Dans une lettre adressée à la Commission Européenne, six états membres ont renouvelé leurs « inquiétudes » liées aux risques potentiels posés par le renouveau de la licence du glyphosate.
Le Vice-Président de la Commission Frans Timmermans et le Commissaire à la santé Vytenis Andriukaitis ont reçu une lettre cosignée par les Ministres de l’agriculture et de l’environnement de France, de Belgique, de Grèce, du Luxembourg, de Slovénie et de Malte. Ces six pays s’opposent une nouvelle fois au recours au glyphosate. Pour rappel, ce dernier a été autorisé en Europe en 1974. Il est depuis devenu l’herbicide le plus utilisé dans le monde.
En novembre dernier, le comité d’appel, constitué d’experts des États membres et de la Commission européenne, a renouvelé l’autorisation de la substance controversée. Cela a été rendu possible par un revirement de dernière minute de l’Allemagne. 18 états membres se sont finalement prononcés en faveur d’un renouvellement, ce qui a permis à l’exécutif européen d’atteindre de justesse la majorité qualifiée nécessaire (65.71%).
Paradoxalement, les législateurs allemands envisagent désormais d’interdite l’usage du produit sur leur territoire. D’après la Ministre de l’environnement allemande Barbara Hendricks, cela est dû au fait que la décision a été prise sans son consentement et en dépit de ses protestations. Le principal syndicat d’agriculteurs allemands, le BDV, est lui en faveur du recours au glyphosate.
Comme de nombreux de ses partisans, ils expliquent qu’une interdiction de l’herbicide n’est tout simplement pas réaliste. Pour Angélique Delahaye, négociatrice du People’s Party à la Commission sur le dossier du glyphosate, « Les états membres ne devrait pas être hypocrites et appeler à un retrait immédiat tout en disant aux agriculteurs de ne pas avoir peur, qu’ils trouveront une solution. »
De fait, des associations d’agriculteur de nombre de pays de l’UE ont mis la Commission sous pression afin que celle-ci ne relance pas ce débat. Ils ont également fait savoir qu’ils envisagent es poursuites judiciaires au cas où la Commission ne tiendrait pas parole. Ils craignent qu’un non renouveau de la licence du glyphosate ne pénalise encore plus leur activité, déjà fragile.
Les agriculteurs européens doivent en effet faire face à une augmentation de leurs frais généraux, et l’abandon de l’herbicide et le recours à un produit re remplacement augmenterait encore davantage leurs dépenses. « Il sera déjà difficile de trouver une alternative en 5 ans. Il en faut généralement 7 ou 10. C’est un long procédé », explique Mme Delahaye.
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