Il n’y a sans doute pas d’auteur européen aussi prolixe sur les thématiques liées à l’énergie et à la transition énergétique que Samuel Furfari. Il faut dire que le pedigree de cet expert italo-belge que les lecteurs de European Scientist connaissent bien impressionne : professeur de géopolitique de l’énergie à l’Université Libre de Bruxelles, docteur en Sciences appliquées (ULB), ingénieur polytechnicien (ULB) et ancien Président de la Société Européenne des Ingénieurs et Industriels. Il a été durant trente-six ans haut fonctionnaire à la Direction générale de l’énergie de la Commission européenne. Furfari est l’auteur de nombreux ouvrages tels que Le Monde et l’Energie ( somme en deux volumes ), 101 questions sur l’énergie, Hystérie climatique et croissance des énergies fossiles, L’urgence d’électrifier l’Afrique, Vive les énergies fossiles, Energie tout va changer demain, Chrétien écolo, l’Utopie de l’hydrogène ou encore plus récemment Energy Insecurity … Rajoutons à cette longue liste Ecologisme, assaut contre la société occidentale. Paru chez VA éditions en 2021 (1), ce petit ouvrage est passé un peu inaperçu étant donné que le monde était encore préoccupé par les séquelles de la pandémie. Il traite pourtant d’enjeux de société fondamentaux : Furfari analyse les ravages de l’écologisme et montre comment l’homme est passé à l’arrière plan pour sauver la nature, alors qu’une véritable protection de l’environnement passe d’abord par celle de l’humain. Voici donc un extrait de cet ouvrage qu’il faut absolument avoir lu pour bien comprendre le monde contemporain.
A l’occasion de l’été European Scientist diffuse les bonnes feuilles d’ouvrages en lien avec la politique scientifique.
Le catastrophisme
L’homme a toujours eu peur : peur du lendemain, peur de l’autre et parfois peur de lui-même. Dans un passé récent, nous avons connu la peur de la menace soviétique et d’une 3e guerre mondiale. Aujourd’hui, toutes ces inquiétudes se subliment dans la peur propagée par l’écologisme. Les médias sociaux et l’instantanéité de la communication ont multiplié les peurs. Les catastrophes naturelles ont toujours existé, mais faute d’en être informées, les générations précédentes n’étaient pas au courant de ce qui se passait hors de leur terroir. Aujourd’hui, à notre époque de l’instantané, les images dramatiques et bien orchestrées de nos médias instillent la peur. Même le président François Hollande s’y est mis en disant que les tremblements de terre étaient provoqués par le réchauffement climatique ! Il en est de même pour son successeur et du pape François qui ont affirmé que les incendies en Amazonie l’étaient aussi, alors qu’ils sont dus au déboisement. De même, pour les incendies en Australie ou en Californie, la vérité médiatique est qu’ils sont dus au « dérèglement climatique » alors qu’il n’en est absolument rien. C’est l’incurie des gouvernants australiens qui est la véritable coupable des catastrophes dans ce pays . Quant à ceux de Californie, l’entreprise électrique PG&E a reconnu sa responsabilité dans le drame des incendies de 2018 en plaidant coupable devant une cour de justice.
L’une des peurs populaires est le manque d’eau. Depuis que le monde a été créé, pas une seule molécule d’eau n’a disparu de la terre… à l’exception de l’urine des astronautes, évacuée dans l’espace, et encore ce n’était qu’au début de l’aventure spatiale. À l’école, les enfants apprennent le cycle de l’eau et savent ainsi que toute l’eau du monde est toujours recyclée.
Et pourtant, on ne cesse de nous faire peur en agitant le fantôme du manque d’eau. Grâce à l’énergie, l’eau est apportée là où elle manque et elle est purifiée. Ne disons plus qu’il y a un problème d’eau, mais plutôt qu’il faut de l’énergie. Pour paraphraser Archimède, donnez-moi de l’énergie et je vous donnerai toute l’eau que vous voulez partout dans le monde !
D’ailleurs, peu de gens savent qu’il existe sous les mers un véritable trésor d’eau potable, une dernière cartouche dans le cas improbable d’un manque d’eau sur terre. Un article de 2013 de la revue Nature indique que les réserves identifiées montrent que « leur contenu est cent fois supérieur à la totalité extraite sous terre depuis 1900 » . Cela veut dire qu’il y a de l’eau pour plus de 100 siècles d’utilisation de l’eau sur les continents depuis le début du 20e siècle. Il s’agira d’une seule cartouche, car ces réserves ne se reformeront pas, mais laissent largement le temps pour trouver de nouvelles solutions technologiques. Le problème de l’eau n’est ainsi pas sa disponibilité, mais son partage et sa gestion. Il suffit de voir comment ces deux aspects sont traités dans les sociétés pauvres en énergie pour comprendre qu’à nouveau une énergie abondante, permanente et bon marché sera clé dans ce domaine aussi.
Certains scientifiques, par conviction ou par opportunisme, publient une multitude d’études financées parfois de manière peu transparente, mais largement répercutée par les médias, annonçant des catastrophes, mais aussi que « le pire » est à venir. C’est en effet toujours le pire qui est mis en avant. J’ai montré dans d’autres livres que ce sont les modèles les plus invraisemblables qui sont médiatisés pour annoncer « le pire », que ce soit pour l’élévation du niveau des mers ou d’autres aspects liés au changement climatique.
Scientifiques, médias et ONG vendent de la peur en avançant des données et des notions dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler. Par exemple, l’impact d’une radiation sur les tissus humains se mesure en Sieverts, mais qui connaît cette unité de mesure scientifique ? Le seul fait d’entendre ce nom, par peur ou ignorance, déclenche le rejet. Il est alors aisé de manipuler les simples citoyens, qui sont forcés d’accepter sans comprendre que la faute est à la société qui a créé jusqu’à cette unité de mesure du phénomène naturel qu’est la radioactivité.
Selon eux, on fonce tête baissée vers le désastre et l’effondrement de la société, d’où la « collapsologie », néologisme créé à partir du verbe « collapser », qui signifie s’effondrer. Certains se définissent même comme « catastrophistes éclairés ». En jouant sur la peur, on arrive à faire croire aux gens que la civilisation industrielle et urbaine est la cause de toutes sortes de catastrophes (même naturelles).
Pour certains écologistes, les catastrophes constituent même une revanche de la nature, le châtiment évident de la faute collective, celle d’avoir exploité la nature. C’est pour cela qu’ils plaident pour un arrêt de la croissance afin que la nature ne soit plus exploitée. Le communisme disait qu’il fallait mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme et l’écologisme dit désormais qu’il faut mettre fin à l’exploitation de la nature par l’homme.
La régénération de l’homme vers la Paix
Le « salut », une notion religieuse, mais tout à fait adaptée ici, sera apporté par l’écologie et sera la victoire des forces du bien sur celles du mal, qui ont souillé et abîmé la nature (chapitre suivant). Cette nouvelle civilisation urbanisée pourra, par exemple, enseigner aux agriculteurs, attardés selon les écologistes par leur exploitation de la nature, comment vivre dans le monde vert. L’homme nouveau, enfin libéré de son asservissement à la société de consommation sera réconcilié avec le biotope qui l’entoure.
Dans de telles conditions, comment ne pas prolonger l’illusion et faire croire que les hommes vivront ainsi en paix entre eux, dans une harmonie et une réconciliation du Vivant avec l’homme, toléré dans l’univers vert. Le nouvel humain sera conscient de sa dépendance de la nature et s’efforcera de vivre en dépendance de ce nouveau dieu dans la perspective illusoire d’une rédemption qui conduira au salut.
Pour y arriver, il faudrait faire un retour volontaire (ou pas) en arrière, au passé, au bon vieux temps où — selon eux ― on n’exploitait pas la nature. On revient ainsi d’abord aux pratiques anciennes de valorisation du compost, de l’élevage extensif, des vieux légumes oubliés, mais bientôt à la conversion de tout espace vert (jardins des maisons compris) en espace de production agricole, à l’interdiction totale des pesticides et fongicides chimiques, à l’assolement triennal du Moyen Âge, etc.
De là découle l’utopie de la médecine soi-disant douce pour se soigner par les plantes. On ne compte plus les magasins, qui de bonne foi ou par appât du gain, vendent des remèdes soi-disant naturels. En tant que chimiste, j’ai appris au cours de mes études que beaucoup de médicaments ont été créés en imitant les substances actives que l’on trouve dans des produits de la nature. Cependant, ces médicaments dits « allopathiques » se révèlent plus efficaces que la substance naturelle dont on s’est inspiré pour les fabriquer . Sans allopathie, nous mourrions jeunes comme les générations précédentes, de maladies aujourd’hui guérissables.
(1) https://www.va-editions.fr/ecologisme-c2x34911352
Image par Gerd Altmann de Pixabay
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