Alors que l’Europe traverse une vague de froid historique, le pôle Nord a connu un pic de chaleur avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières. Deux phénomènes liés d’après les météorologues.
LA vague de froid qui touche l’Europe atteint des pics historiques. Dans la nuit de mardi à mercredi, le mercure est tombé jusqu’à – 21 °C en Croatie et en Bosnie ; – 20 °C à Lübeck, dans le nord de l’Allemagne ; – 19 °C dans le sud de la Pologne ; – 18 °C près de Liège, en Belgique, et – 10 °C dans la banlieue de Londres. De la Baltique à la Méditerranée, le mercure est au plus bas.
Dans le même temps, les températures en Arctique enregistrées ce mois de février 2018 sont en effet anormalement élevées pour la saison – environs 30 degrés au-dessus de la normale saisonnière. Plusieurs fois, elles ont dépassé 0 °C, et ce durant plus de 24 heures ; le 24 février, il faisait 6 °C au cap Morris Jesup, au Groenland, où se trouve la station météo la plus au nord du monde – du jamais vu en 60 ans de relevés. « Le soleil s’est couché en octobre et on ne le reverra pas avant mars, a tweeté Robert Rohde, chercheur à Berkeley Earth. C’est la nuit perpétuelle, mais on est toujours au-dessus du point de congélation ». Un phénomène rare qui se produit en une fois par décennie.
Les températures glaciales que nous connaissons actuellement en Europe seraient liées à ce phénomène : « une situation de blocage anticyclonique sur le nord de la Scandinavie (…) avec une remontée d’air doux de l’Islande vers le pôle Nord, d’un côté, et, de l’autre côté de l’anticyclone, des descentes d’air froid de l’Oural et de la Russie occidentale vers l’Europe de l’Ouest », explique Etienne Kapikian, prévisionniste chez Metéo France.
« Il est difficile de dire qu’un événement est lié au réchauffement climatique. Mais cette tendance que nous voyons, un Arctique chaud, un continent froid, peut être liée au changement climatique », répond Marlene Kretschmer, climatologue à l’Institut de Potsdam (Allemagne) pour la recherche sur le changement climatique. Pour la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), la région est aux avant-postes du changement climatique : « L’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que n’importe quelle autre région du monde ». Aussi, certains climatologues pensent probable que l’océan Arctique commence à être libre de glace pendant l’été d’ici à 2050.