Le week-end du 14 au 16 juillet 2023, RTE Réseau de Transport d’Electricité a procédé à la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs français ce qui a contribué à remplacer de l’énergie à base de nucléaire français bas carbone 4g CO2/kWh par de l’énergie utilisant du charbon allemand 1150g CO2/kWh. Comment expliquer cette manoeuvre alors que la logique de la transition énergétique voudrait que l’on utilise le moins d’énergie carbonée possible ? Christian Semperes, expert énergéticien répond aux questions de European Scientist.
The European Scientist : Ce week-end la France a importé de l’électricité allemande comment peut-on expliquer cela ?
Christian Semperes : Depuis que l’idéologie verte allemande s’est infiltrée dans les couloirs de la commission européenne puis dans les couloirs des états européens, la production des ENR est devenue prioritaire. La logique n’est en aucun cas une logique industrielle, c’est une logique utopiste du 100% renouvelables. Mais voilà, l’électricité n’a que faire d’idéologie. Depuis Nikola Tesla, elle est régie par des lois physiques, que l’écologisme, cette nouvelle religion d’état, exècre.
Un réseau électrique est régi par 2 paramètres structurants qu’il convient de régler chaque seconde pour garantir sa stabilité et éviter ce qu’on appelle le blackout, le noir pour plusieurs heures ! Il s’agit de la fréquence de 50Hz et la tension à la prise de courant de 220V.
Lorsqu’un client allume une lampe, il faut qu’instantanément un moyen de production augmente sa production, sinon la fréquence et la tension s’écroule.
Les ENR, solaire et éolien, ne produisent qu’une production fatale. Elles ne produisent en qualité et dans le temps que ce que la météo a décidé. Incapables de régler la fréquence et la tension, en aucun cas, les ENR ne peuvent garantir une quelconque stabilité du réseau. Autrement dit, sans moyens de production modulables, point de salut !
Le week-end dernier, il y a eu une conjonction de phénomènes. La consommation était faible, due au week-end prolongé du 14 juillet en France, au ralentissement de l’activité économique et aux fortes températures d’été. Pendant ce temps, l’éolien s’est mis à produire alors que durant des semaines, la production européenne du parc éolien était très faible. Ceci montre le caractère aléatoirement intermittent et totalement indépendant de la consommation des clients des ENR.
Qu’a fait RTE ? Sur le postulat des ENR prioritaires et en dehors de toute logique industrielle et éco-logique puisque le nucléaire est encore plus bas carbone que les ENR, RTE a procédé à l’arrêt et à la mise au minimum technique de plusieurs centrales nucléaires, jusqu’à 9,7GW, l’équivalent de 10 centrales nucléaires.
A 12h le dimanche 16 juillet, la consommation française était telle que la production était en déficit de 4,8GW, l’équivalent de 5 centrales nucléaires. Les ENR ne pouvant produire que ce que la météo a décidé, la France a donc importé 4,8GW d’électricité de ses voisins grâce aux moyens de production pilotables.
Pendant ce temps, l’Allemagne avait gardé 4,5GW de centrales à charbon, pour un impact carbone global de 147g CO2/kWh alors que la France produisait de l’électricité à 38g. L’Allemagne a contribué à hauteur de 2,9GW l’importation française d’électricité carbonée.
RTE a donc rétabli l’équilibre production / consommation française en redémarrant progressivement les centrales nucléaires. En 10h, 9,4 GW nucléaires ont été rétablis sur le réseau français et européen, l’équivalent de 10 centrales nucléaires arrêtées quelques heures plus tôt.
TES. : Et n’y a-t-il aucun moyen d’y échapper ?
CS. : Oui ! Bien sûr ! On l’a démontré depuis 45 ans en France. Si on rétablit une logique industrielle à la gestion d’un réseau électrique en prenant en compte tous les aspects en même temps, comme ce fut le cas depuis le remplacement des centrales fossiles dans les années 1980-90 par un mix nucléaire et hydraulique. Depuis on a su garantir le service au public avec des moyens de production pilotable et bas carbone, réduire des émissions de CO2 avec le nucléaire le plus bas carbone de tous les moyens de production y compris les ENR pour une électricité à 97% bas carbone, le coût du nucléaire à 42€/MWh (prix ARENH) en ayant financé sa construction par emprunt d’état remboursé. Plutôt que de financer des parcs ENR, pour une durée de vie de seulement 20 ans, grâce à des subventions publiques massives, non remboursées donc, à hauteur de 500 milliards d’€ de l’Energiewende allemande et 121 milliards d’€ de subventions publiques françaises répercutées sur le prix du carburant, à hauteur de 11c€/litre de carburant.
En résumé, il est temps de passer d’une logique écolo à une éco-logique.
TES. : Un message a circulé dans lequel les allemands se vantaient d’être autonomes au niveau de la production d’ENR. Quel est votre commentaire ?
CS: Tous les étés, lorsque l’éolien produit très peu à cause d’anticyclones prolongés, l’Allemagne montre qu’elle ne peut pas se passer de moyens de production pilotables. La nuit notamment, lorsque le solaire ne produit rien. Elle a fait récemment appel à l’importation, notamment à partir du nucléaire français cet été. Et sans parc nucléaire maintenant, l’Allemagne fait tourner ses centrales au gaz et au charbon lorsque les ENR ne produisent pas. Comme le CO2 ne s’arrête pas à la frontière, l’idéologique verte allemande impacte la planète.
CQFD Ce Qu’il Faut Dénoncer.
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