Ce mot est une « tarte à la crème » utilisé à tort et à travers comme étendard par les tenants de l’écologisme pour amplifier son discours catastrophiste.
Cela est sans doute lié au fait que l’évaluation de la biodiversité repose actuellement sur des erreurs méthodologiques.
On peut la définir comme étant la diversité et la variation du vivant, des points de vue spatial et temporel tout en distinguant trois niveaux :
- La biodiversité spécifique qui correspond à la diversité des espèces. Elle est très grande au sein des forêts tropicales et dans les régions sous-marines côtières (récifs coralliens)
- La biodiversité génétique qui correspond à la variabilité intra-spécifique des gènes,
- La diversité écosystémique qui correspond à la diversité des écosystèmes.
Ainsi d’emblée, on voit que l’agriculture et en particulier la monoculture d’une espèce donnée va naturellement contribuer à diminuer globalement la biodiversité par le simple fait que l’on privilégie une seule espèce mais que, par contre, on augmente la biodiversité génétique de cette espèce.
Ainsi, la biodiversité serait tellement menacée actuellement que l’on va droit vers la 6ième extinction massive d’espèces et que nous ne survivrons pas à ces disparitions.
Tout le monde a en tête une phrase, faussement attribuée à A. Einstein d’ailleurs, disant que « si les abeilles disparaissaient, l’homme n’aurait plus que 4 ans à vivre ».
On voit tout de suite la stupidité de cette « prophétie » lorsque l’on sait que la pollinisation des plantes n’est pas assurée par les seules abeilles mais par plus de 200 000 espèces d’insectes mais aussi d’autres animaux (oiseaux, chauve-souris, …).
De plus, les plantes assurant la base de l’alimentation mondiale (les céréales et les légumineuses) sont des plantes qui n’ont besoin ni des insectes ni d’autres animaux, car elles s’autofécondent ! Beaucoup d’autres plantes, moins importantes pondéralement pour notre alimentation, se reproduisent grâce au vent, l’eau, mais aussi par multiplication végétative.
En fait, au cours de l’Evolution, on peut dénombrer une vingtaine d’extinctions massives c’est à dire ayant entraîné la disparition d’une majorité des espèces qui étaient présentes. Mais, à chaque fois, ces extinctions ont permis l’émergence de nouvelles formes de vie, toujours plus diverses et florissantes. Ainsi, ces extinctions laissent la place à d’autres formes vivantes et permettent donc de révéler une grande diversification.
En 1979, Norman Meyer, spécialiste en biodiversité, annonçait la disparition d’1 million d’espèces avant l’an 2000 ! D’autres auteurs, dont Thomas Lovejoy qui introduit le concept de biodiversité dans le monde scientifique prédit en 1980 qu’entre 15 et 20 % des espèces (soit entre 500 000 et 600 000 espèces) de la planète auront disparu de la terre en 20 ans.
Notons tout de suite que ces nombres avancés supposent qu’ils avaient une bonne connaissance du nombre total d’espèces !
Mais, aucune de toutes les prédictions qui ont été faites ne se sont réalisées !
L’évaluation, la mesure de la biodiversité reposent en fait sur des erreurs méthodologiques car :
- On ne sait pas combien d’espèces existent ! Elles sont loin d’avoir été toutes recensées et on ne fait que des prédictions/estimations/suppositions sur d’autres qui pourraient exister. Les experts ont chacun leur estimation (cela va de 1 million à 100 millions) !
- On ne sait pas plus combien d’espèces disparaissent! Dans un écosystème donné défini spatialement et pour une période donnée, on peut sans doute arriver à le savoir, à être plus précis mais on n’a pas non plus la certitude que les espèces que l’on ne retrouverait plus au bout d’un certain temps ne sont pas tout simplement allé occuper une niche écologique ailleurs. La meilleure preuve en est que l’on retrouve fréquemment des espèces que l’on croyait disparues !
Les océans couvrent 75% de la surface terrestre et les espèces marines sont bien moins menacées que les espèces terrestres en raison d’un milieu plus homogène et moins sensible aux variations de l’environnement).
Certains vont jusqu’à dire que certaines espèces non connues ont disparu, c’est sans doute vraisemblable. Mais plus on augmente le nombre d’espèces inconnues, plus on augmente le nombre d’espèces qui vont disparaitre.
- On ne sait pas non plus combien d’espèces apparaissent! A sein d’une même espèce, et en raison des milliers de mutations qui se passent à chaque génération, des modifications génétiques s’installent qui sont le prélude d’une spéciation. Un isolement géographique entraine aussi la création de sous-espèces.
Si une espèce disparait, ce n’est nullement une catastrophe, c’est le lot de toutes les espèces au cours de l’évolution depuis l’apparition de la vie sur terre. Heureusement que les dinosaures et les grands reptiles ont disparu il y a 65 millions d’années. La cohabitation avec l’homme aurait sans doute été difficile. Si elles disparaissent d’ailleurs, c’est bien souvent parce qu’elles ne sont plus adaptées à leur environnement et qu’un nouvel équilibre écologique se réalise au bénéfice soit de nouvelles espèces soit d’autres en place qui étaient en compétition. Dans tous les cas de disparition, on ne constate pas de modifications écologiques catastrophiques.
Il est souvent avancé que des gènes pourraient être perdus. C’est certainement une crainte simpliste. On sait en effet que nous avons de nombreux gènes communs avec tous les organismes (par exemples 33 % avec la levure de boulangerie, 40% avec le cafard, …). Il n’existe pas de gène de l’«hominitude » et, si nous avons 99% de gènes en commun avec le chimpanzé, il est peu probable que le 1% qui n’est pas commun contienne les gènes qui font notre spécificité d’humain. Il y a d’ailleurs plus de différences génétiques intra-humaines qu’entre nos deux Genres.
Autrement dit, il y a un tel foisonnement de la biodiversité que la perte, même de plusieurs espèces, ne gêne en rien les équilibres qui dans tous les cas ne s’établissent que pour des périodes limitées dans les écosystèmes spécifiques et dans l’écosystème global.
Enfin, les énormes progrès des connaissances en biologie permettent de créer de la biodiversité autant que de besoins (synthèse de nouveaux gènes, utilisation de tous les gènes du vivant, adaptation plus rapide aux conditions environnementales, création de nouvelles espèces) compensant les hasards de l’Évolution.
On voit donc que les bases de cette « discipline » sont bien fragiles !
Ce qui est constaté par rapport à ce qui a été recensé du passé, c’est que moins de 1% des organismes se sont éteints au cours des 4 derniers siècles.
734 espèces animales terrestres ont disparues en 5 siècles, soit moins de 2 par an et le plus souvent sur des îles sans conséquences sur l’écologie continentale.
Il n’y a pas eu d’extinction marine au cours des 30 dernières années et bien d’autres exemples pourraient être cités.
En revanche, le réel problème n’est pas celui de la biodiversité mais celui de la diminution du nombre d’individus au sein de certaines populations (défaunation) pour certaines espèces et notamment celles que surexploitent l’homme dans le milieu naturel. Cependant, l’Homme en a pris conscience et a augmenté le nombre de parcs naturels et la protection de sites, effectue maintenant une gestion durable des forêts, etc. afin d’enrayer ces diminutions de populations.
En conclusion et comme le dit si bien Hervé le Guyader, professeur de biologie évolutive à l’université, la sixième extinction massive relève non de la science mais de l’idéologie.
Bonjour,
Veuillez trouver ci-joint mes commentaires insérés dans l’article en question.
Pour tout dire, le contenu de cet article est, en résumé, bourré d’erreurs, d’approximations, de contresens, au point qu’on se demande s’il ne s’agit pas d’un canular.
Dire que l’évaluation de la biodiversité est méthodologiquement erronée, c’est balayer d’un revers de main toutes les publications scientifiques ! qu’est-ce qui permet à ce monsieur de l’affirmer ?
En passant, diversité spécifique, il vaudrait mieux dire taxonomique, la notion d’espèce étant aujourd’hui complexifiée.
Sur le plan agricole, la monoculture ne revient pas à une augmentation génétique – il y a souvent appauvrissement génétique par sélection.
Les abeilles au sens large correspondent à de très nombreuses espèces, de plus ce sont tous les groupes d’ insectes qui sont actuellement en déclin (voir la publication récente dans Biological Conservation).
La prétendue indépendance des cultures (légumineuses par exemple) vis-à-vis des pollinisateurs : faux pour la majorité des légumineuses.
Les extinctions de masse au cours de l’histoire de la terre : les scientifiques s’accordent sur 5 ce qui n’est déjà pas mal
L’explosion de la vie après chaque extinction massive : elle s’opère sur des millions d’années et pas en un ou deux siècles.
« aucune de toutes les prédictions (d’extinction) » ne se serait réalisée. Le sait-on réellement ? quels groupes taxonomiques étaient pris en considération ?
« On ne sait pas combien d’espèces existent ! » : Les prédictions se basent sur des extrapolations à partir des groupes les mieux connus, ce qui, certes, n’est pas certain, mais tout de même assez réaliste
Concernant ce qui est dit des disparitions d’espèces, les affirmations de Mr Joudrier comportent au moins trois erreurs grossières : 1) la disparition d’une espèce est relative à son territoire de vie (l’étendue spatiale qui correspond à ses exigences écologiques) donc elle n’a pas pu aller ailleurs…2) la notion de niche écologique ne doit pas être confondue avec la répartition spatiale ; 3) on ne retrouve pas fréquemment des espèces que l’on croyait disparues, c’est faux. Cela reste exceptionnel et ne remet aucunement en cause la tendance générale.
La soi-disant moindre difficulté de la biodiversité marine : c’est faire peu de cas des récifs coralliens, de la désoxygénation des eaux sur de vastes surfaces et de la sensibilité avérée des espèces marines à la température.
Quant aux espèces qui apparaissent, c’est un processus très lent (à l’échelle du millénaire ou de dizaines de millénaires, même pas une par siècle si l’on s’intéresse aux plantes vasculaires et à la macrofaune) qui n’a aucune commune mesure avec le rythme actuel de diminution des populations et d’extinction locale des dites populations.
Se référer à l’extinction des dinosaures pour expliquer que le monde vivant continue, c’est là encore, faire une grave erreur en ce qui concerne l’échelle de temps, car une fois l’équilibre rompu suite à la chute d’une météorite, il a fallu des dizaines de milliers d’années sur la terre et même des millions d’années pour reconstituer une diversité biologique, comme en témoignent clairement les archives paléontologiques.
…Et si ce n’est pas une catastrophe au sens strict pour la planète ça peut en être une pour l’humanité.
Prétendre reconstituer ou conserver avec des techniques de génie génétique la diversité des gènes du vivant, c’est confondre les « copies » trafiquées de notre ingénierie génétique avec les processus de l’évolution biologique. C’est le « pack » génétique et épigénétique que porte l’espèce qui est unique, ces gènes sont en interaction et accompagnés de toute une cascade de gènes régulateurs spécifiques, et que l’homme ne peut prétendre à ce jour reconstituer lorsqu’une espèce disparaît. Nous ne créons actuellement rien, nous ne pouvons que réarranger ou simplifier, dans une mesure limitée, et en aucune façon reproduire l’évolution qui, encore une fois, prend des dizaines de milliers d’années.
« Autrement dit, il y a un tel foisonnement de la biodiversité que la perte, même de plusieurs espèces, ne gêne en rien les équilibres qui dans tous les cas ne s’établissent que pour des périodes limitées dans les écosystèmes spécifiques et dans l’écosystème global. » : phrase totalement dépourvue de sens. Le foisonnement est très lent, les équilibres s’établissent sur des millénaires, et changent très lentement avec l’environnement, sauf donc si ces changements sont trop rapides pour les potentialités adaptatives, auquel cas il y a déséquilibre puis rupture et désorganisation des écosystèmes. Les « périodes limitées » couvrent donc, au sens de variations significatives, des siècles voire des millénaires. Alors que nous impactons massivement le monde vivant à l’échelle de décennies.
En termes de bilan d’extinctions, c’est l’accélération d’extinction qu’il faut prendre en compte et pas seulement une valeur « moyennée » sur des siècles.
Michel DANAIS (ingénieur écologue, Dr en écologie végétale)