L’augmentation des risques d’incendies en Europe – mais aussi des territoires touchées- inquiètent les spécialistes comme les économistes.
On le sait, ces dernières années, les incendies estivaux ont été en hausse dans toute l’Europe. Mais hors de la saison la plus chaude, les feux de forêts se sont également multipliés à un rythme alarmant. Le nombre d’hectares européens partis en fumée depuis le début de l’année est ainsi déjà plus élevé que pour tout 2018, le système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS) du Centre commun de recherche européen (JRC).
On compte actuellement 250 000 hectares sinistrés, principalement le long de la côte espagnole, dans les Pyrénées, au Royaume-Uni et dans les Balkans – contre 181 000 hectares sur toute l’année dernière. Fin avril, l’EFFIS recensait 1 233 incendies de 30 hectares ou plus, contre 1 192 pour toute l’année dernière et une moyenne de 115 pour cette période de l’année. Mais, plus inquiétant encore, la liste des états menacés s’est elle aussi allongée, avec l’Allemagne, la Lettonie, la Suède et le Royaume-Uni.
En 2018, en effet, la plupart des feux se sont déclenchés après juin. Mais leur nombre a été nettement supérieur à la moyenne de la dernière décennie (une augmentation de près de 40 %). EN outre, leur fréquence a sensiblement augmenté dans les pays du Nord de l’Europe. Et la situation ne devrait pas s’améliorer alors que les experts pronostiques de deux à six semaines de sécheresse pour les futurs étés scandinaves à venir.
Ces pays ne disposaient pas d’une expertise de lutte contre le feu sur tout leur territoire, le phénomène étant nouveau. « Mon père était pompier à la caserne du village, transformée ensuite en caserne de volontaires. Elle allait même fermer, alors que le village se trouve au milieu de la forêt », explique Per Persson, un des habitants de Kårböle, une commune qui a vu 9 500 hectares partiront en fumée en 2018. « Kårböle a un seul petit camion avec une pompe et quelques tuyaux, c’est ridicule ».
Grâce à la plus importante opération européenne de protection civile jamais menée, des incendies records ont peu être contenus dans le pays. Un rapport de l’Agence de la protection civile suédoise, sorti en janvier dernier appelle toutefois à rapidement sortir de cette dépendanceafin de « pouvoir répondre face à de grands incendies dans le futur ». Du fait des coûts élevés, la Suède cherche toutefois aujourd’hui encore une solution européenne.
Selon l’Agence européenne pour l’environnement, les feux de forêt sont parmi les catastrophes naturelles les plus sensibles au changement climatique. Ils auraient causé 453 milliards d’euros de pertes économiques entre 1980 et 2017, faisant plus de 115 000 victimes en Europe, soit en moyenne environ 3 100 par an. Les dommages-intérêts qui y sont associés sont de près de 500 milliards d’euros, et correspondent de fait peu ou prou au PIB de la Belgique.