Expert en cyndinique, Eric Van Vaerenbergh liste dans ce texte fondateur de la cyndinique (la science du danger) les mesures à prendre pour échapper à la sobriété.
Un grand danger sera que les citoyens se contentent des petits gestes de « sobriété » pour préserver notre biosphère. Ce sont des gestes interprétables et non concrets pour une trop grande majorité de personnes.
Des petits gestes de « sobriété » seront insuffisants si les trois premiers moyens de protection définis par la prévention sur quatre ne sont pas garantis prioritairement sur le temps long.
Ce ne sont plus les cindyniques qui l’expliquent, mais c’est un auteur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (1).
C’est une évidence que les cindyniques enseignent depuis toujours. Il faut être très enthousiaste de lire des auteurs du GIEC commencer à la promouvoir.
Les demandes de petits gestes de sobriété mettent la pression mentale sur les citoyens sans résoudre le problème à la racine des dangers systémiques.
Tous ceux qui promeuvent « une sobriété » comme devant être une priorité, ne mesurent pas suffisamment les ordres de grandeur des enjeux humains et sociétaux.
L’ordre des priorités des moyens de prévention nous enseigne que pour réduire le niveau de risque d’un danger il faut:
- Priorité 1 : supprimer le danger à la source de manière intrinsèque,
- Priorité 2 : utiliser des mesures de prévention collective,
- Priorité 3 : utiliser des mesures de prévention individuelle,
- Priorité 4 : utiliser des mesures de prévention organisationnelle.
Si on prend le cadre de la gestion du CO2 comme danger, cela donnerait les exemples non exhaustifs suivants :
Priorité 1 :
- Produire de l’énergie électrique décarbonée disponible à la demande pour des milliers d’années. Cela écartera toutes craintes de pénuries énergétiques et d’électrifier massivement les biens et services de nos sociétés. Un moyen de production connu à ce jour et permettant cette garantie c’est les centrales nucléaires avec des réacteurs surgénérateurs à neutrons rapides (2).
- Électrifier sans CO2 un maximum de biens et services éliminera le danger de manière intrinsèque. On pourra remplacer ou convertir à l’électricité les :
- Cuisinières au gaz
- Voitures thermiques
- Fours industriels aux combustibles fossiles
- Chauffages au gaz
- Chauffages au fioul
- Camions thermiques
- Bateaux thermiques
- Les moyens de production d’ammoniac (3) et/ou d’hydrogène pour alimenter des véhicules et/ou des biens et services qui ne peuvent être électrifiés aisément.
- Etc.
Priorité 2 :
Une mesure de protection collective vise à protéger un groupe de personnes (tous les habitants de la terre) sans collaboration de leur part.
Quelques exemples concrets sont :
- L’extraction massive du CO2 stocké dans l’atmosphère (4)
- La géo-ingénierie (5)
Priorité 3 :
Dans le cadre du danger du CO2 par rapport au réchauffement climatique, une mesure de protection individuelle vise un processus. Pour cela chaque processus doit faire l’objet d’une adaptation.
Un exemple concret est la captation et la transformation du CO2 en sortie de chaque processus individuellement (6).
Priorité 4 :
Des mesures de protection organisationnelle visent à sensibiliser (7), former, un groupe de personne pour accepter un changement de comportements pour diminuer leurs émissions de CO2 :
- Aller à pied au lieu d’aller en vélo électrique rechargé avec de l’électricité produite aux énergies fossiles,
- Aller en vélo non électrique au lieu d’aller en voiture thermique,
- Arrêter de prendre l’avion fonctionnant avec de l’énergie émettant du CO2,
- Manger moins de viande,
- Ne pas se chauffer à plus de 19°C,
- Décaler de 15 jours le début et la fin de la période de chauffage,
- Prendre des douches moins longues,
- Décaler dans le temps l’utilisation de certains biens et/ou services,
- Utiliser moins de services numériques
Etc.
La probabilité de l’atteinte des objectifs de prévention est toujours plus grande avec des mesures de prévention définies de 1 à 3 qu’en 4.
Ces priorités sont universelles, quel que soit le danger. C’est repris dans plusieurs lois et normes nationales et/ou internationales (8),(9),(10). Leurs formes peuvent se nuancer autour de ce fil conducteur en fonction des dangers considérés et des risques évalués.
En prévention, la priorité 4 est la dernière à déployer. Cela se fait lorsque les priorités 1 à 3 sont inexistantes, impossibles à déployer, ont échoué, ou présentent de manière individuelle et/ou combinée un niveau de risque insuffisamment réduit.
Les avantages des mesures prioritaires 1 à 3, c’est qu’elles peuvent être cent pour cent techniques. Elles occasionnent une plus faible pression mentale sur les citoyens. Cela demande très peu de contribution individuelle (1 et 2 surtout).
La priorité 4 met la pression mentale principalement sur le citoyen en tant que « CONSOMMATEUR ». Les mesures de prévention des priorités 1 à 3 mettent la pression mentale sur les « PRODUCTEURS » tout en la réduisant sur les « CONSOMMATEURS ».
D’un point de vue planétaire, convaincre 8 milliards aujourd’hui et 10 milliards de citoyens demain, d’adopter un comportement multi-interprétable dit de « sobriété » en priorité, c’est illusoire face aux ordres de grandeur et aux objectifs à atteindre pour préserver notre biosphère.
Certains étant encore dans la pauvreté, ils ne chercheront qu’à améliorer leur bien-être par la consommation. Seuls des régimes autoritaires pourront leur interdire. On ne voit pas sur base de quels principes les pays développés et démocratiques pourraient leur interdire et/ou les empêcher de se développer pour améliorer leur bien-être.
La probabilité de réduire le niveau de risque par l’application en priorité de petits gestes de sobriétés et en mettant la charge mentale sur les citoyens, cela présente en prévention la probabilité la plus faible de réduire le niveau de risque à un niveau acceptable.
Avec un cahier des charges très contraignant pour les « PRODUCTEURS », cela permettra d’apporter du bien-être avec un minimum de pression mentale sur les citoyens.
Ce cahier des charges peut faire en sorte que les citoyens du monde réalisent sans s’en rendre compte et avec un minimum de charge mentale, de la « sobriété » concrète, efficace et humaniste.
En votant pour exiger de nos autorités démocratiques de respecter les priorités de la prévention, la plus grande partie de la charge mentale reviendra aux ingénieurs et personnalités politiques du monde entier.
Cela tombe bien, c’est leur métier d’avoir et de gérer cette charge mentale pour répondre à des exigences très strictes et améliorer sans cesse le bien-être humain.
La racine commune de tous les problèmes systémiques pour préserver notre biosphère, c’est « l’énergie ».
Voter et exiger de nos gouvernements démocratiques d’avoir de l’énergie décarbonée, respectueuse de notre biosphère et en abondance pour des milliers d’années, s’inscrit dans la priorité 1 par rapport aux quatre priorités de la prévention. Cela aura un niveau d’efficacité bien plus grand que des milliards de petits gestes très interprétables et dis de « sobriété ».
Une énergie décarbonée et disponible pour des milliers d’années n’empêchera nullement de réaliser une « sobriété » humaniste et heureuse.
https://pixabay.com/vectors/stairs-caution-hazard-sign-warning-155980/
(3) http://www.chem4us.be/energie/lammoniac/
(4) https://www.iea.org/reports/direct-air-capture
(5) https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/bitstream/JRC99777/JRC99777_01.pdf
(6) https://www.iea.org/reports/carbon-capture-utilisation-and-storage-2
(7) https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/dp-plan-sobriete.pdf
(8) https://www.inrs.fr/demarche/principes-generaux/introduction.html
(9) https://www.iso.org/fr/iso-31000-risk-management.html
La mise en oeuvre de « mesures » de prévention ou de correction du risque doit être proportionnée avec la dimension de ce risque, sa portée s’il se réalisait, conjuguée par la probabilité de son occurrence ou l’intensité avec laquelle on y est exposé. Sinon, c’est le risque de ruine financière qui n’est plus simplement probable mais certain.
En matière de gestion du risque climatique, deux approches se complètent ou même s’opposent, l’adaptation à des température plus élevées et à ce qui s’en suit, et la mitigation, c’est-à-dire la réduction de la cause alléguée du réchauffement, les émissions de gaz à effet de serre.
Les alarmistes radicaux sont des monomaniaques de la mitigation « quoi qu’il en coûte » et ont horreur d’une adaptation qui rendrait le problème tolérable à moindre coût. Allez savoir pourquoi !
Cela n’est plus un problème de gestion du risque en soi mais une question de choix politique. L’ironie voudra que, le jour où la mitigation serait enfin aboutie (une entreprise multi-pharaonique), le monde se soit déjà adapté depuis longtemps à un climat qui aura changé.
Les idéologues de tous poils, y compris les ultras VERTS écolos, savent très bien jouer sur la confusion du risque et du danger. C’est une faille du cerveau humain bien connu des propagandistes.
Le cerveau humain étant programmé en priorité pour l’instinct de survie grâce au cerveau reptilien, le plus archaïque, il suffit de montrer le danger à Sapiens, pour qu’il parte en courant et remonte dans l’arbre où il y a quelques millions d’années il était en sécurité ou pour qu’il se mette à lutter contre le danger. Voire partir en croisade.
La vie est faite de dangers, ils sont nombreux. C’est justement la capacité de Sapiens à mettre des parades entre lui et le danger qui fait la différence. L’analyse de risque contribue à limiter l’occurence d’être confronté au danger et à limiter les conséquences lorsque le danger se présente.
Il y a 3000 morts par an depuis des décennies sur les routes en France, c’est pour cela qu’il y a un permis de conduite, une ceinture de sécurité, des limitations de vitesse, des contrôles de cette vitesse, un permis à point etc.
Le réchauffement climatique est un danger potentiel. Faisons marcher le néocortex, la partie du cerveau de sapiens qui raisonne, plutôt que de laisser les propagandistes écolos titiller le cerveau reptilien.