Des chercheurs européens ont annoncé récemment avoir découvert un moyen de bloquer la mutation de plusieurs virus affectant l’homme, afin d’empêcher leur reproduction.
Des chercheurs des universités de Louvain (Belgique) et d’Helsinki (Finlande) ont réussi à découvrir une caractéristique commune à un grand nombre de virus qui affectent l’homme. Dans une étude parue dans la revue PLOS Biology le 11 juin 2019, ils expliquent que cette découverte devrait permettre de développer de nouveaux médicaments antiviraux traitant le rhume, la poliomyélite et d’autres maladies.
Cette découverte a été possible grâce au recours à la Cryo-microscopie électronique (cryo-ME) – une technique particulière de préparation d’échantillons biologiques qui permet de réduire les dommages d’irradiation causés par le faisceau d’électrons. Concrètement, cette technique consiste à congeler très rapidement des échantillons biologiques sous forme hydratés dans de l’éthane liquide, de manière à les figer dans leur état natif.
L’idée générale est donc de pouvoir « figer » un temps ces molécules dans le but d’analyser leur structure. La découverte de cette méthode avait valu le Prix Nobel de Chimie 2016 au Suisse Jacques Dubochet, à l’Allemand Joachim Frank et à l’Écossais Richard Henderson. Si elle existe depuis les années 70 sous forme expérimentale, elle ne s’est réellement développée qu’à partir des années 90. En 2016, elle avait notamment permis de dévoiler la structure du virus Zika.
La cryo-ME a cette fois permis de mettre en évidence une nouvelle caractéristique de plusieurs virus communs à l’être humain lors de l’observation d’un picornavirus – untype de virus responsable notamment des rhumes, de certaines gastro-entérites ou encore de la méningite). « Ces résultats ouvrent une nouvelle voie pour la conception d’antiviraux à large spectre contre les rhinovirus et les entérovirus, deux agents pathogènes humains majeurs », a indiqué Johan Neyts, principal auteur des recherches.
Pour se répliquer, les virus doivent souvent altérer leur forme. Or, les biologistes ayant participé à ces travaux disent avoir mis au point un composé en mesure de stabiliser la forme de ces virus. Une molécule qu’ils utilisaient s’est en effet logée dans une sorte de poche à la surface du virus, qui s’avère indispensable à ce dernier pour opérer sa mutation. Ce traitement pourrait donc bloquer le processus et empêcher les virus de se propager dans l’organisme.