Les faux médicaments, dont la composition et les principes ne répondent pas aux normes scientifiques, sont souvent inefficaces et donc dangereux pour le patient qui a besoin de son traitement. Aussi, l’UE a renforcé le cadre du contrôle des médicaments vendus sur son territoire. Mais d’après la Commission, des progrès restent à faire.
La contrefaçon de médicaments est un phénomène en pleine expansion depuis la fin des années 1990, et l’arrivée d’internet dans la plupart des foyers européens. SI elle a commencé par la production de faux Viagra et autres stimulants sexuels, elle s’est développée – certains traitements anticancéreux peuvent coûter plus de 50.000 euros par an – pour devenir un véritable phénomène mafieux qui pose des risques pour la santé publique. Les faux médicaments sont tous les ans responsables d’entre 73 000 et 160 000 décès d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le phénomène touche aussi l’UE : « On a trouvé en Allemagne, dans les hôpitaux, des versions trafiquées et diluées de l’Herceptin, le traitement du cancer du sein de Roche », pointe Bernard Leroy, directeur de l’Iracm, l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments. En outre, récemment, du faux Valium (Diazépam) a causé la mort de plusieurs personnes en Écosse, et des flacons volés de Herceptin, médicament contre le cancer du sein, ont été trouvés en Italie.
Aussi, Bruxelles a décidé de réagir en renforçant les contrôles. La directive 2011 sur les faux médicaments exige la mise en place de dispositifs anti-falsifications et d’identifiants sur les emballages, de règles pour l’importation d’ingrédients pour les médicaments ainsi qu’un logo commun et européen pour identifier les pharmacies légales en ligne. La Convention Médicrime du Conseil de l’Europe définit, elle, le médicament contrefait comme « un produit qui est présenté d’une manière trompeuse, par exemple au niveau de son étiquette ou de son emballage, avec des indications mensongères et frauduleuses quant à son identité, et/ou sa source. »
Malgré ces initiatives, la lutte peine à se mettre en place efficacement. En cause, des règlements trop disparates. Un rapport de la Commission européenne souligne que les sanctions à l’encontre des producteurs et trafiquants de faux médicaments varient énormément d’un état membre à l’autre : peines de prison plus ou moins logues en Suède, en Finlande en Grèce en Autriche, en Slovénie et en Slovaquie, amendes de niveaux variables en Lituanie, en Espagne ou au Royaume-Uni… En outre, le sérieux de l’application de ses règles diffère d’un pays à l’autre.
« Les mesures prises par les États membres sont satisfaisantes, mais les sanctions ne sont efficaces que si elles sont véritablement mises en œuvre » déplore le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis. « J’appelle donc tous les pays européens à s’assurer que les criminels falsifiant des médicaments sont bel et bien punis. Je profite de l’occasion pour rappeler que grâce au logo commun européen permettant d’identifier les pharmacies légales en ligne, qui vendent des produits sûrs et authentiques, les citoyens sont tenus éloignés des médicaments falsifiés. » De fait, un alignement des normes rendrait certainement le contrôle plus efficace.