Décidemment, quand il s’agit de « pesticides » le service public audiovisuel n’est jamais à cours d’informations biaisées. L’industrie du bio non plus.
Ainsi dans un article de France Info, on découvre un « document » France 3 sur le thème « en Mayenne, une mère de famille atteinte de deux tumeurs dénonce l’utilisation de pesticides à huit mètres de son domicile ». « Pas moins de 15 substances toxiques ont été retrouvées dans une mèche de ses cheveux », selon « l’enquête » de France 3.
Un examen plus sérieux montre que dans la liste de ces 15 substances se trouve l’astaxanthine, qui n’est pas un pesticide, mais le pigment rose des flamands (roses) et de certains crustacés (crevettes par exemple), ou encore du saumon ! C’est un anti-oxydant qui est utilisé dans des compléments alimentaires, et même des …. shampoings !
On ajoute à cela que sur les 14 autres molécules détectées, seuls 2 peuvent éventuellement avoir été utilisées dans le champ de maïs voisin que le « document » de France 3 incrimine. Sans que l’on en ait la certitude. De plus, on ne sait rien des doses retrouvées.
Le « document » n’hésite pas non plus à évoquer qu’en « 2013, la famille perd chèvres, lapins et même un chien de façon inexpliquée ».
France 3, France Info et consorts, ce n’est pas sérieux !
Passons aux marchands de bio. Dans une publicité dans des grands médias papiers, le 7 octobre 2019, on trouve une liste de produits qu’il faudrait apprendre « par cœur », afin de les éviter, « pour mieux manger ». La peur ayant été distillée, le bas de la page de pub nous explique « sinon il y a la bio). Publicité payée par les « entreprises bio-engagées » (comprendre : qui espèrent voir leurs chiffres d’affaires augmenter grâce à de telles campagnes de peur).
En parcourant la liste de ces nouveaux fléaux, on y trouve des mentions étonnantes. Les riboflavines (autrement dit vitamine B2), la capsanthine et la capsorubine (autrement dit les pigments rouges du fruit de poivron, des antioxydants), la lutéine (universellement présente dans tous les légumes verts, un précurseur de la vitamine A, important pour prévenir la dégénerescence maculaire liée à l’âge ou DMLA), le lycopène (c’est-à-dire le pigment rouge de la tomate, un antioxydant), des anthocyanes (des pigments communs chez les plantes, également des antioxydants, pour lesquels des données suggèrent un rôle bénéfique dans la santé humaine, notamment dans le domaine des risques cardiovasculaires), des tocophérols (autrement dit la vitamine E, une famille d’antioxydants), des acides aminés (cystéine, glutamate ou acide glutamique, glycine, leucine) entrant dans la composition naturelle des protéines, et nombre d’autres molécules du métabolisme naturel des cellules.
En résumé, cette liste a été « gonflée » avec des produits parfaitement naturels et habituellement consommés. On ne voit d’ailleurs pas comment les aliments bio pourraient éviter de les contenir ! Il n’y a donc pas lieu de monter une campagne de peur sur ces produits, sauf si on croit qu’une molécule est inoffensive si produite directement par une plante et devient toxique, tout en gardant la même formule chimique, par je ne sais pas quel sortilège, dès qu’elle est ajoutée par action humaine.
Il reste dans la liste des molécules relevant de la chimie du carbone (de synthèse, pas la chimie du carbone des organismes vivants !). Histoire de voir, j’en ai pris un au hasard, l’acétate isobutyrate de saccharose, également nommé E444 (quand ça commence par E… on tremble déjà de peur !). J’apprends sur le site de Que Choisir, pourtant rarement avare de peurs à propager…) que « cet additif est un composé artificiel principalement employé comme stabilisant pour conserver les arômes, les colorants ainsi que les particules en suspension dans certaines boissons. À date, sa consommation ne soulève pas d’inquiétude particulière ».
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