
La revue Science a publié le 22 Juillet 2022 une étude de chercheurs chinois affiliés à l’Académie chinoise des sciences agricoles, ouvrant de nouvelles perspectives pour la production agricole et la sécurité alimentaire.
Des grains de riz plus gros et plus nombreux
Ces chercheurs ont passé au peigne fin 118 gènes de riz et de maïs, qui codent pour des protéines appelées facteurs de transcription, c’est-à-dire qui contrôlent l’expression d’autres gènes. Ils ont ensuite cherché à savoir si certains de ces gènes sont activés quand le riz est cultivé dans un sol à faible teneur en azote, ce qui indiquerait que ces gènes pourraient stimuler l’absorption du nutriment (afin de combler la déficience, un mécanisme classique de la physiologie des plantes). L’équipe a ainsi identifié 13 gènes qui s’activaient lorsque les plants de riz étaient cultivés dans un sol pauvre en azote ; cinq ont entraîné une multiplication par quatre ou plus de l’absorption d’azote. Ils ont inséré une copie supplémentaire de l’un des gènes, connu sous le nom d’OsDREB1C.
Ces plants de riz modifiés présentaient à la fois des grains plus gros et plus nombreux (jusqu’à 40 % de grains en plus) par rapport aux témoins non-modifiés. Les rendements de riz ont été augmentés de 41 à 68 % suivant les lieux et le climat (de tempéré à tropical). Des résultats préliminaires indiquent le même type de résultat chez le blé.
Depuis leur lancement en 1996, les OGM ont été utilisés dans 70 grands pays agricoles (non européens) sur une surface cumulée de 3 milliards d’hectares (17 fois la superficie de l’UE) et visaient essentiellement à protéger les rendements contre les parasites (insectes, champignons, virus) ou la concurrence des mauvaises herbes. Plus récemment, des plantes tolérantes à la salinité ou à la sécheresse ont été créées pour répondre au défi climatique. L’un des projets les plus avancés, WEMA (Water Efficient Maize for Africa), développé en Afrique depuis 2008 a permis la mise au point d’un maïs, à la fois, tolérant à la sécheresse, résistant à la pyrale et à la chenille légionnaire. Dans le domaine sanitaire, après d’interminables polémiques, le “riz doré” enrichi en bêta-carotène a été autorisé aux Philippines en 2021 pour la culture et la consommation et devrait permettre de lutter efficacement contre le déficit en vitamine A et la cécité infantile.
Si les résultats expérimentaux sont confirmés, l’arrivée de plantes au potentiel de rendement amélioré constitue une avancée spectaculaire qui devrait changer la donne au niveau mondial sur le plan de la sécurité alimentaire.
Le fossé continue à se creuser entre l’Europe et le reste du monde
Quant à l’Europe, sans aucune rationalité scientifique, elle reste hostile aux OGM et n’a toujours pas pris de décision concernant les nouvelles biotechnologies comme l’édition génomique et notamment le CRISPR/Cas9, dont l’invention a valu le prix Nobel de chimie 2020 à la française Emmanuelle Charpentier et à l’américaine Jennifer Doudna. Cette révolution génétique ouvre pourtant d’intéressantes perspectives dans divers domaines comme la santé et l’agriculture, ce qui n’a pas échappé aux USA et à la Chine qui détiennent 80% des brevets.
Le dénigrement des OGM est tel que le “sans OGM” mentionné sur de très nombreux produits alimentaires est devenu un marqueur de qualité et de sécurité sanitaire ! En même temps, pour se protéger du Covid19, la population accepte le vaccin à ARN messager élaboré par des sociétés pharmaceutiques américaines misant sur les biotechnologies !
Une fois de plus la France et l’Union européenne réticentes à l’innovation agricole, repliées derrière le principe de précaution et cédant à l’écologie politique la plus dogmatique se trouvent exclues des acteurs qui participent aux grandes avancées technologiques mondiales.
Un obscurantisme d’Etat, rarement dénoncé, qui empêche la recherche agronomique française d’utiliser des méthodes tout à fait classiques en biologie moléculaire et en transgénèse végétale et qui prive les agriculteurs français et européens des progrès significatifs en amélioration génétique des plantes.
Référence : https://www.science.org/doi/10.1126/science.abi8455
Le Collectif Science-Technologies-Actions (STA) composé de chercheurs, ingénieurs, médecins, enseignants et autres citoyens consternés par la marginalisation de la Science et les attaques incessantes contre les technologies innovantes, a pour but de faire entendre la voix de la raison, de l’approche scientifique et du progrès, notamment auprès des décideurs et des médias.
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