La Commission européenne a accepté que la France et l’Allemagne accordent respectivement 7 et 9 milliards d’euros afin d’éviter la faillite d’Air France/KLM et de Lufthansa, afin d’éviter la faillite et un désastre social total. Mais ce n’est guère suffisant : Lufthansa vient d’annoncer qu’elle doit supprimer 22.000 postes dans le monde, soit 16% de son effectif, Air France, elle va en supprimer 8 à 10000. Oui, cette crise créera des milliers de chômeurs dans le secteur de l’aviation et en fait dans beaucoup de secteurs. Sans se préoccuper du désastre social, les activistes écologistes s’en réjouissent, car c’est exactement cela qu’ils réclamaient avant la crise du Coronavirus : cesser de polluer en particulier par l’aviation. Ils sont parvenus à focaliser la population sur cette « pollution » alors que l’aviation ne représente que 4% des émissions de CO2 mondiales.
Limiter nos mobilités
Profitant de ce succès, ils exigent que cela s’étende à tous les secteurs de l’activité économique et que le « monde d’après » limite notamment le tourisme et surtout mette fin au tourisme éloigné (« un besoin inutile »), et veulent nous faire tous manger et consommer « local ». Des politiciens activistes et opportunistes en profitent pour réduire d’autorité dans leur ville la vitesse de roulage des automobiles à 30 voire à 20 km/h et ainsi « damer le pion » à l’automobile »« en restituant la ville aux citoyens », comme si les villes étaient jusqu’à présent habitées par des singes. Bouger est dans l’ADN des humains, tout comme rencontrer d’autres personnes, en particulier la famille, qu’elle vive près ou loin. Tout cela existait avant la crise parce que faisait sens et fait donc encore sens de sorte que le besoin de mobilité du « monde d’après » ressemblera à celui d’avant. Oui, certaines compagnies aériennes vont faire aveu de faillite. Mais les besoins qu’elles satisfaisaient ne vont pas disparaitre pour autant. Certes, certains hommes et femmes d’affaires ont compris que le télétravail faisait gagner du temps et que la visioconférence permet de faire des économies de déplacements. Mais l’aviation va continuer à se développer, comme en Chine par exemple. En attendant, afin de créer la mobilité du « monde d’après », la Commission européenne vient d’annoncer dans le cadre de son Pacte vert une série de mesures sur la mobilité qui ressemblent étrangement aux 70 mesures d’avant « le monde d’avant » de son livre blanc sur les transport de 2001. Leur monde d’après de la mobilité est celui qui avait été présenté comme le monde de demain il y a 19 ans et qui n’avait pas pu être mis en œuvre que très partiellement parce qu’il s’est révélé impraticable.
En accusant pêle-mêle la mobilité, la finance, les multinationales, le pétrole, le changement climatique, les activistes, soutenus par les médias, déversent leurs vieilles analyses pour prétendre que nous avions tout faux. Ces activistes croient benoitement que de telles mesures vont s’imposer dans l’UE et s’étendre rapidement au monde entier.
En finir avec le marché ?
En fait, et au fond, les activistes estiment désormais que le glas a sonné pour l’économie de marché. Ils prétendent que cette crise sanitaire est causée par le capitalisme et qu’il est urgent de se diriger vers une gestion étatique de l’économie. Ainsi, l’ancien ministre grec des finances, le communiste Yanis Varoufakis a tweeté « on a répété à maintes reprises aux militants du climat que les gens ne consentiront jamais à des changements majeurs dans leur mode de vie. Eh bien, Covid-19 a changé tout cela ! Une fois l’épidémie terminée, nous devons démontrer qu’un meilleur mode de vie, vert et post-capitaliste, peut être amusant ! ». Quelle naïveté !
« Un meilleur mode de vie post-capitaliste » ? Prenons d’abord le côté « post capitaliste ». Quelle ironie ! Les écologistes oublient que le virus de Wuhan est parti d’une dictature à parti-unique socialiste, qui applique à la lettre leur mode de gouvernance : l’État décide tout. Et qui a menti sur la virulence de l’épidémie et a même emprisonné un médecin lanceur d’alerte.
« Un meilleur mode de vie, vert » ? Les activistes ne se rendent pas compte que ce n’est pas du tout le mode de vie de la grande majorité de nos concitoyens souhaite. D’ailleurs, la preuve en est que le confinement que nous avons expérimenté – et encore en partie seulement –, le mode de vie qu’ils préconisent, est devenu tellement insupportable socialement que les gouvernements se sont sentis obligés de prendre des mesures progressives de déconfinement, au risque d’une deuxième vague de contagion qui semble pointer. Les movidas que l’on voit partout sont le signe tangible du refus de la frugalité voulue.
Un Pacte vert pour faire décroitre l’Europe au profit de la Chine
Pourtant, le nouveau Pacte vert de l’UE va exiger de réduire drastiquement notre consommation d’énergie. En effet, les vieilles recettes que les activistes veulent nous imposer pour dire adieu au développement économique, qui se cache derrière leur « décroissance », exigent une véritable précarité énergétique. Au prétexte que l’on peut vivre une frugalité heureuse, ils voudraient que l’on change de paradigme énergétique.
Pendant que les pays européens déconstruisent, politiquement et physiquement, leur industrie et leur approvisionnement énergétique, l’économie chinoise est la deuxième consommatrice de pétrole au monde (15,5% de la demande mondiale) et ses émissions de CO2 sont les premières au monde (28 % alors que l’UE-27 ne représente que 9%). L’objectif que la Chine a adopté dans la cadre de l’accord de Paris (COP21) est d’augmenter ses émissions de CO2 jusqu’à « environ 2030 », sous-entendu « on verra bien après ».
Les activistes, et la grande majorité des députés européens qui les suivent par opportunisme politique et médiatique, mais aussi par ignorance (ne basant leurs décisions que sur les informations biaisées des lobbies verts), s’activent pour que l’on ne produise plus que des énergies renouvelables. Alors que l’éolien et le solaire ne représentent aujourd’hui que 2,5% de la consommation d’énergie de l’UE, après 20 ans d’investissement de plus de mille milliards d’Euros, ils prétendent arriver à 100% dans 30 ans, en recyclant de vieilles recettes présentées comme nouvelles (par exemple, puisque les énergies renouvelables ne sont pas disponibles partout, l’article 8 de la directive de 2009 offre déjà la possibilité aux États membres d’acheter statistiquement de l’énergies renouvelables produites ailleurs). Quand on sait que la forme d’énergie la moins chère est celle qui émet du CO2 et que la plus chère est celle des énergies renouvelables (autrement, et on ne le répétera jamais assez, on n’aurait pas besoin de financements publics imposés par une directive européenne), on devrait finir par réaliser que la Chine communiste va en tirer de grands bénéfices économiques. Qui s’inquiète en effet que l’argent de ce « pays-parti » va désormais acheter à bon compte nombre de nos entreprises qui font faillite ? Qui se préoccupe que ses entreprises se comportent dans l’UE et en Afrique comme des multinationales sans scrupules sans tenir compte du développement durable ? Qui sait que les chinois construisent des centrales au charbon modernes et les vendent dans le monde entier, y compris en Europe ? Qui connaît qu’ils construisent et développent des centrales nucléaires innovantes ? Dans le même temps, les activistes ont réussi à convaincre le président Macron de fermer celle de Fessenheim et sa récente Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit avant 2035 la fermeture de 14 autres réacteurs producteurs d’énergie décarbonée. Et dans le même temps, et sans rire, il prétend vendre à l’exportation la technologie nucléaire française…
Le monde évolue au gré des innovations technologiques qui ne disparaitront pas à cause du virus de Wuhan. Il y aura donc des changements positifs à cette crise, mais ils seront créés par des scientifiques et mis en œuvre par des ingénieurs. Il est temps que la population, en premier celle qui va aller au chômage, se mobilise et refuse le vieux modèle impraticable même s’ils l’appellent « monde d’après ». Autrement la Chine, qui croit fermement à la science et la technologie, finira par dominer l’UE.
Le dernier ouvrage de Samuele Furfari est « Énergie 2019, Hystérie climatique et croissance des énergies fossiles ».