Avec près de 85 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde en 2017, le « bio » a conquis l’assiette de nombreux consommateurs et témoigne de préoccupations alimentaires légitimes de la population. Pourtant ses vertus annoncées en matière de santé et d’environnement reposent sur des bases scientifiques fragiles. La philosophie « bio » est elle-même discutable d’un point de vue méthodologique.
L’analyse de la littérature scientifique ne permet pas de démontrer la supériorité de l’agriculture dite « biologique » (AB) sur l’agriculture conventionnelle (AC), que ce soit sur les plans sanitaires, nutritionnels ou organoleptiques.
Les pesticides sont un mal nécessaire et l’AB n’y échappe pas contrairement à ce qui est couramment véhiculé. Les conséquences sanitaires des pesticides « naturels » peuvent se révéler aussi dramatiques. Par exemple, la roténone, une molécule extraite de plantes tropicales, entraîne un risque accru de développement de la maladie de Parkinson pour les applicateurs. Ce pesticide « bio » a été interdit en 2011. Malgré tout, les pesticides sont toujours plus contrôlés, évalués et maîtrisés. Comme pour les médicaments, ils sont toujours indispensables, mais il ne faut pas en abuser. Le cas des traces de pesticides dans l’alimentation ne présente pas de risque sanitaire majeur selon l’autorité européenne de sécurité alimentaire.
Sur le plan environnemental, l’AB et l’AC sont aux coude-à-coude lorsqu’on les compare par unité produite. En effet, s’il est reconnu qu’à conditions pédoclimatiques équivalentes, l’AB a tendance à être plus écologique à l’hectare, il en va autrement lorsqu’on prend en compte le surplus de surface consommée par la production « bio », celle-ci étant bien moins productive.
Le « bio » ne respecte pas en pratique sa doctrine anti pesticide et anti OGM. À l’image du sulfate de cuivre, l’AB ne peut se passer de produits phytosanitaires qui n’ont de « naturel » que le nom et dont la toxicité peut être plus importante que d’autres produits de synthèse. Si les producteurs « bios » refusaient vraiment de cultiver des plantes dont le matériel génétique n’a pas été modifié artificiellement par l’Homme, ils devraient abandonner de nombreuses cultures, comme le blé Rénan ou le riz de Camargue.
L’AB est une philosophie qui puise ses racines dans une idéologie réactionnaire et anti moderniste, reprise dans les années 1970 par des mouvements anticapitalistes et écologistes. Les initiateurs du « bio » vouent un culte au naturel par opposition au synthétique qui serait intrinsèquement mauvais. Cette approche systémique n’est pas validée par la démarche scientifique et devient incompréhensible, si ce n’est totalement incohérente, lorsque l’on prend en compte le fait que les OGM constituent un excellent moyen de réduire la charge en produits phytosanitaires.
Malgré sa sous-performance agronomique et le fait que l’on puisse légitimement douter de ses vertus, l’AB bénéficie de l’interventionnisme d’État dans de nombreux pays, particulièrement en Europe.
En effet, les exploitations en AB bénéficient de subventions supplémentaires par rapport à l’AC. Les aides à la conversion et au maintien de la politique agricole commune (PAC) ainsi qu’un maquis de subventions locales créent un effet d’aubaine en faveur de la conversion. S’il est vrai que l’AC est elle aussi souvent subventionnée, l’AB l’est encore plus. À titre d’exemple, dans son récent rapport sur l’AB, l’Institut de recherches économiques et fiscales a calculé qu’en France, un litre de lait « bio » est subventionné 50 % de plus qu’un lait conventionnel.
D’autres pays sont moins interventionnistes. Le gouvernement américain offre beaucoup moins de subventions. Outre atlantique, seulement 0,6 % de la surface agricole a été convertie, contre 5,7 % pour l’UE, alors que les États-Unis sont le premier marché de consommation de produits « bios », devant celui de l’UE. Cette différence significative montre que la production « bio » européenne est sous perfusion d’argent du contribuable.
Autant de ressources qu’il aurait été probablement plus pertinent d’investir dans le progrès agricole comme les biotechnologies ou l’agriculture de précision, qui consiste à utiliser l’intelligence artificielle pour prévenir les maladies des plantes ou des animaux et optimiser les apports en intrants. Des techniques qui offrent de véritables solutions écologiques et économiques, contribuant à assurer un revenu décent aux producteurs.
Autre forme d’interventionnisme, les labels AB d’État. Grâce à ceux-ci, les producteurs peuvent s’appuyer sur la caution morale de l’État pour vanter les prétendues vertus du « bio ». Ce marketing de l’appel à la nature et à la santé repose sur un monopole intellectuel : l’appropriation du mot « biologique ». Étymologiquement, « biologique », vient de la biologie, c’est-à-dire l’étude du vivant. Or l’agriculture travaille toujours sur le vivant. Elle devrait donc toujours être considérée comme biologique. L’AC n’est donc pas moins « biologique » que l’AB. Les partisans du « bio » font ainsi croire insidieusement que l’AC est non biologique, non vivante, « chimique », morte. Avec le monopole sur l’utilisation du mot « bio » permis par l’État, l’AB s’arroge le monopole du vivant, du bon et dispose d’un puissant instrument anticoncurrentiel qui ne repose sur aucune considération scientifique cohérente.
Si chacun est libre de produire ou consommer ce qu’il souhaite, l’interventionnisme en faveur du « bio » lui offre des rentes légales et subventionnées. Pour restaurer le libre choix du consommateur, il est indispensable de supprimer les subventions spécifiques au « bio », de privatiser le label AB et d’abolir le monopole intellectuel sur le mot « biologique ».
La question agricole devrait être dépolitisée afin que la concurrence, la responsabilité et l’innovation permettent d’offrir aux consommateurs la meilleure alimentation possible, qu’ils choisissent de manger « bio » ou non.
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Complet en désaccord.
Article simpliste et non scientifique (aucune référence citées, pas d’argumentation solide). Le parti-pris de l’auteur y est regrettablement frappant et malhonnête.