Pour la production électrique, l’Allemagne est LE pays qu’on nous présente toujours comme LA référence écolo. L’Allemagne dicte d’ailleurs son idéologie à la Commission Européenne qui se traduit par des directives européennes orientées.
Il y a une différence notable entre être écolo et être écologiste. La différence se situe entre idéo-logique et éco-logique. La différence se situe sur la croisade antinucléaire que suit un écolo et la croisade contre le réchauffement climatique que suit un écologiste. La différence se situe entre l’arrêt du nucléaire bas carbone et son remplacement par un mix hautement carboné, ENR/gaz/charbon, et le remplacement des énergies fossiles par un mix nucléaire/hydraulique pilotable et bas carbone en même temps comme la France l’a fait dans les années 1980-1990. Et ça se voit sur la comparaison des émissions de CO2 par pays européen.
Sur les réseaux sociaux circule ce graphique qui donne les émissions de CO2 en 2022 par pays européen en gramme de CO2/kWh. Mais ce ne sont pas les grammes de CO2 émis par kWh qui contribuent au réchauffement climatique mais bel et bien les millions de tonnes de CO2 en quantité.
Oui ! Vous avez bien lu, les millions de tonnes de CO2 émis pour la production d’électricité.
Même avec un parc installé d’ENR colossal 127GW, soit 4 fois plus que la France, l’Allemagne est toujours le plus gros émetteur de CO2 européen et de très loin, même devant la Pologne. Pour faire parler ce graphique en grammes de CO2/kWh, il faut prendre la moyenne des émissions en grammes de CO2/kWh(*) et la multiplier par l’énergie électrique produite en GWh. On obtient alors la quantité de CO2 émise. Comme le graphique établit une énergie sur un intervalle de temps d’une heure, le calcul donnera donc une quantité de CO2 en tonnes de CO2 émis par heure.
En 2022, l’Allemagne a émis 25 650 tonnes de CO2 par heure(1) contre 14 625 tonnes de CO2 par heure(2) pour la Pologne, soit 1,8 fois plus. Ramené à l’année, l’Allemagne a émis 225 millions de tonnes de CO2(3) pour sa seule production d’électricité.
L’Allemagne est aussi présentée comme étant dans une dynamique de transition énergétique, de manière à minimiser ses résultats d’émission de CO2. Regardons alors si les émissions de CO2 ont diminué entre 2021 et 2022. Eh bien non ! En 2021, l’Allemagne émettait 24 000 tonnes de CO2/h.
Le raisonnement est simple. Plus on arrête le nucléaire pilotable et bas carbone (4g CO2/kWh) et plus on construit d’ENR aléatoirement intermittentes, plus on a recours aux énergies fossiles gaz (418g CO2/kWh) et charbon (1050g CO2/kWh) (4).
La Pologne l’a d’ailleurs compris puisque fin 2022, elle a passé des contrats avec les Etats Unis d’Amérique pour la construction de centrales nucléaires. S’étant détourné de l’énergie nucléaire depuis deux quinquennats et 9 mois, l’état français ne pouvait pas constituer une garantie suffisante aux yeux de la Pologne.
L’idéologie allemande Energiewende, nous montre d’année en année que le mur se rapproche. Les émissions de CO2 sont toujours plus élevées chaque année. Avec des énergies aléatoirement intermittentes, le service au public est transformé en organisation de la pénurie, avec des risques de coupures tournantes. Et pour couronner le tout, l’indexation du prix du MWh sur le prix du gaz entraînent une récession sans précédent de l’activité des entreprises ne pouvant plus payer les factures d’électricité.
On ne peut plus attendre le sursaut de lucidité des politiques européens au pouvoir empêtrés dans leur idéologie. Seuls les citoyens peuvent changer la donne en faisant entendre leur voix pour changer de voie. C’est une question d’écologie, de satisfaction des besoins vitaux, de service au public donc, d’économie et d’indépendance énergétique, économique et géopolitique. Néanmoins, on ne rattrapera pas 10 ans d’idéologie d’un claquement de doigt. La facture écologique, économique, sociale sera lourde.
(1) 450 tonnes CO2/GWh x 57GWh = 25 650 tonnes de CO2/h
(2) 750 tonnes CO2/GWh x 19,5GWh = 14 625 tonnes de CO2/h
(3) 25 650 tonnes de CO2/h x 24h x 365 jours = 225 millions de tonnes de CO2 en 2022.
(4) Impact carbone des moyens de production selon l’ADEME
(*) Il convient aussi de convertir les g CO2/kWh. 1 g CO2/kWh = 1 tonne CO2/GWh.
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Très bon article, si je peux me permettre 3 remarques :
1- Je pense que prendre le chiffre de 4g pour le nucléaire donné par EDF n’apporte pas grand chose par rapport à celui, moins contesté, de l’ADEME soit 6g (le faire réviser ?)
2- Expliquer le graphique un point par jour (CO2 Puissance électrique produite), couleur selon pays
3-Faire apparaitre le problème de l’éolien en comparaison avec le nucléaire, stable, pilotable
j’ai extrait une courbe simple de l’éolien décembre France
Comment comble-t-on les « vides » des fluctuations = en gros manque d’électricité que ne dirait-on pas si c’était la courbe de la production nucléaire PAR PANNES des installations c’est pourtant cela pour l’éolien