Grâce au dispositif GEOTracker, ArianeGroup a réussi à traquer un satellite espion russe, Luch Olymp, alors que celui-ci venait espionner le réseau européen.
Lors d’une conférence de presse à Toulouse, la ministre des Armées françaises, Florence Parly, a tenu à « raconter une histoire, a commencé la ministre. Un satellite au nom latin, Athena-Fidus. » Cet engin au nom complet un rien complexe (« Access on theatres for European allied forces nations-French Italian dual use satellite ») fournit en effet des moyens de télécommunication de très haut débit aux armées française et italienne.
Ce satellite de 3 tonnes possède 14 antennes permettant des télécommunications à très haut débit (3 gigabits par seconde). « Grâce à Athena-Fidus, les états-majors des armées françaises et italiennes peuvent organiser des visioconférences, établir des diagnostics médicaux à distance, ou encore réceptionner des images acquises par des drones », précise le CNES.
Les incidents se sont produits le 7 septembre dernier. « Alors qu’Athena-Fidus continuait sa rotation tranquillement au-dessus de la terre, un satellite s’est approché de lui, de près, d’un peu trop près », poursuit la Ministre. « De tellement près qu’on aurait vraiment pu croire qu’il tentait de capter nos communications » explique-t-elle avant d’ironiser : « Tenter d’écouter ses voisins, ce n’est pas seulement inamical. Cela s’appelle un acte d’espionnage. »
« Nous l’avions vu arriver, et avons pris les mesures qui s’imposaient. Nous le surveillons attentivement, nous avons d’ailleurs observé qu’il a continué de manœuvrer activement les mois suivants auprès d’autres cibles. » Cette surveillance est possible grâce au dispositif français GEOTracker, un démonstrateur opérationnel qui protège les satellites français d’éventuelles collisions et de tentatives d’espionnage.
La question de l’espionnage spatial n’est pas neuve. L’armée de l’air française a déjà identifié en 2012, puis 2013 et, enfin, en 2015, des engins spatiaux qui se sont approchés de satellites militaires français. Le satellite russe Luch-Olymp, lancé en septembre 2014, n’en est pas non plus à son coup d’essai. Il a été détecté dans les parages de nombreux satellites européens.
Aussi Mme Parly appelle activement l’Europe, à renforcer son autonomie stratégique, ce qui passe selon elle également par n service performant de surveillance et de protection des avoirs spatiaux stratégiques. « Comment prétendre maîtriser notre outil de défense spatiale si nous ne sommes pas capables d’observer le ciel seul et avec précision ? » s’interroge-t-elle.