Nous sommes en 2020, le débat vital concernant l’énergie sépare les citoyens, les écologistes, les industriels et les scientifiques. Certains sont convaincus que l’énergie nucléaire doit être abandonnée pour des raisons de sécurité publique et également par manque de ressource à long terme.
En 2025, l’abandon des énergies nucléaires continue à se faire au profit complet des énergies renouvelables. Les énergies renouvelables sont supposées par certains, être en quantité suffisante, suffisamment stables et émettant peu de CO2, pour alimenter l’humanité pour des siècles.
Sous un discours écologiste convaincant les représentants politiques, les énergies renouvelables continuent à être majoritairement développées et avec une préférence de développement des moyens de production telles que l’éolien offshore et le solaire.
Après 2025, on continue à démanteler les centrales nucléaires et fossiles pilotables au grand bonheur des écologistes antinucléaires. Toutes les politiques européennes veulent montrer l’exemple au monde entier, en atteignant une empreinte zéro carbone les premiers. Pour cela, malgré certains doutes historiques venant de pays comme l’Allemagne, les écologistes persistent et signent en disant que les doutes allemands proviennent du fait qu’ils n’ont pas assez d’interconnexions aux réseaux de leurs voisins pour assurer la stabilité et la sécurité d’approvisionnement. Ils argumentent sans cesse en disant que certains pays sont arrivés à avoir une fourniture en électricité stable et pérennisée avec une majorité de productions à l’aide des énergies renouvelables.
Convaincu par les discours écologiques, durant les années 2025 à 2035, les politiques européennes continuent à développer en masse les énergies renouvelables dont les intermittentes dans les terres et en pleine mer.
Ces énergies voient en parallèle l’apparition d’un développement de plus en plus concret des technologies numériques des réseaux électriques et d’un SmartGrid européen équipé de l’intelligence artificielle.
UE, 2035 : première production électrique zéro carbone et zéro nucléaire au Monde
En 2035, dans ce SmartGrid, on retrouve les dernières centrales nucléaires et à fossiles prêtes à être démantelées. Le développement de stockages électriques a pris une grande ampleur en donnant une priorité au stockage hydraulique, à air comprimé et aux batteries.
L’Union Européenne (UE) se conforte, elle est convaincue d’avoir fait les bons choix. Les intelligences artificielles arrivent à prévoir très précisément, les périodes de présence ou d’absence de vents et de soleil par rapport aux besoins des consommateurs. Elle permet de manager en parallèle et en conséquence les différentes réserves de stockage dont principalement les nuits. Grâce à l’intelligence artificielle, ces prédictions sont vues par les écologistes comme la clé de tous les problèmes aux énergies renouvelables. Les défenseurs de l’énergie nucléaire deviennent inaudibles et se taisent dans un silence de plomb!
Avec ces prédictions, tout en ayant toujours les dernières centrales pilotables à fossiles et nucléaires Européennes, les responsables des réseaux européens arrivent à manager les différentes demandes énergétiques! Néanmoins, durant cette période, une augmentation des black-out, par perte de stabilité de fréquence et de tension commence à se faire ressentir. Des milliards d’euros sont à chaque fois déboursés par les producteurs d’électricité pour dédommager les utilisateurs lors de chaque black-out. La facture du consommateur est à chaque fois augmentée légèrement de manière inaperçue pour financer ces dommages. Une politique grandissante de l’effacement très handicapante se met en place pour corriger la situation et diminuer les Black-out.
L’UE, convaincue par les énergies renouvelables, n’imagine pas une seule seconde un retour en arrière. L’UE persiste et continue à dire que ces pertes de stabilité de fréquences et de tension peuvent être corrigées en se reposant encore plus sur l’électronique de puissance et en interconnectant encore plus les réseaux européens avec d’autres réseaux pour apporter une meilleure stabilité.
Et soudain, la State Grid Corporation of China sortit des bois
Pendant toutes ces années, à l’est, la Chine, l’Inde et la Russie avaient observé sournoisement les évolutions énergétiques européennes.
Dans un silence médiatique, depuis les années 2020, contrairement à l’UE, ils avaient décidé de mettre une priorité à l’exploitation de l’énergie nucléaire et la construction de nouvelles centrales.
Le State Grid Corporation of China ayant investi massivement dans des infrastructures numériques a développé son SmartGrid national chinois.
En 2040, l’UE, convaincue que sa politique d’énergie renouvelable est techniquement opérationnelle et pérenne, elle se rapproche de plus en plus des pouvoirs Chinois, Indiens et Russes. Elle veut montrer au monde qu’il y a moyen d’atteindre une production électrique zéro carbone et zéro nucléaire. Pour cela elle veut démontrer que la solidarité énergétique est la pierre angulaire d’une production électrique zéro carbone et renouvelable en prônant un GlobalGrid mondial.
L’UE échange politiquement avec la Chine l’Inde et la Russie pour faire avancer ce GlobalGrid. Les 4 pays y voient une occasion unique pour montrer au monde une forme de solidarité écologique mondiale. Les 4 parties se mettent d’accord. La Chine avait déjà culturellement anticipé cette volonté de solidarité et avait prévu dès les années 2015-2020, plusieurs feeders à haute tension en courant continu sous 800 à 1000 kV aux portes de L’UE.
L’UE prise au piège d’un SuperGrid Eurasien
En 2050, le raccordement du réseau européen au réseau asiatique se réalise. Le raccordement de ces deux grands réseaux fait naître un SuperGrid Eurasien. Les écologistes crient la victoire, les gestionnaires de réseaux voient une diminution du nombre de pertes de stabilité de fréquences et de tension ainsi que les besoins d’effacement. Tout le monde est convaincu, la solidarité énergétique mondiale est la solution pour le développement des énergies renouvelables.
Dans l’euphorie, afin de montrer l’exemple, l’UE décide de lancer une politique de démantèlement de toutes ses dernières centrales nucléaires et fossiles pour être la première nation à produire une énergie électrique zéro carbone et sans nucléaire.
En 2060, les démantèlements s’achèvent, l’UE produit une électricité zéro carbone et zéro nucléaire! Elle avertit le monde de l’exploit technologique pour la planète et le CO2 grâce à la solidarité. Durant toutes ces années, l’Asie a continué le développement en masse de son programme nucléaire.
En 2070, les responsables du SuperGrid asiatique ont leur attention de plus en plus attirée. Les faits sont que les risques de pertes de stabilité de fréquence et de tension suite à des incidents sur le réseau électrique européen devenaient de plus en plus fréquents depuis les années 2050. Dans l’inconscience complète des Européens, ces pertes de stabilité ont chaque fois été compensées par les énormes besoins des réserves primaires et secondaires du réseau nucléaire et des autres centrales pilotables développés par l’Asie. Suite à ce constat, le partenariat du SuperGrid Eurasien devient tendu et les responsables asiatiques souhaitent négocier des compensations financières avec l’UE ou une augmentation de l’effacement européen. Mettant en avant la solidarité énergétique, l’UE refuse et voit les demandes asiatiques infondées et comme une stratégie géopolitique.
L’UE, face aux demandes asiatiques, est confrontée à deux scénarios possibles. Le premier scénario est de céder aux exigences asiatiques de compensations financières ou d’effacement. Le deuxième, c’est de devenir capable de se désolidariser du SuperGrid Eurasien et de retrouver une certaine forme d’indépendance énergétique! Face aux tarifs de vente du kWh asiatique, la facture très élevée d’un retour à une indépendance énergétique européenne décourage l’UE. Le temps écoulé, les compétences pour reconstruire une Union Européenne énergétique à base de nucléaire ont totalement disparu et est donc devenue impossible sans l’achat de nouvelles centrales nucléaires à l’Asie.
En 2080, au même titre que de nombreuses compétences technologiques qu’elle avait dans le passé, l’UE se rend compte de sa nouvelle inconscience historique et elle réalise qu’elle a mal anticipé son futur et qu’elle est devenue vassalisée énergétiquement par l’Asie!