Les états membres de l’UE pourraient bientôt commencer à s’échanger des dossiers médicaux numériques. Dès la fin de l’année, l’Estonie et la Finlande vont lancer une coopération transfrontalière de « e-dossiers médicaux » visant à assurer la qualité et la continuité des soins.
Une nouvelle idée a été lancée lors du Forum européen de la santé à Gastein, en Autriche : la libre circulation des dossiers médicaux numériques au sein de l’Union européenne. Les partisans de cette ouverture s’appuient sur la « 5ème liberté » de l’espace unique, la mobilité des données dans l’UE, pour faciliter la vie des patients qui voyagent au sein de l’espace européen en renforçant la qualité et la continuité des soins transfrontalière.
La ministre de la Santé estonienne, Riina Sikkut, s’est fait l’égérie de cette innovation : « L’Estonie participe activement à ce projet et attend avec impatience le moment où les données de santé pourront circuler avec les patients, quel que soit leur lieu de résidence dans l’UE ». L’Estonie et la Finlande vont d’ailleurs commencer à s’échanger des « e-dossiers médicaux » dès la fin d’année, afin d paver la voie pour cette ambitieuse initiative.
Mme Sikkut souligne toutefois qu’il faudrait que cette mesure soit plus largement embrassée pour que le processus se développe. « L’Estonie et la Finlande seront très probablement les premières à échanger des prescriptions numériques dans l’UE dès la fin de l’année. En tous cas, nous avons déjà procédé à toutes les étapes de vérification nécessaires. », s’est réjouie la ministre. « Voyons les choses en grand, mais commençons dès maintenant. Avançons pas à pas jusqu’au succès. »
Il existe en effet un certain nombre de contraintes techniques et juridiques à surmonter. Elle suppose en effet un préalable non négligeable : la numérisation efficace et normalisé des dossiers médicaux. Et il fait nul doute que la route reste longue dans une Union fragmentée. Mais l’initiative pose également des questions, notamment sur la sécurisation du flux transfrontalier des données à caractère personnel. Les moyens manquent encore actuellement.
« Mes collègues estoniens et moi-même sentons une réelle volonté de la part des autres États membres et de la Commission européenne de travailler ensemble pour permettre la libre circulation des données », répond Riina Sikkut, qui estime que la hausse globale du niveau de collaboration numérique européenne est inévitable. « Cependant, il est important que nous ne nous mettions pas seulement d’accord sur le format, mais aussi sur le contenu des données qui doivent être partagées » note-elle.
Malgré ces difficultés, la Suède, la Grèce et Chypre se sont engagées à rejoindre l’initiative dès 2019. Elle pourra également compter sur Malte, la République tchèque et le Luxembourg l’année suivante. Le ministre autrichien de la Santé, Clemens Martin Auer, a calculé que dès 2019,18 États membres devraient pouvoir échanger leurs données médicales. « Ce n’est plus un projet en construction, mais une infrastructure numérique concrète […] Nous avons dépassé la phase pilote il y a longtemps. Il s’agit maintenant d’un échange réel, dans le monde réel, de cyberdonnées réelles sur la santé. »