouvernement de coalition se démarque par son ambition. Madrid entend notamment réduire de 90 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Afin d’y parvenir, l’Espagne mise gros sur la transition énergétique : le pays veut produire 35% de son énergie avec du renouvelable d’ici 2030. Elle s’est fixé l’objectif de 100% de renouvelable en 2050. A cette fin, elle prévoit chaque année la mise en service de centrales solaires et de champs d’éoliennes pour une production de 3 000 MW.
Cette transition s’accompagne d’un renoncement rapide au charbon – sujet à propos duquel Madrid avait été attaqué par la commission européenne. Sur les 14 centrales au charbon présentes en Espagne, neuf fermeront en juin 2020. Le pays vise une fermeture graduelle des 5 centrales restantes, sans pour autant préciser de planning.
« Ce qui se passera selon nous, bien que nous n’imposions rien, c’est que toutes les centrales au charbon fermeront entre 2020 et 2030. À ce moment-là, l’Espagne sera débarrassée de tout charbon, et je pense qu’elles fermeront naturellement sans que nous n’ayons à intervenir », a assuré José Dominguez, notant que le pays s’assurait ainsi une plus grande flexibilité.
Si le gouvernement espagnol avait déjà annonce ne pas vouloir prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires, il a renouvelé son engagement, cette fois assorti d’un deadline : le dernier réacteur nucléaire du pays devrait fermer en 2028. « Nous risquons de déborder un peu après 2030, mais d’ici 2040, nous les aurons tous fermés », assure le secrétaire d’État. Ce dernier a spécifié qu’il s’agit d’une « décision sociale », qu’il convient d’appliquer « avec ordre et prudence ».
Le plan de Madrid ne s’arrête pas là : l’Espagne compte également interdire la vente de véhicules essence, diesel, gaz et hybrides d’ici 2040. Cet ensemble de mesures très idéologiquement marquées risque toutefois de créer des divisons au sein de la très fragile coalition au pouvoir et pourrait se voir recaller par les élus espagnols.
Cette annonce a, par exemple, d’ores et déjà fait bondir l’association espagnole de fabricants d’automobiles et de camions (l’Anfac), qui juge cette loi « excessive dans ses objectifs et accélérée dans ses délais ». Le secteur s’inquiète d’« un fort impact négatif sur la demande, la fabrication et la future adjudication de modèles à l’industrie espagnole ».