Le président exécutif d’Airbus, Tom Enders, a appelé Angela Merkel et Emmanuel Macron à « une nouvelle vision spatiale » pour l’Europe, dans un courrier dans lequel il critique la gouvernance des agences nationales.
Dans une lettre rendue publique le lundi 18 juin dernier, Tom Enders, dont le mandat expire dans un peu moins d’un an « recommande vivement » au couple franco-allemand de « définir, en coopération avec l’industrie, une nouvelle vision spatiale, de nouveaux projets ambitieux et de nouvelles politiques pour l’Europe ». Considérant que Paris et Berlin ont été les « nations prééminentes » de l’Europe spatiale, il leur revient de « prendre les devants ».
« Major Tom » critique au passage la plus belle réussite industrielle de l’Europe. Concrètement, Enders remet en question la gouvernance spatiale européennes « afin de stimuler l’innovation, la rapidité et le leadership de notre industrie ». L’intéressé se dit prêt à « discuter de ces questions et bien d’autres avec les ministères et les agences » de l’Union. Il se veut toutefois optimiste, et insiste sur les capacités qu’à l’UE en matière spatial.
« L’industrie seule ne sera pas en mesure de réussir dans le nouvel environnement spatial. Un alignement étroit entre les gouvernements et une vision européenne claire pour les futurs projets spatiaux, ainsi que des politiques et des budgets en phase avec cette vision, sont d’une importance cruciale ». Aussi, il considère l’Agence spatiale européenne (ESA) comme obsolète dont la gouvernance est « clairement insuffisante pour faire face à un environnement nouveau, très dynamique et qui change rapidement ».
« Nous comptons sur votre soutien à cette initiative, étant donné qu’assurer le leadership de l’espace européen signifie également la maîtrise des technologies clés et des infrastructures qui protégeront l’Europe, la sauvegarde de son développement économique et l’emploi des salariés des prochaines générations », plaide-t-il aux dirigeants européens, tout en établissant un parallèle avec la modernisation de la NASA au cours des dix dernières années.
Si aucune réponse politique officielle n’a été donnée à cette lettre explosive, des bruits circulent, et disent que les gouvernements intéressés auraient assez peu aprécié les manières cavalières d’un président exécutif sur le départ.