L’exécutif européen a décidé de venir en aide aux agriculteurs de l’union européenne en leur autorisant de faire entorse à leurs obligations écologiques le temps de la canicule.
Le mois dernier, l’Observatoire européen des sécheresses faisait le bilan sur la période de sécheresse qui frappe l’Europe depuis le mois de mai. Celle-ci s’est prolongée jusqu’à début aout, causant de graves problèmes d’affouragement pour les éleveurs et de développement pour certaines productions végétales, en Europe du Nord et Centrale tout particulièrement. Outre les risques d’incendie et les problèmes d’approvisionnement en eau, cette sécheresse était inquiétante pour la production agricole, et particulièrement pour les céréales et le foin, prévenaient les spécialistes.
Il s’agit de la sécheresse la plus grave depuis des dizaines d’années, avec des températures dépassant les 45 degrés en Suède et au Portugal. Aux Pays-Bas, des rivières se sont asséchées et des hectares de cultures, principalement de maïs et de pommes de terre, ont été perdus. Aussi, la Commission européenne a décidé de réagir et de venir en aide aux agriculteurs. Après consultation de plusieurs ministres de l’agriculture, le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, a décidé que les agriculteurs pourront obtenir jusqu’à 70% des paiements directs et 85% des fonds de développement rural d’ici la mi-octobre plutôt qu’en décembre.
« La PAC fournit déjà un filet de sécurité aux agriculteurs confrontés à des événements imprévisibles. J’encourage tous les États membres à mettre en place toutes les mesures possibles au regard de notre législation », a-t-il ajouté. Mais la Commission a également annoncé un cadeau à ces derniers qui n’est pas sans causer de controverse. Pour rappel, la réforme de la Politique agricole commune (PAC) de 2015 oblige les agriculteurs à prendre un certain nombre de mesures favorables à l’environnement sous peine de réduction de leurs aides. Hogan veut suspendre ces obligations de diversification des cultures et des zones écologiques le temps de la canicule pour nourrir le bétail.
« Comme toujours, la Commission est prête à soutenir les agriculteurs touchés par la sécheresse en utilisant un certain nombre d’instruments, notamment des avances plus élevées, des dérogations aux exigences en matière d’écologie et des aides d’État » explique le commissaire. Une décision qui fait ruer les associations de défense de l’environnement. Christiane Huxdorff, responsable de l’agriculture européenne au sein de Greenpeace, a par exemple prévenu que ces exemptions « renforceraient aussi les pratiques d’agriculture intensive qui génèrent le changement climatique et favorisent les sécheresses ».
« Les réserves d’eau sont déjà sous tension à cause de la production de viande et de produits laitiers et de l’agriculture industrielle fondée sur les pesticides, qui limite la diversification », ajoute-t-elle. « Tant que les gouvernements et l’UE refuseront de soutenir les méthodes d’agriculture durable qui n’exacerbent pas le changement climatique et permettent de résister à ses effets, la crise actuelle sera la nouvelle norme. »