Alors que le président Macron vient de dévoiler le plan écologie, que les technocrates de l’Union européenne ont facilement recours au planisme via le Green Deal, F2F ou encore Nature Restauration Law, pour ne citer que les plus connus, il est plus que jamais essentiel de s’interroger sur la planification au service de l’industrie. C’est tout le sens de cette interview de Maurice Allègre au sujet de son livre Souveraineté technologique française, Abandons & reconquête paru chez VA éditions (1). Ce haut fonctionnaire (X, mines Paris, pétrole, droit) revient sur le fameux Plan Calcul. A l’époque en poste de Délégué à l’informatique, il avait pour objectif la création d’une industrie française dans le secteur de l’informatique. Il nous raconte cette histoire mouvementée et en tire les leçons pour une politique industrielle.
The Europeanscientist : Votre livre revient sur l’historique du plan calcul. Pouvez-vous nous rappeler en quelques lignes en quoi consistait ce projet et quel fut votre rôle ?
Maurice Allègre : Cela venait de l’idée que l’informatique était quelque chose de nouveau et de très important pour l’avenir. Il fallait que la France et l’Europe soient performantes sur ce sujet pour lequel rien n’existait face à l’ogre IBM – big blue. On voyait que les USA étaient leaders. On imaginait déjà à l’époque que la France ne pourrait rester seule et qu’il faudrait un accord à l’échelle européenne pour avoir la taille indispensable. Le Général de Gaulle avait pris les choses en main et voulait lancer une opération de politique industrielle dans laquelle l’Etat fournirait à l’opérateur industriel un aide durable dans le long terme pour lui permettre d’atteindre l’objectif fixé : exister sur le plan mondial tout en étant rentable.
Mais le problème était que, pour l’informatique, on partait quasiment de zéro. Si on compare avec les autres grands programmes, l’aéronautique, par exemple, s’appuyait sur plusieurs sociétés, il y avait déjà dans ce secteur nombre d’entreprises technologiquement fortes, dont certaines existaient depuis le début du siècle. Quand on a lancé le TGV on s’appuyait sur la Sncf, etc.
Là au contraire, avec le Plan Calcul, la base de départ en France était presque inexistante : industrie microscopique (Giscard venait d’autoriser la reprise de Bull par l’américain General Electric !) et technologie dont le très important potentiel était très loin d’être reconnu.
Il fallait des industriels décidés à bien s’entendre et à soutenir vigoureusement leur filiale commune CII sur un parcours long et très difficile. Ce fut en réalité l’inverse et les manœuvres tortueuses de l’un des deux actionnaires principaux de la CII (la CGE présidée par le tout- puissant Ambroise Roux, qui en fait ne pensait qu’à nuire à son partenaire actionnaire, Thomson présidée par Paul Richard) ont créé les prétextes permettant de justifier la décision de Giscard d’interrompre en 1974 le Plan Calcul alors qu’il était au contraire en train de réussir : nous venions en effet de créer en 1973 UNIDATA, embryon d’Airbus de l’informatique associant Siemens , Philips et le champion français CII ; avec un financement pérenne par les deux gouvernements français et allemand.
Pour piloter tout cela, fut créé en 1966 le poste de Délégué à l’informatique, qui réunissait autour de lui une petite « administration de mission » comportant une quarantaine de personnes ultra motivées que j’ai eu l’honneur de diriger de 1968 à1974.
Pour votre gouverne, j’étais à ce moment de ma carrière au cabinet du Ministre de Finances, d’abord chez Giscard – qui n’a jamais réellement compris l’intérêt primordial pour un pays d’avoir un secteur industriel développé et compétitif – puis Michel Debré – qui était au contraire très motivé par le souci du bien public et de l’avenir de notre pays. ll fut d’ailleurs un élément très moteur dans la phase de gestation et de mise en place de ce que les journalistes ont vite baptisé PLAN CALCUL. Quant à moi, j’avais bien entendu fait activement partie des happy few qui avaient pendant la période de gestation sonné l’alarme sur le caractère éminemment stratégique de l’informatique.
Je fais ici une parenthèse afin de souligner à quel point il est essentiel d’avoir des hommes politiques qui soient de vrais « hommes d’Etat » de bonne foi et convaincus, soucieux de l’intérêt général et sachant raisonner sur le long terme malgré la brièveté de leur mandat.
TES. : Selon vous, la fin du Plan Calcul a en partie une origine politique
M.A. : Comme je l’explique dans mon livre, tant que nous avons eu le soutien de Pompidou qui voulait une France industrielle, ça a marché. Quand Giscard a pris le pouvoir nous avons perdu tout soutien public ; il devenait pour l’Etat incongru d’intervenir. La CGE, en guerre ouverte contre Thomson, eut une conduite inadmissible pour un groupe qui vivait par ailleurs largement des subsides de l’Etat. Afin d’affaiblir Thomson pour mieux l’avaler, il lui fallait déstabiliser le Président Richard et pour cela torpiller la CII dont Thomson avait la supervision. Le ver était dans le fruit. Ce fut une erreur de notre part de ne pas nous rendre compte à quel point ces deux grands groupes industriels étaient faits pour ne pas s’entendre.
Un obstacle supplémentaire venait aussi d’un mal très répandu à cette époque dans l’industrie française, le manque de vison stratégique à long terme. Il est clair que les grands électroniciens de notre pays n’avaient pas compris tous les enjeux. Par exemple les deux groupes avaient des filiales qui faisaient des composants électroniques analogiques (pour la télévision) et quand je leur expliquais que l’avenir, c’était les composants électroniques numériques, ils me riaient au nez et préféraient utiliser le germanium substrat obsolète mais profitable plutôt que le silicium, substrat de l’avenir mais plus onéreux …. La délégation a lancé le premier « plan composants électroniques numériques » qui fut un succès mais n’eut pas de successeur. Le dossier nous avait en effet été enlevé pour d’obscures raisons de compétence administrative au profit d’une direction de son ministère par un Ministre de l’industrie qui préférait son pré carré administratif à la logique de la compétitivité à long terme !
Je me suis toujours demandé comment j’avais fait pour survivre pendant six ans dans cette ambiance mouvementée où l’on entendait souvent passer le vent des boulets tirés par les canons braqués sur nous !
TES. : Et pourtant encore aujourd’hui vous pensez que le projet faisait sens
M.A. : Je maintiens que l’idée de départ était la bonne, car avec UNIDATA nous avions commencé à créer le véhicule propre à faire décoller l’informatique européenne. Avec les Allemands, on pouvait financer un vrai plan calcul européen quand Giscard l’a détruit d’un trait de plume…. Le plan calcul a été saboté, il n’a pas échoué, même s’il aurait dû être financé encore un bon bout de temps avant d’être rentable.
Au lieu d’appuyer sur l’accélérateur, l’Etat a préféré trahir son engagement de soutien à long terme, tout arrêter et « fourguer » la CII à Honeywell-Bull (HB) en proclamant après de très savants camouflages que HB était une entreprise française. La suite a montré qu’elle n’était qu’une filiale très étroitement contrôlée par Honeywell et qui n’a cessé de régresser.
Dès la mort du Président Pompidou, l’opération avait été négociée dans le plus grand secret avec l’américain Honeywell par le binôme CGE/Ministère de l’Industrie avec l’assentiment de l’Elysée. Le coup avait été monté totalement à l’insu des responsables du Plan Calcul : Richard, CII, partenaire allemand, Délégué à l’informatique ! il ne restait plus qu’à supprimer le poste du Délégué à l’informatique devenu aussi gênant qu’inutile. Ce qui fut fait en septembre 1974, marquant la mort du Plan Calcul et obérant gravement l’avenir de l’informatique européenne. La presse ne s’y est pas trompée en titrant « Giscard a choisi la solution américaine » qui aboutit finalement à un retentissant et coûteux fiasco.
HB commençait en effet une longue descente aux enfers de plusieurs dizaines d’années tout en continuant à bénéficier très longtemps, contrairement aux engagements pris, d’une très généreuse aide de l’Etat, probablement supérieure à ce qu’aurait coûté UNIDATA. Une dizaine d’années plus tard, Honeywell a jeté l’éponge dans le domaine informatique.
On peut dire qu’au lieu de financer la naissance de l’industrie française et européenne, l’Etat français avait préféré financer, qui plus est sans succès, la sortie peu glorieuse de l’américain censé nous expliquer comment contrer IBM ! une très belle opération de gribouille.
La France venait encore de démontrer qu’elle était une championne dans son sport favori : se tirer une balle dans le pied. Elle l’est malheureusement restée, cf. le gâchis nucléaire.
TES. : Quelles leçons tirez-vous avec le recul des années ?
M.A. : La sélection par l’Etat en étroite collaboration avec les industriels des secteurs qui vont être critiques pour le développement futur, pour la technologie, pour la compétitivité.… Dans ces domaines il faut que l’Etat puisse dire aux industriels non pas « ce qu’ils doivent faire » mais« je veux vous aider » et suis prêt à intervenir avec de gros moyens. Or, pendant ces décennies noires de démantèlement industriel, le mot même de « politique industrielle » a été complètement banni… c’était devenu sous Giscard et dans les années qui ont suivi un mot complètement ringard. Entre nous, on peut dire que Giscard, qui avait fait successivement l’’Ecole Polytechnique puis l’ENA était resté beaucoup plus « ENA et financier » que « X au sens ingénieur ».
Regardez ce qu’ont fait les autres pays. Prenez l’exemple des Japonais et de leur MITI (ministère de l’industrie et du commerce), à l’origine du développement formidable de leur pays. Ils faisaient de la politique industrielle. Ils prenaient un secteur puis sélectionnaient les meilleurs et les obligeaient à collaborer, enfin ils choisissaient de développer ou non la technologie cible.
TES. : Pensez-vous que si le plan calcul avait fonctionné on aurait pu avoir une industrie informatique en France et en Europe ?
M.A. : Il est difficile de prédire ce qu’il se serait passé. Nous étions partis sur la même volonté qu’Airbus, mais avec une base qui n’était pas à la hauteur et ensuite avec une volonté politique qui s’est complètement reniée mais nous pouvions réussir dans le long terme. Notez que les Allemands nous en ont voulu pendant des années. Je maintiens une fois de plus que la méthode était la bonne et qu’il fallait procéder de la sorte. Je vous ai cité le Miti, il faut aussi parler des Américains et de leur réactivité légendaire. Ce sont en fait des interventionnistes. Ils n’hésitent pas à mettre des droits de douane quand cela peut servir leur industrie. Le libéralisme pur et dur c’est une invention anglaise. Et pourtant je vous dis cela alors que je me considère comme un libéral et pas du tout comme un dirigiste bien qu’ayant fait carrière dans l’administration. Regardez l’IRA de Biden, c’est remarquable. Et ces agences légendaires, telles que la DARPA ou l’équivalent pour les Biotechnologies ; ils n’ont pas honte de faire collaborer public et privé et ont financé de grands programmes mixtes. On l’a vu encore dernièrement avec le financement du vaccin ARN-m.
A l’ époque, il était impossible en France de faire collaborer université et industrie. C’était considéré comme impur par les gens du CNRS. On n’admettait pas le « pilotage par l’aval » de la recherche. La preuve, le premier contrat entre Thomson et un laboratoire universitaire aux alentours des années 80 a suscité l’ire et la révolte du milieu scientifique. La collaboration entre l’Etat et le secteur privé fonctionnait dans tous les autres pays mais chez nous, elle avait un bon demi-siècle de retard ! Aujourd’hui, heureusement, les choses ont évolué mais il reste encore beaucoup à faire.
TES. : Hayek distingue le planisme d’un Etat libéral, qui se contente de définir « le cadre permanent le plus rationnel à l’intérieur duquel les individus se livreraient à leurs activités conformément à leurs plans personnels » et les planistes qui exigent une « direction centralisée de toute l’activité économique conformément à un plan unique, exposant comment les ressources de la société doivent être consciemment dirigées » D’après-vous y-a-t-il un bon planisme d’état et comment le définiriez-vous ?
M.A. : « Le gagnant prend tout » mais il faut le canaliser, il faut un cadre pour éviter les excès. Hayek a raison sur le fond. N’oublions pas qu’il parlait des pays de l’Est soumis à l’époque au planisme soviétique qui a démontré sans ambiguïté que l’économie de répartition, ça ne marche pas..
Il est essentiel d’avoir une politique favorisant le développement d’une industrie compétitive afin d’équilibrer correctement les échanges extérieurs. On ne peut vivre uniquement de services, comme on l’a cru trop longtemps.
TES. : Répondant à une interview donnée à Antenne 2 en 1984 Steve Jobs (2) encourageait les sociétés privées de logiciel européennes à prendre davantage de risque et dénonçait le manque de culture du risque en Europe. Il disait également que l’innovation est rarement faite par de grandes entreprises et par l’Etat. Qu’en pensez-vous ?
M.A. : Steve Jobs avait totalement raison et je m’en étais aperçu à mes dépens. J’ai essayé à l »époque de faire naitre une industrie péri-informatique autour de la CII pour y créer des petits ordinateurs et des périphériques. Je n’ai jamais trouvé de prétendants sérieux. J’ai voulu créer une Silicon Valley française. Quand je vois la French tech aujourd’hui, je suis un peu rassuré.
J’ai parcouru l’Amérique et ai pu observer le dynamisme US en général et particulièrement celui des start-up nées dans les garages. N’oublions pas qu’il nous manquait aussi l’argent des financements à risque. Les financeurs jouaient su r des masses financières bien plus faibles et n’avaient pas l’esprit industriel des américains. Il nous faut maintenant les rattraper.
TES. : Dans les années 60 l’Etat français a lancé de nombreux plans en faveur de l’industrie dont plusieurs ont réussi, le plus connu est le plan Messmer. Qu’est-ce qui selon-vous a fait son succès ?
M.A. : Il vaut mieux partir de quelque chose d’existant. De Gaulle a créé très vite le CEA, puis L’industrie atomique s’est développée très rapidement après-guerre. Le Général et Pompidou y croyaient. Il y avait des gens qui avaient une vision du long terme et qui cherchaient à optimiser leur action pour le pays. C’est ainsi que Messmer a pu lancer dès 1973 un très courageux plan de construction en série de centrales nucléaires.
Quand on se moque des américains qui ne réfléchiraient qu’à court terme sous la dictature des fameux rapports semestriels, on se trompe lourdement car les américains savent très bien réfléchir à long terme et ne s’en privent pas. Nous on ne réfléchissait à rien du tout. Il y avait pourtant le Plan et dans celui-ci, la COPEP (commission permanente de l’électronique du plan) qui joua un rôle important dans la phase de conception du Plan Calcul et que je présidais ensuite en qualité de Délégué. Elle demeura un très utile lieu de réflexion et d’échange. Toutefois, je me souviens des sarcasmes et des marques d’incrédulité que déclencha la présentation de notre rapport sur l’électronique automobile (notion inconnue à l’époque) : Il y a 50 ans tout rond, nous avions osé annoncer qu’un jour, l’électronique envahirait l’automobile au point d’en représenter le plus haut poste de coûts. Les constructeurs automobiles n’y ont vu aucun intérêt. Chez nous, il ne faut pas avoir raison trop tôt.
Il n’est pas question d’entreprendre une planification à la Soviétique. Il faut prendre en compte réflexion, détermination par le dialogue des objectifs principaux etc.
J’ai été l’élève du prix Nobel d’économie Maurice Allais, chantre du libéralisme. Il disait que même dans un régime très libéral, il fallait faire un peu de protectionnisme pour renforcer certains secteurs stratégiques, à condition de ne pas le faire éternellement.
Notons qu’à l’époque, les ingénieurs avaient encore leur mot à dire ! L’atome, le pétrole, l’aéronautique … Les grands programmes ont réussi grâce à la vista de ces ingénieurs hors pair, ces « grands commis de l’Etat » à qui la république doit tant mais dont la race parait aujourd’hui malheureusement tarie. Il serait temps de les ressusciter pour mettre de l’ordre dans les grands changements qui s’annoncent.
TES. : Emmanuel Macron vient de lancer un plan écologie qu’en pensez-vous ? De la même manière comment jugez-vous le planisme de l’UE (Green Deal, F2F, Nature Restauration Law…) ?
M.A. : La politique européenne a été jusqu’ici catastrophique par son jusqu’auboutisme idéologique. Je me réjouis que les Anglais et leurs idées perverses car trop sommaires aient quitté l’Union. Ils n’ont jamais voulu d’Europe, ils voulaient un marché européen mais pas de projet politique.
Macron semble vouloir remettre l’industrie au goût du jour et en profiter pour rebâtir une industrie verte. Oui mais avec quel financement et quelques questions de base : les coûts cachés (exemple de l’intermittence des renouvelables) ont-ils été correctement pris en compte ? les prix de revient annoncés sont-ils crédibles ? etc. Je connais très mal ce plan « écologie », n’en ayant pas encore pris connaissance.
TES. : Comment bien articuler le souverainisme industriel et la liberté du marché ?
M.A. : Il faut que l’Etat assure de bonnes conditions pour que les entreprises puissent vivre et prendre librement leurs décisions sans être assommées avec des taxes et des législations trop nombreuses et contraignantes. C’est toutefois une condition nécessaire mais non suffisante, car vous engendrez des tensions sociales ou industrielles qu’il faut traiter. il faut des mécanismes d’aide à l’industrie dans des secteurs où la compétitivité est essentielle. Cela peut se passer au niveau de l’Etat ou au niveau de l’Europe. Il faut aussi redonner le goût de l’industrie aux jeunes et apprendre à nos enseignants à promouvoir l’industrie au lieu de la critiquer…. On a un demi-siècle de retard, même si le président actuel semble à juste titre très volontaire pour rattraper ce retard.
TES. : Dans votre ouvrage vous proposez des solutions pour développer l’industrie des TIC au niveau français et européen. Pouvez-vous nous en détailler quelques unes ?
M.A. : La transition numérique et l’électrification sont les deux chantiers industriels essentiels qu’il nous faut absolument réussir. Je développe largement ces deux points dans la deuxième partie de mon ouvrage en proposant des solutions très concrètes, y compris sur le secteur de l’électrification… je connais l’industrie nucléaire pour avoir présidé pendant 5 ans l’ANDRA organisme chargé des déchets radioactifs. Je peux vous dire que nous avons à Bures en Moselle le meilleur stockage souterrain du monde pour y accueillir les déchets à vie longue.
TES. : Que pensez-vous des innovations récentes de l’IA de type LLM ? Que peut faire l’UE pour ne pas se laisser entièrement submerger ?
M.A. : Je pense que le plus gros danger pourrait venir d’IA qui auraient été intentionnellement « mal éduquées » au profit d’une idéologie extrémiste ou d’actions de désinformation de quelque nature que ce soit. Comme il sera de plus en plus difficile de faire la différence entre ce qui vient d’un humain et ce qui vient d’une machine on aura du mal à faire le tri entre la vraie information et les fake news. Cela pourrait provoquer une déstructuration de la société.
Quoiqu’il en soit, le développement de l’IA – qui n’est pas autre chose que le plus récent perfectionnement de l’informatique – est inéluctable et l’Europe doit être présente.
Nous avons de bons scientifiques dans ce domaine mais le virage industriel est comme d’habitude en retard et doit faire l’objet d’une politique industrielle musclée.
TES. : Comment l’UE peut-elle encore exister sur le plan industriel entre ces deux géants que sont les USA et la Chine ?
M.A. : Dans le monde, vous n’existez que si vous avez une économie florissante. Et pour cela il ne faut pas seulement des services mais surtout une industrie compétitive. Quand cette industrie n’existe pas il faut l’aider à exister ou à se reprendre. Aujourd’hui, l’Europe a pris conscience de sa naïveté et du désastre industriel qui en est résulté sous l’influence des idées trop ultra libérales en provenance du Royaume uni. Il lui faut lancer très rapidement un ensemble de politiques industrielles efficaces. Cela parait bien parti mais la mise en place est encore trop lente.
Souhaitons une pleine réussite à ces projets. Il n’y a pas d’autre voie.
Voici la leçon que je tire de mon expérience.
(1) https://www.va-editions.fr/souverainete-technologique-francaise-c2x36668095
Image par Pete Linforth de Pixabay
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