Elections européennes 2019 : la science en question
Dans le cadre des élections européennes European Scientist vous propose un tour d’horizon des experts de différents pays sur différents sujets concernant la science et la politique scientifique en Europe, afin de prodiguer un état des lieux et une analyse, utile pour la prochaine commission.
ES : Quel bilan tirez-vous de la politique énergétique en Europe ? Quels sont les grands achèvements de la commission sortante ?
Le plus grand succès de la commission sortante est d’avoir développé une politique de soutien aux interconnexions gazières en finançant des projets d’intérêt commun. L’objectif est que toute molécule de méthane qui entre dans le territoire de l’Union puisse circuler vers n’importe quel autre endroit. Cela va aider à la diversification des sources d’approvisionnement gazière notamment par le sud de l’Union (grâce à plus de gaz arrivant par GNL et par le Corridor Sud).
ES: Il y a une grande disparité de politique énergétique entre les différents pays (par exemple la France et l’Allemagne). Pensez-vous qu’il faille harmoniser ou au contraire conserver la diversité ?
L’article 194 du traité de Lisbonne prévoit une série de politiques énergétique à mettre en oeuvre en commun mais, il précise également que les Etats membres sont libres de choisir leur portefeuille énergétique. En conséquence, tout ne peut pas être uniformisé. Certains estiment que cela empêche d’aller plus vite vers la décarbonisation, mais pour d’autres cela permet de diversifier les solutions et ainsi de ne pas mettre « tous les œufs dans le même panier » . Ainsi, certains Etats membres sont enthousiastes pour les énergies renouvelables et veulent aller plus loin et plus vite dans ce domaine comme on l’a vu lors du Conseil informel de Sibiou en mai 2019. Mais d’autres n’y voient pas le même intérêt et sont beaucoup plus prudents. Si on insiste à juste titre sur la diversification des énergies, des pays d’approvisionnement et des routes d’approvisionnement, il convient d’appliquer cela aussi aux chois des Etats membres : diversifier est toujours bon.
ES: Que devrait faire la prochaine commission pour encourager ce secteur ? Avez-vous des recommandations ?
Etre plus explicite sur la nécessité du nucléaire. Ne pas tout miser sur la décarbonisation c’est-à-dire appliquer le slogan trop souvent entendu mais pas pratiqué « être technologiquement neutre ». Cesser de décider quel secteur doit recevoir de l’aide à la recherche : les secteurs qui vont recevoir le soutien à la recherche sont décidés par la politique et pas par les chercheurs. Il serait plus simple, plus efficace de financer les structures de recherche (suppression de la TVA sur la recherche, des impôts sur le salaire des chercheurs) plutôt que tirer du chapeau les secteurs qui vont être financés.
Les autres interviews de cette série sont :
Questions à Françoise Grossetête, députée européenne
Interview de Marcel Kuntz : quel avenir pour les NBT en Europe ?
Interview avec Samuele Furfari : élections européennes
Interview de David Lacombled : le challenge de la transformation numérique
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