L’impressionnant succès de Huawei dans les pays de l’UE ralentit après des accusations d’espionnage. L’entreprise chinoise pourrait constituer une menace pour la sécurité intérieure d’après l’Australie et les Etats-Unis.
Le leader mondial des télécoms Huawei déploie d’importants efforts pour progresser sur le marché international. L’entreprise chinoise a d’ores et déjà réussi à s’implanter en Europe – son plus grand marché après son pays d’origine. Elle est ainsi devenue le premier fournisseur de technologies de réseau au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne. Elle a également noué de nombreux partenariats avec des opérateurs européens afin de développer les réseaux 5G (Vodafone, Telefónica, Deutsche Telekom, Orange…). Toutefois, des inquiétudes d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois ont compromis les projets de croissance d’Huawei.
La controverse se centre autour d’accusations concernant des éventuelles portes dérobées (backdoors) dans les codes utilisés par Huawei, qui permettraient à Pékin de voler des technologies européennes. Pour Philippe le Corre, ancien haut fonctionnaire devenu enseignant à Harvard, « donner à une entreprise étrangère un large contrôle sur vos flux de données » peut être problématique. De fait, les entreprises et gouvernements européens s’appuient sur des transferts croissants de données – dont certaines sont confidentielles. Voilà pourquoi l’Australie et les Etats-Unis ont refusé à l’entreprise chinoise l’accès à leurs réseaux.
D’un part, le rapport entre l’entreprise et le gouvernement de Pékin est considéré comme trouble par les pays occidentaux. D’autre part, le fondateur – et actuel président – de Huawei, Ren Zhengfen, a passé 10 ans dans le génie militaire chinois. Réagissant à cette proximité, le comité permanent de la Chambre des Représentants américaine a estimé dans un rapport de 2012 que « la Chine a les moyens, l’opportunité et un motif pour utiliser ses entreprises de télécommunications à des fins malveillantes ».
Au fait de ces accusation, Huawei ne se présente plus comme une entreprise Chinoise, mais comme une entreprise internationale. « Nous espérons qu’en étant plus transparents, nous allons pouvoir dépasser ce problème », explique le chef du pôle communication du groupe, Ada Xu. « Nous sommes ouverts à toute enquête car nous n’avons rien à nous reprocher. Nous sommes une entreprise qui fait du business. »
Toutefois, en dépit de son succès international, Huawei s’est retrouvé dans une affaire d’espionnage industriel. L’entreprise américaine T-Mobile l’a en effet poursuivie pour avoir volé des secrets industriels relatifs au fonctionnement d’un automate de test pour téléphone du nom de Tappy. L’entreprise chinoise a rétorqué que T-Mobile n’apportait aucune preuve de nature à caractériser spécifiquement les données dérobées. Après trois ans de procédure, une cour américaine a condamné l’entreprise chinoise, qui a du payer 4,8 millions de dollars de dommages et intérêts.
This post is also available in: EN (EN)