Jeudi 14 juin 2018, le Parlement européen a rejeté trois rapports relatifs aux conditions de travail des transporteurs routiers rédigés par sa commission des Transports.
Le volet social du Paquet Mobilité, porté par la commission des Transports du Parlement européen, a été rejeté en plénière. Composé de trois textes, il prévoyait une flexibilisation des temps de conduite et de repos des chauffeurs européens, qui risquait d’entrainer une augmentation sérieuse des accidents de la route. Principale doléance : il allait autoriser les repos hebdomadaires en cabine des chauffeurs routiers – une aggravation des mesures initialement prévues par la Commission européenne, et une inversion radicale de la jurisprudence de l’Union européenne.
La délégation socialiste et radicale de gauche s’est immédiatement oppose aux textes problématiques, menaçaient les conditions de vie et de travail de plus de 1,9 millions de chauffeurs routiers en Europe. « La lutte contre la dégradation continue des conditions de travail de 1,9 million chauffeurs routiers est notre objectif », a commenté Christine Revault d’Allonnes, cheffe des eurodéputés socialistes français, figure de proue de l’opposition à ces trois textes. Elle s’indignait contre la possibilité de voir le secteur du fret routier devenir « le parent pauvre des droits sociaux ».
A quelques nuances près, les élus de droite dénonçaient le fait que le texte adopté en commission exclue le transport international des règles du travail détaché (à travail égal dans un même pays, salaire égal) Les textes adoptés le 4 juin dernier par la commission des Transports « n’amélioraient pas la situation mais la détérioraient » d’après Franck Proust, président de la délégation Les Républicains (conservateurs français) au Parlement européen. Davantage qu’un clivage gauche/droite, ce débat souligne la forte division est/ouest.
La Pologne a ainsi pesé de tout son poids pour que ses entreprises continuent de travailler dans toute l’Europe avec des salaires polonais. Aussi, la plupart des syndicats européens de routiers demandaient eux-mêmes aux parlementaires de s’opposer à la position de la commission des Transports. « Quand vous ne travaillez pas, vous n’avez rien, quand vous êtes malade, vous n’avez rien, quand vous êtes en vacances vous n’avez rien. C’est de l’esclavagisme moderne » s’alarmait Roberto Parrillo, membre de la Fédération européenne du Transport. « Ce texte est une victoire pour l’exploitation », résumait le syndicat européen des transports, ETF.