Le recul du littoral français, sous l’effet d’une érosion accrue, inquiète, et pourrait amener le pays a réformer la loi littorale.
Les quelques 20 000 km de littoral français sont sous pression accrue de l’océan d’après le dernier bilan de l’Observatoire de la côte aquitaine publié fin février. L’érosion augmente en effet à mesure que le niveau de l’eau monte, menaçant les constructions avoisinantes. Si cette pression est inégale, il ressort de ce rapport qu’au moins 22 % des côtes reculent, de 10 cm jusqu’à 8 m par an en moyenne. Plus largement, le ministère de la Transition écologique a estimé que 26 kilomètres carrés de territoire métropolitain avaient disparu entre 1949 et 2005.
Ce dernier a commissionné le Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) pour qu’il réalise la première cartographie de l’évolution du trait de côte en France métropolitaine il y a deux ans. Ce travail a permis de disposer d’informations homogènes et comparables sur l’ensemble de la France. Le Cerema cependant a tenu à avertir que « les phénomènes n’étant pas linéaires dans le temps, le résultat sur le taux moyen obtenu peut ne pas refléter la situation actuelle observable dans certains secteurs ».
La résidence « le Signal » située dans la ville de Soulac-sur-Mer (Gironde) est devenue l’exemple le plus frappant de cette accélération globale de l’érosion. Ces 78 appartements datant de 1967 avaient été construits à 200 mètres du trait de côte. Ils ne se trouvent aujourd’hui plus qu’à neuf mètres du bord de la dune, qui a reculé entre 5 et 7 mètres tous les ans. « Le cas de Soulac illustre l’absence de culture du risque qui a longtemps prédominé, conduisant à des choix d’urbanisation hasardeux », regrette Vital Baude, délégué au littoral de la région Nouvelle-Aquitaine.
« Partout sur le littoral sableux, lors des tempêtes, la mer attire le sable de la plage vers le large, puis l’y redépose quand il fait beau », explique Vincent Raynaud, responsable à l’Office national des forêts et conseiller municipal de la commune délégué à l’environnement. « Mais ici, la dérive littorale sud-nord ne permet pas un transit parallèle du sable ; il ne revient pas. La mer tape donc dans la dune lors des marées à gros coefficient, quelle que soit la météo. » Et ces coefficients seraient renforcés par la montée du niveau des mers, accélérant le processus.
Pour expliquer ce phénomène, Christian Buchet, directeur du centre d’études de la mer à l’Institut catholique de Paris met en cause le réchauffement de la planète. En effet, celui-ci explique que la mer, « sous l’impact du réchauffement se dilate », aussi « l’érosion marine résulte aujourd’hui à 82% de cette dilatation de la mer qui fait qu’elle monte » et l’érosion augmente. « Et puis, ce réchauffement climatique perturbe aussi le climat en provoquant des vents plus variables et souvent beaucoup plus forts », ajoute-t-il.