
L’Agence Spatiale Européenne travaille sur des solutions de nettoyage de l’espace afin d’éviter des collisions potentiellement catastrophiques.
8000 tonnes de débris errent en orbite autour de la terre – morceaux de fusée, anciens satellites hors d’usage ou encore fragments d’équipement, on estime que plus de 34 000 objets de plus de 10cm flottent dans l’espace (dernier rapport annuel, l’Agence spatiale européenne – ESA en anglais). Or, en cas de collision avec un engin spatial chacun de ces débris est susceptible de se transformer en obstacles extrêmement dangereux.
La menace est en tout cas prise très au sérieux par l’Agence Spatiale Européenne. « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que même un petit débris – en raison de la vitesse à laquelle il progresse dans l’espace – peut faire exploser un satellite actif par exemple et cette explosion va générer un nouveau nuage de débris. Donc tous les débris sont des menaces potentielles », explique Luisa Innocenti, responsable du programme Clean Space à l’ESA.
« Lorsqu’une bille d’aluminium, d’un centimètre seulement, frappe un satellite, elle possède l’énergie d’une voiture qui percute le vaisseau à une vitesse de 50 kilomètres par heure », explique Heiner Klinkrad, le gestionnaire des déchets spatiaux à l’ESA. En août 2016, un fragment de quelques millimètres seulement a ainsi percuté le satellite Sentinel 1A, financé par le programme européen Copernicus, déchirant ainsi le panneau solaire sur 40 centimètres de long.
« Nous nous attendons à ce que cette tendance augmente, en raison de l’activité spatiale continue et de nouveaux lancements de satellites, mais aussi à cause de nouveaux projets impliquant des mégaconstellations de centaines voire milliers de satellites », a déclaré Sebastien Moranta, de l’Institut européen de politique spatiale à Viennes. « Le secteur de l’espace devra réfléchir à des façons de garantir une meilleure durabilité de l’environnement spatial et de sa sécurité ».
« En plus de venir à bout des débris spatiaux, l’Europe veut mettre en œuvre des normes pour des satellites plus soucieux de l’environnement, améliorer la communication entre les satellites et les agences spatiales, permettre une meilleure gestion du trafic sur orbite et développer davantage les systèmes de protection » poursuit l’expert. Aussi, au travers de son agence spatiale, l’Union européenne a lancé le programme CleanSpace.
Ce dernier vise non seulement à éliminer les débris spatiaux, mais aussi à l’impact des activités spatiales sur l’environnement grâce à de nouvelles technologies. Le premier objectif est toutefois délicat : « Retirer des satellites existants ne constitue pas un business à l’heure actuelle, car personne ne veut financer l’opération », note Luisa Innocenti. « Le seul moyen est d’imposer une taxe sur les prochains lancements afin que l’argent perçu soit mis de côté pour l’utiliser à des fins de nettoyage ».
Le programme CleanSpace travaille donc aujourd’hui en collaboration avec la Commission européenne et du Surrey Space Centre (SSC) de l’université de Surrey (Royaume-Uni) sur d’autres solutions, notamment des satellites bio-dégradables Ces derniers s’autodétruiront lors de leur rentrée atmosphérique. Ces derniers pourraient devenir la norme pour que l’industrie spatiale réduise sa pollution résiduelle.