Le 8 décembre dernier, nous avons publié sur ce site un petit guide pratique, pour bien appréhender les fondements théoriques et les méthodes pratiques d’une nouvelle discipline scientifique en plein essor : l’agrologie, qui est à l’agronomie ce que l’astrologie est à l’astronomie[1] : un élargissement des sciences du vivant, destiné à prendre enfin en compte la subjectivité des observateurs. Ce sujet est au cœur de l’actualité, car il a été approfondi et élargi dès le lendemain dans un débat organisé par la mission Agrobiosciences de l’INRAE, pour inaugurer un cycle de conférences baptisé judicieusement BorderLine. Pour les amateurs d’agrologie, cet évènement, dont l’enregistrement est disponible en ligne[2], est le complément parfait à notre article. Nous nous permettrons donc d’y faire référence, pour bien montrer à quel point ce débat illustre et éclaircit les points de notre argumentation qui auraient pu paraître simplistes ou caricaturaux.
Le sujet de cet évènement était plus large que celui de la seule agrologie, puisque son intitulé était : « Le chercheur militant, un nouveau citoyen ? ». C’est une vaste question qui peut concerner d’autres disciplines que les sciences agricoles, mais les animatrices ont bien précisé d’emblée qu’elles ne souhaitaient pas aborder le cas des sciences humaines, mais bien celui des sciences du vivant, dont l’agrologie et l’agronomie font bien sûr pleinement partie.
Un débat équilibré (en mode agrologique)
Nous l’avions souligné dans notre article, la différence fondatrice entre l’agronomie et l’agrologie est que :
« Les agronomes considèrent que certains domaines de leur activité relèvent encore des sciences exactes (par exemple l’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture), et d’autres ressortent des sciences humaines et politiques (comme le choix des mesures à prendre suite à cette évaluation des impacts). Les agrologues ont montré que toute question doit être traitée en intégrant l’apport des sciences humaines (sociologie, anthropologie,… à l’exception notable de l’économie) ».
Dès lecture de la liste des invités, on comprend que les organisateurs ont bien intégré l’importance de cet équilibre entre sciences physiques et biologiques d’une part, et sciences humaines d’autre part. Ils ont également appliqué la règle d’or qui en découle : à savoir que « La supériorité évidente de cette méthode [de l’agrologie] est son caractère beaucoup plus démocratique, sans compter le fait qu’elle met automatiquement en minorité ces retardataires d’agronomes ». Ce principe était ici parfaitement respecté, puisque l’on comptait parmi les participants deux historiens des sciences, deux sociologues des sciences, et un juriste ; le camp « scientiste » n’est représenté que par un physicien de formation, mais aussi membre de l’AtEcoPol (Atelier d’Ecologie Politique)[3], et par le rédacteur en chef de Science & Pseudosciences[4], la revue de l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique)[5].
Au-delà du rapport de force numérique, l’ordre des interventions et le temps de parole accordé à chaque intervenant sont aussi des éléments essentiels pour bien canaliser les discussions. Entamer la conférence par une discussion de 40 mn entre un historien et un sociologue, c’est comme introduire un débat sur l’avenir du capitalisme par un duo entre Jean-Luc Mélenchon et Sandrine Rousseau : c’est la garantie de bien cadrer le débat en exposant objectivement le sens de l’histoire, pour éviter que les intervenants suivants perdent trop de temps à défendre des idées complètement obsolètes et discréditées.
De ce point de vue, l’historien des sciences (INRAE) a élevé rapidement le débat, en retraçant (à partir de 12’30’’ sur la vidéo), « la crise de la science classique, arrivée au bout du réductionnisme enfermé dans le laboratoire ». Heureusement, à partir des années 68, « on aborde la question de la complexité des systèmes, on aborde des approches nouvelles de type holiste que l’on va pouvoir instrumenter par les nouveaux moyens informatiques. On a donc une nouvelle manière de produire de la science, plus performante pour dialoguer avec la société et avec des objets complexes comme la question de l’environnement dans le champ des agrobiosciences.». En remontant plus loin dans le temps (pardon, dans les temporalités emboitées), il a rappelé que « Les mondes scientifiques sont les héritiers des mondes cléricaux, du monde de ceux qui sont en charge du vrai, de dire, de normer le rapport au monde ». Cela avant que son duettiste sociologue prenne la défense de G-E Séralini, archétype de l’agrologue accablé par les critiques du camp scientiste, suite à ses démonstrations disruptives des effets cancérigènes des OGM et du glyphosate.
Ces mises en perspective n’ont pas empêché le rationaliste de service à l’AFIS, de revenir (à partir de 52’25’’ ) sur la vieille lune de la séparation prétendument nécessaire entre les faits d’une part, et les opinions ou les jugements de valeur d’autre part. Heureusement, il a été courtoisement mais fermement remis à sa place (à 1h00’) par sa voisine sociologue, qui a bien souligné le caractère dictatorial de ses propos : « Si on pose la question d’une façon aussi tranchée que vous l’avez fait, il n’y a pas lieu d’en débattre. Si on n’est pas d’accord sur le fait que la science n’est que des faits, et que de l’autre côté il n’y aurait que des opinions qui ne sont que des valeurs… il n’y a pas de quoi échanger. Or ce qui compte finalement c’est comment se construit le savoir scientifique, avec qui, quelles sont les parties prenantes dans une société, qui influencent ce que l’on met à l’ordre du jour de la science et la façon dont elle avance, et, de l’autre côté, comment on construit dans une démocratie la fabrique de l’opinion ».
Réductionnisme = fascisme ?
On voit bien que derrière ces discussions courtoises se cache un débat beaucoup plus profond, que les tenants des sciences humaines n’ont pas souhaité pousser jusqu’au bout, pour ne pas écraser leur unique adversaire scientifico-rationaliste. L’agronomie, comme la plupart des sciences préhistoriques (c’est-à-dire pré-68), se pique volontiers d’être basée sur les faits, tout comme l’« evidence based medicine », courant de pensée scientiste qui paralyse encore les sciences médicales, malgré les coups que lui ont porté des esprits libres comme Didier Raoult. Cette vision antique des sciences du vivant a pourtant été pulvérisée par une publication essentielle de 2006, intitulée « Déconstruire le discours ‘basé sur les preuves’ : vérité, pouvoir et fascisme » (Holmes et al. 2006[6]). Dans cette analyse, les auteurs démontrent brillamment que cette prétention à se baser sur les faits n’est qu’une ruse des scientistes, pour exclure du débat démocratique les éléments qu’ils font passer pour des faits indiscutables. Pour citer plus précisément leur objectif :
« Le travail philosophique de Deleuze et Guattari prouve son utilité en montrant comment les sciences de la santé sont colonisées (territorialisées) par un paradigme de recherche scientifique englobant – celui du post-positivisme-, mais aussi et surtout en montrant le processus par lequel une idéologie dominante en arrive à exclure les formes alternatives de connaissances, agissant ainsi comme une structure fasciste. »,
et leur conclusion :
« Le Groupe Cochrane[7], entre autres, a créé une hiérarchie approuvée par beaucoup d’institutions académiques, et qui sert à (re)produire l’exclusion de certaines formes de recherche. Parce que des « régimes de vérité », comme le mouvement evidence-based, bénéficient actuellement d’un statut privilégié, les savants ont non seulement le devoir scientifique, mais aussi une obligation éthique, de déconstruire ces régimes de pouvoir. »
Les agronomes, avec leur mauvais esprit caractéristique, ne manqueraient pas de prétendre que la conclusion est tautologique, puisque déjà incluse dans l’hypothèse de départ. Mais en page 3 de leur article, les auteurs pointent la vraie nature du différent entre les sciences « evidence based » et la science post-moderne :
« Nous pensons que l’Evidence Based Medicine, qui sature les discours sur les sciences de la santé, constitue un langage sclérosé, qui cartographie le paysage des disciplines professionnelles dans leur ensemble. Par conséquent, nous pensons qu’une critique postmoderniste de ce mode de pensée est indispensable. Ceux qui approuvent l’idée de « preuve » dans les sciences de la santé entretiennent une vision du monde essentiellement newtonienne et mécaniste : ils ont tendance à croire que la réalité est objective, c’est-à-dire qu’elle existe, « là-bas », absolument indépendante de l’observateur humain, et des intentions et des observations de l’observateur. Ils mettent en valeur les « faits », et se forcent à rejeter les « valeurs », comme étant en quelque sorte non scientifiques. Pour eux, cette réalité (un ensemble de faits) correspond à un monde réel et mécanique. Mais cette forme d’empirisme fétichise l’objet au détriment du sujet humain, pour qui ce monde a avant tout une signification vitale et un sens. Une vision empirique du monde, fondée sur des données prouvées, est dangereusement réductrice, dans la mesure où elle nie la signification et le sens personnels et interpersonnels d’un monde qui est avant tout un monde relationnel, et non un ensemble fixe d’objets, partes extra partes. ».
(NB : les lecteurs qui seraient tentés de croire que cette publication est une parodie peuvent consulter le site Web de l’Université d’Ottawa[8] : ils pourront constater que le 1er auteur, Dave Holmes, existe réellement, et qu’il y exerce toujours ses talents de déconstructeur.).
A la lueur aveuglante de ce texte fondateur, on comprend mieux la ruse qui se cache derrière l’acharnement des scientistes à séparer les faits et les opinions : elle repose sur la croyance antique selon laquelle il existerait des faits dont l’existence est indépendante de l’opinion des observateurs, et exploite ce sentiment naïf pour imposer leurs vues, et restreindre indument le champ des sujets sur lesquels « il y a de quoi échanger ».
Résister à l’autoritarisme du platane.
Cette obstination à prétendre qu’il existerait une vérité indépendante de l’opinion de l’observateur est d’autant plus impardonnable, que mêmes les sciences physiques, vénérées par les agronomes, ont prouvé le contraire depuis longtemps. La mécanique newtonienne, qui travaille sur des objets considérés comme compacts échangeant de l’énergie lors de leurs contacts, a été dépassée par la physique atomique, qui a prouvé que ces objets prétendument solides sont en fait constitués d’atomes où de minuscules particules gravitent dans un espace vide ; puis la physique quantique a démontré que même ces particules n’étaient en fait que des ondes, dont aucun observateur ne peut prétendre connaitre à la fois la position et la vitesse. A quoi bon s’accrocher à une médecine basée sur les preuves, alors que la physique quantique, qui a dépassé la physique newtonienne depuis un siècle, a aussi montré que le chat de Schrödinger, ou le patient d’un médecin, peuvent être au même moment vivants ou morts selon l’observateur ?
Bien conscients de cette contradiction, les scientistes l’ont contournée d’une façon qui illustre une fois encore leur penchant totalitaire : en décrétant que chaque discipline scientifique aurait un domaine de validité, dont elle ne devrait d’après eux pas sortir. Selon eux, la physique quantique ne devrait pas s’appliquer aux objets macroscopiques, et les sciences humaines ne devraient pas se mêler de diagnostic clinique, mais seulement de permettre au patient de s’approprier ce diagnostic, et mobiliser son énergie pour l’aider à guérir. C’est au prix de cet artifice liberticide qu’ils ont pu sauvegarder l’idée obsolète selon laquelle il existe des sujets sur lesquels la science ne peut donner qu’une réponse juste, qui correspondrait à une vérité abstraite sur laquelle l’observateur ne peut influer.
A la décharge des agronomes, il faut reconnaître que le monde végétal, sur lequel ils travaillent, se montre souvent peu réceptif aux approches scientifiques modernes. Quand une voiture percute un platane, ce dernier a une fâcheuse tendance à imposer une lecture mécaniste newtonienne de l’évènement, très préjudiciable à la santé du conducteur, en profitant lâchement de ce que trop peu d’automobilistes maitrisent assez la physique quantique pour s’en tirer sans dommage par une pirouette schrödingerienne. De même, dans l’URSS des années 30, les semences initiées par Lyssenko à l’agronomie prolétarienne, que l’on n’appelait pas encore agrobioscience, retombaient sournoisement dans les ornières de la génétique bourgeoise, sitôt que des agriculteurs essayaient de s’en servir. Mais c’est la grandeur de l’humanité de ne pas capituler devant l’inertie du monde physique.
Prenons l’exemple d’un platane dont l’élan de l’agrologie s’approche dangereusement : l’échéance de 2025 du Plan Ecophyto, lancé en 2010, avec un objectif de réduction de 50% de l’emploi des pesticides, défini par les Parties Prenantes du Grenelle de l’Environnement de 2008. Ce plan n’a manifestement pas obtenu les résultats attendus, comme le rappelait il y a peu une enquête de France Inter, très reprise par les courants agrologistes[9]. Cela n’étonne pas les agronomes, qui, avec leur défaitisme habituel, avaient annoncé depuis longtemps l’échec de ce plan[10], au prétexte que cet objectif entrainerait une baisse de la production agricole française de 12%, et une perte de revenus pour les agriculteurs de près de 6 milliards d’euros, sans aucune mesure avec les sommes investies par l’Etat pour changer leurs pratiques. On notera que ces chiffres venaient du rapport Ecophyto R&D produit par l’INRA, à l’époque où le A d’INRA signifiait « agronomique », mot heureusement banni du nom actuel de l’INRAE.
France Inter, autre haut-lieu de l’agrologie après le Monde, arrive finalement aux mêmes conclusions, mais avec un diagnostic bien différent pour ses causes. La principale raison mise en avant par cette enquête est le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), le réseau d’épidémiosurveillance qui informe les agriculteurs sur le niveau de risque de maladies et de ravageurs de leurs cultures, et les incite donc à traiter ! Comment peut-on convaincre les agriculteurs qu’ils peuvent baisser leur utilisation de pesticides de 50% sans dommages, si dans le même temps des agronomes rétrogrades les informent chaque semaine des maladies ou ravageurs potentiellement présents dans leurs parcelles, et de leur seuil de nuisibilité ? Comme nous le rappelions dans notre article précédent, « les agrologues exigent que les indicateurs environnementaux ne soient publiés que s’ils sont en cohérence avec les politiques publiques et les attentes des consommateurs ». Si les résultats du BSV incitent à traiter, et entravent ainsi l’atteinte des objectifs Ecophyto, supprimons le BSV !
Cet exemple montre la voie que l’agrologie doit suivre, pour ne pas s’enliser dans une résistance supposée invincible du monde réel. Il nous incite à ajouter une différence essentielle à notre comparaison entre agrologie et agronomie :
Quand les prédictions de l’agrologie ne se confirment pas sur le terrain :
- Les agronomes prétendent que c’est parce qu’elles n’étaient pas réalistes
- Les agrologues constatent que c’est à cause des agriculteurs, dont l’esprit d’innovation est paralysé par les informations anxiogènes et défaitistes dont les abreuvent les agronomes.
Merci à la Mission Agrobiosciences de l’INRAE pour avoir replacé la révolution agrologique dans le contexte plus vaste de l’histoire des sciences ! Elle démontre ainsi que la suppression du mot « agronomique » dans le nom de l’Institut (rappelons que le A d’INRAE signifie désormais Agriculture et Alimentation) n’est pas qu’un artifice destiné à effacer un passé honteux : c’est bien la marque d’un engagement dans une nouvelle étape postmoderne des sciences agricoles.
[1] https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/pac-2021-2027-saluons-lavenement-de-lagrologie/
[2] https://www.youtube.com/watch?v=zAJEbmQNWsA
[3] ATelier d’ÉCOlogie POLitique (hypotheses.org)
[4] Afis Science – Association française pour l’information scientifique
[5] Pour être tout-à-fait transparent, précisons que l’auteur de ces lignes est lui-même membre de cette association, qui est une des cibles principales de Stéphane Foucart du Monde dans son Grand Œuvre « Les Gardiens de la Raison »
[6] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21631765/
[7] Organisation qui a défini et communique sur les bonnes pratiques méthodologiques en médecine basée sur les preuves.
[8] https://www2.uottawa.ca/faculte-sciences-sante/sciences-infirmieres/dave-holmes
[9] https://www.franceinter.fr/societe/pres-d-un-milliard-d-euros-gaspilles-enquete-sur-le-fiasco-du-plan-anti-pesticides
[10] https://www.academie-agriculture.fr/system/files_force/publications/avis-recommandations/2018/20181206contributionecophyto2docx.pdf?download=1
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Et sur l’EBM
Grand merci pour cette excellente tribune !
Elle dénonce des dérives à l’INRAE et ce n’est pas nouveau, malheureusement.
Un autre exemple est donné dans mon article:
« LA BIODYNAMIE CRÉDIBILISÉE PAR LA SOCIOLOGIE QUANTIQUE … ET RÉCIPROQUEMENT ? »
https://menace-theoriste.fr/la-biodynamie-credibilisee-par-la-sociologie-quantique-et-reciproquement/
C’est à propos de ″l’œuvre » d’un chercheur de l’INRAE, où l’on retrouve le rejet de l’objectivité (au plus haut point) au profit d’une nouvelle science qualifiée d’extraordinaire, riche et prometteuse, ce chercheur en question étant ″épaulé″ par des sociologues du CNRS (Le CNRS est ma maison!). Ce chercheur a récidivé dans un article publié dans Nature (je devrais écrire « la prestigieuse revue Nature » … selon le cliché habituel … qui m’agace toujours et n’est pas justifié … tout au moins pour les grandes découvertes récentes de la physique qui n’ont pas eu besoin de cette revue pour être publiées).
Je m’interrogeais, dans la conclusion de mon article, sur les silences institutionnels assourdissants (INRAE, CNRS, Université), avec quelques fois des réactions tardives lorsque ces organismes n’ont plus le choix (ce fut récemment le cas du CNRS à propos d’un sociologue). Ces chercheurs rejettent la Science, la vraie, celle qui est défendue par Philippe Stoop dans sa tribune et le représentant de l’AFIS qu’il cite, et la grande majorité des chercheurs besogneux et modestes, dans toutes les disciplines. En effet, la modestie n’est pas la qualité première de ces chercheurs défendant avec une totale certitude ces dérives postmodernes de la science … qui n’a de « science » que le nom et, ce qui est déplorable, trompe le béotien.
Très cordialement
François
Merci à vous pour cette autre citation merveilleuse, sur les applications de la « sociologie quantique » à l’agriculture. Je ne la connaissais pas, dans son genre, elle est encore plus ébouriffante que la publication sur le caractère fasciste de l’evidence based medicine, que je citais dans mon article !
Et elle a au moins le mérite d’être moins agressive, tant son auteur semble vouloir réconcilier à tout prix l’irréconciliable. A noter d’ailleurs qu’il ne se revendique pas d’une vision postmoderne de l’agriculture, mais d’une vision intégrale de l’agriculture, qui englobe tous les points de vue précédents et qui « insiste sur les synergies entre dimensions spirituelles et scientifiques du
développement (un exemple médiatique est sans doute Pierre Rabhi, 2009). La subjectivité des animaux, voire des plantes, est considérée,
conduisant à un sentiment profond de connexion avec la nature….Certains grands auteurs alternatifs peuvent probablement être également reconsidérés comme précurseurs dans cette optique (Steiner,
Fukuoka… »
Dommage que la Mission Agrobiosciences n’ait pas pensé à l’inviter à son webinaire, ça aurait bien complété le panel :).
Je vous remercie pour vos commentaires et je reviens à la problématique postmoderne.
Je donne plus de détails dans la version longue de mon texte (Référence 0) sur les références à l’idéologie postmoderne et constructiviste qui se mélange aux considérations quantiques et autres, splendide méli-mélo qui se veut très savant. Dans la référence 2 de la référence 0 ci-dessus, l’agronome de l’INRAE éprouve le besoin de définir 3 approches de la connaissance : ″traditionnelle, moderne, postmoderne″. Il précise bien que c’est cette dernière qui se veut globale, et donc holiste, qui a sa préférence, ce qui lui permet de citer Bruno Latour et ses concepts néo-vitalistes. Les autres auteurs évoquent également Michel Foucault et Bruno Latour, l’un d’entre eux (Steven R. Brown) énonçant le constructivisme social sous toutes ses formes (Le genre, l’identité, etc.). Les affirmations d’Anna Tsing (Référence 16) relèvent typiquement de l’idéologie ′′new age′′ dont les liens avec le post-modernisme sont patents. Ce constructivisme se retrouve dans les propos du physicien cité, Basarab Nicolescu, qui se réjouit des écrits et de l’attitude constructiviste d’Edgar Morin. Combinés aux rejets de l’objectivité et des approches rationnelles, tous ces éléments m’ont conduit à poser la question : ″Ne sont-ils pas la traduction commune d’une approche postmoderne, ce qu’a signalé Steven R. Brown ? ″, R. Brown étant lui-même l’un des auteurs marquants cités par l’agronome de l’INRAE. En écrivant : ″Concrètement, ce recours à la ′′théorie quantique′′ ne serait-il pas un nouvel avatar du postmodernisme? ″, sauf erreur de ma part, je ne ferai qu’ajouter un trophée à cette idéologie dont les retombées n’ont pas fini de se répandre dans les milieux intellectuels de la recherche et de l’enseignement.