En Europe, les champs ont déjà un pied dans le futur. L’agriculture est d’ores et déjà le deuxième marché mondial de la robotique de service professionnelle. En outre, 80 % des agriculteurs s’appuieraient sur Internet pour travailler plus efficacement. De fait, une quantité d’outils facilitent aujourd’hui le travail de nos agriculteurs, allant du développement de logiciels de pilotage automatique plus performants, une meilleure intégration de la météorologie ou des images satellites, des capteurs au sol ou encore des outils de contrôle des cheptels qui permettent de suivre la consommation quotidienne de leurs animaux, leur état de santé et de bien-être.
« L’agriculteur est habitué à changer en permanence ses pratiques culturales dans les champs. Il ne va pas s’embêter avec du gadget, mais si on augmente le rendement dans son champ, si on réduit les phytosanitaires ou les coûts, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il adoptera ça sans problème » prévient Gérald Germain, patron de Carbon Bee & Carbon Bee AgTech, une jeune entreprise française spécialisée dans le développement de solutions d’imagerie agronomique. De fait, ces outils favorisent un travail de précision plus respectueux de l’environnement, où la mécanique et l’Intelligence artificielle permet de réduire le recours aux produits phytosanitaires.
« On voit des travaux agricoles qui sont entièrement automatisés par des petits engins qui vont dans les champs (…). On a une machine qui prend des décisions, qui va aller éventuellement désherber un champ, désherber une parcelle de maraîchage » s’enthousiasme Gérald Germain « Si on n’a plus le droit de mettre un produit chimique dans un champ, ça crée un nouveau problème, et l’apport de l’intelligence artificielle là-dedans permet de contourner l’obstacle ou d’améliorer la situation face à ce manque » note-t-il.
Pour ce dernier, la contrainte née des engagements environnementaux pris pas les Pays européens créé un appel d’air qui renforce le secteur : « C’est vrai qu’en France et en Europe, le fait d’être un peu en avance réglementaire sur ces aspects-là, ça force à innover beaucoup plus que dans certains pays comme les États-Unis ou d’autres régions du monde comme le Brésil par exemple, où finalement le produit phytosanitaire est encore autorisé, et donc les besoins sont déjà couverts par la chimie. » Il s’agirait donc d’un changement de modèle vertueux.
Pourtant, dans les faits, la perception de cette révolution technologique n’est pas toujours positive. « Il y a un vrai défi avec l’IA : comment démontrer que ça marche dans tous les cas, alors qu’on est sur un système qui est hautement complexe, qui va prendre certains bouts de décisions ? C’est là qu’il y a un vrai défi de confiance vis-à-vis du public et vis-à-vis de l’utilisateur : l’agriculteur ». Aussi appartient-il aux pouvoir publics d’expliquer la portée de cette grande révolution, de nature à donner tout son sens à l’expression « développement durable.