Pourquoi le moment est venu de mener une enquête parlementaire publique exhaustive sur ce médicament controversé et de mettre pleinement à jour le problème du cholestérol et des statines.
Au début de la semaine, le député de Sir Norman Lamb, président de la commission des sciences et de la technologie du Parlement britannique, a lancé un appel en faveur d’une enquête approfondie sur les médicaments de types statines, dont l’objectif est de faire baisser le taux de cholestérol. Cette initiative fait suite à une lettre signée par un certain nombre de médecins éminents du monde entier, notamment l’éditeur du BMJ, l’ancien président du Collège royal des médecins et le directeur du Centre brésilien de médecine fondée sur les faits et qui réclame une enquête parlementaire complète sur le médicament controversé [1]. L’initiateur de cette lettre, le cardiologue Aseem Malhotra, nous explique pourquoi il est urgent de mener une telle enquête.
Il y a quelques semaines, un patient inquiet et confus d’une quarantaine d’années, que j’appellerai M. Smith, est venu me voir pour une consultation. Quatre ans plus tôt, il avait subit une crise cardiaque et avait constaté de graves blocages dans son artère coronaire droite. Ceux-ci ont été ouverts et maintenus ouverts avec des stents en métal.
On lui a prescrit de l’atorvastatine, ce qui est la pratique courante pour les patients souffrant de crise cardiaque, quel que soit leur taux de cholestérol. Malheureusement, l’atorvastatine a provoqué de fortes douleurs musculaires en période d’exercice. Symptômes qui ont bien heureusement disparu une semaine après l’arrêt de ce traitement.
En guise d’alternative à sa statine, il a décidé d’adopter un régime végétalien à très faible teneur en graisses qui, à son avis, pourrait enrayer, voire, inverser, ces maladies cardiaques en réduisant son cholestérol. Quelques mois plus tard, son taux de cholestérol total a baissé de 40%, passant de 5,2 mmol / L à 3,2, se plaçant désormais dans les 5%, niveau le plus faible de la population.
Bien qu’il se soit conformé religieusement à son alimentation, il a commencé à ressentir une douleur à la poitrine quand il faisait de l’exercice, et une nouvelle analyse cardiaque a révélé un blocage de soixante-dix pour cent pour une autre artère, vaisseau qui avait été complètement dégagée quatre ans auparavant. «Comment cela est-il possible?» M’a-t-il demandé, clairement contrarié. « Comment ai-je pu développer autant de maladies cardiaques en si peu de temps avec un taux de cholestérol aussi bas? »
Je lui ai expliqué que son cas n’était ni inhabituel, ni inexplicable.
Cela fait presque 35 ans que les scientifiques Brown et Goldstein ont remporté le prix Nobel pour avoir découvert comment le cholestérol sanguin jouait un rôle central dans le développement des maladies cardiaques. C’est leur travail qui a conduit l’industrie pharmaceutique à développer des statines.
Ce sont des médicaments qui abaissent le cholestérol et qui réduisent à la fois les crises cardiaques et la longévité, quelques années après la prescription. Nous reviendrons plus tard sur cet impact et la fiabilité de ces données. En 1996, Goldstein et Brown avaient prédit en toute confiance que nous pourrions sans doute assister la fin des maladies cardiaques avant le début du 21ème siècle [2].
Cependant, leur prophétie ne s’est jamais réalisée. Au contraire, la longue campagne menée depuis plusieurs décennies pour faire baisser le taux de cholestérol par l’alimentation et les médicaments a complètement échoué à enrayer la pandémie mondiale de maladies cardiaques. En effet, les maladies cardiaques restent la principale cause de mortalité dans le monde occidental et le Royaume-Uni a récemment vu ses taux de mortalité augmenter pour la première fois en 50 ans [3].
La communauté médicale au sens large sait toujours peu ou comprend mal que la résistance à l’insuline, liée à un excès de graisse corporelle, soit le facteur de risque le plus important pour les crises cardiaques [4]. C’est également un signe clair de diabète de type 2 imminent. Une maladie qui représente désormais le plus coût pour le NHS, comptant environ pour 10% de son budget.
La bonne nouvelle étant que la résistance à l’insuline peut être efficacement combattue par une combinaison de changements d’habitudes alimentaires, d’activité physique modérée et de réduction du stress psychologique [5].
Malheureusement, nous restons piégés dans un modèle imparfait de maladie cardiaque, qui favorise les régimes faibles en gras et riches en glucides et le remplacement des graisses saturées par des graisses polyinsaturées. Ceci, malgré le fait que, lors d’essais menés dans plusieurs essais contrôlés randomisés (ECR) (considérée comme la preuve la plus aboutie), aucun avantage réel n’a jamais été observé dans la réduction des graisses saturées, ni même dans leur remplacement par des graisses polyinsaturées et ce, malgré des réductions significatives du cholestérol sanguin. En fait, ces recommandations diététiques pourraient même avoir causé des dommages, comme le soulignent deux cardiologues dans un article cinglant revu par des pairs récemment publié dans Evidence Based Medicine Journal du BMJ [6].
Les auteurs soulignent également que deux essais ont en réalité révélé une augmentation des taux de mortalité dans le groupe qui a réduit le cholestérol par rapport à celui qui ne l’a pas fait. La professeure Rita Redberg, cardiologue et rédactrice en chef du Département de médecine interne de la JAMA, fait remarquer avec pertinence que «le cholestérol ce n’est qu’un numéro de laboratoire, qui se soucie de réduire son taux de cholestérol si cela ne se traduit pas par un bénéfice pour les patients ? [7] »
Pourtant, la peur du cholestérol est très présente dans l’esprit des médecins et du grand public. Un message qui a été porté avec enthousiasme par une industrie, pesant plusieurs milliards de dollars, qui s’est spécialisée sur la réduction du cholestérol en diminuant les matières grasses. L’année prochaine, il est prévu que les recettes totales tirées de la vente de médicaments de type statines pour faire baisser le cholestérol pourraient atteindre 1 000 milliards de dollars US [8].
Tout cela soulève une question importante. Un taux de cholestérol élevé est-il vraiment un facteur de risque de maladie cardiaque?
L’hypercholestérolémie est apparue comme un facteur de risque de maladie cardiaque lors de l’étude sur le cœur de Framingham, qui a étudié cinq mille personnes dans la ville de Framingham, près de Boston, pendant plusieurs décennies à partir de 1948.
Cependant, ce que la plupart des étudiants en médecine, des universitaires, des médecins et le grand public ignorent, c’est que c’est uniquement les personnes présentant un taux de cholestérol total très élevé, supérieur à 10 mmol / l (> 380 mg / dL), qui étaient plus susceptibles de mourir maladies cardiaques.
À l’autre bout du spectre, les personnes ayant un faible taux de cholestérol inférieur à 3,8 mmol / l (<150 mg / dL) présentaient un risque plus faible de maladie cardiaque – bien qu’elles ne vivent pas plus longtemps que celles qui ont des taux plus élevés. Pour les 90% restants de la population, le cholestérol total n’avait aucune valeur prédictive. [9]
L’association entre maladie cardiaque et taux de cholestérol était si faible que William Castelli, l’un des codirecteurs de Framingham, déclara dans le journal médical Atherosclerosis en 1996 que si le cholestérol LDL (communément appelé «mauvais» cholestérol) était supérieur à 7,8 mmol / L (300 mg / dl) « il n’avait aucune valeur en soi pris séparément pour prédire les individus qui présentent un risque de développer une maladie coronarienne » [10]
Pourtant, malgré cela, les recommandations actuelles des médecins du monde entier mettent en garde contre un LDL supérieur à 3 3 mmol/L. Et pour ceux qui souffrent de crises cardiaques, la «cible» est de maintenir le cholestérol total encore plus bas et un taux de LDL inférieur à 2 mmol / L. Ce genre d’objectif cible ne reposent pas sur des preuves solides, mais servent à garantir que nous prescrivions des médicaments pour traiter le cholestérol auprès de dizaines de millions de personnes supplémentaires.
Pour la majorité des personnes dont le cholestérol LDL est supérieur à 7,8 mmol / L, cette valeur s’applique aux personnes nées avec une maladie connue sous le nom d’hyperlipidémie familiale, qui affecte environ 1 personne sur 250. Mais il est intéressant de noter que même dans ce groupe, 50% des hommes et 70% des femmes, même sans traitement, ne développeront PAS une maladie cardiaque prématurée. Au cours des deux dernières années, j’ai vu personnellement trois patientes toutes âgées de plus de 50 ans qui avaient fait vérifier leur cholestérol pour la première fois découvrant un LDL pouvant atteindre 15 mmol / L, mais qui étaient par ailleurs en bonne santé et sans marqueurs de résistance à l’insuline. L’imagerie révéla que toutes avaient des artères complètement normales, démontrant que pour ces trois personnes âgées de plus de 50 ans, de hauts niveaux de cholestérol ne leur causait aucun problème particulier.
Les médecins qu’elles avaient vus précédemment avaient insisté pour qu’elles prennent absolument des statines ou un autre médicament hypocholestérolémiant. En fait, un éminent spécialiste du cholestérol basé à Londres a déclaré à l’une d’entre-elles que si elle ne prenait pas de statine, son pronostic était similaire à celui d’une personne atteinte d’un cancer en phase terminale.
Après m’avoir rencontré, elle a été soulagée de n’avoir aucun symptôme de maladie cardiaque. Mais elle était également fâchée d’avoir été mal informée par un «expert» du secteur. Malheureusement, une telle désinformation de la part des praticiens n’est qu’une partie d’un problème bien plus important.
Le professeur de médecine et de statistique de l’Université Stanford, John Ioannidis, qui a étudié le sujet en détail, a constaté que soixante-dix pour cent des professionnels de la santé échouent aux tests sur leur compréhension de la médecine fondée sur les faits [11]. Par conséquent, leurs conseils aux patients sont fatalement imparfaits.
C’est aussi Ioannidis qui a écrit un article intitulé «Pourquoi la plupart des résultats de recherche sont faux» [12].
Selon lui, l’une des principales causes de la recherche peu fiable réside dans le fait que «plus l’intérêt financier dans un domaine donné est grand, plus les résultats de la recherche seront vraisemblablement faux». Les «preuves» sont alors transmises de manière incorrecte aux patients. Pas étonnant que mon patient soit en colère.
Ce ne sont pas seulement les intérêts financiers qui biaisent les résultats de la recherche, mais aussi l’orgueil intellectuel du médecin. Le regretté professeur David Sackett, père du mouvement de la médecine fondé sur des preuves scientifiques, a déclaré: «Cinquante pour cent de ce que vous apprendrez à l’école de médecine s’avérera soit dépassé, soit complètement faux d’ici cinq ans, le problème est que personne ne peut vous dire quelle moitié, par conséquent, vous devez apprendre à apprendre par vous-mêmes. » Au cours des 30 dernières années, 44 essais contrôlés randomisés ont révélé qu’il n’y avait pas de lien entre une alimentation ou divers traitements de médicaments dont l’objectif était de réduire le cholestérol et un quelconque bénéfice de mortalité cardiovasculaire. Le plus surprenant étant la récente étude ACCELERATE qui a porté sur plus de 12 000 patients à haut risque de maladie cardiaque et qui n’a révélé aucune réduction de crise cardiaque, d’AVC ou de décès en dépit d’une réduction de 37% du cholestérol LDL [13].
Mais combien de médecins se tiennent vraiment au courant des derniers résultats ? Beaucoup défendront le dogme de la diminution du taux de cholestérol auprès de leurs patients les plus curieux en affirmant qu’ils ne font que suivre les directives, sans savoir que celles-ci sont basées sur des recherches partiales souvent écrites par des scientifiques ayant des liens financiers personnels ou institutionnels étroits avec l’industrie [14].
Pour ternir encore davantage le tableau, en 2016, une revue systématique n’a révélé aucune association entre le cholestérol LDL et les maladies cardiaques chez les plus de 60 ans et une association inverse avec la mortalité toutes causes confondues, autrement dit, plus votre cholestérol est élevé dans ce groupe d’âge, plus longtemps il vivrait [15].
Cela ne devrait pas être une grande surprise. Le cholestérol est une molécule vitale qui remplit de nombreuses fonctions, notamment la fabrication d’hormones sexuelles, le maintien de la structure des membranes cellulaires et joue également un rôle positif dans le système immunitaire, protégeant potentiellement les patients âgés des infections pulmonaires et gastro-intestinales mettant leur vie en danger.
Malgré tout, je dois rassurer les patients âgés qui ont été effrayés par leur médecin de famille en ce qui concerne leur taux de cholestérol élevé. J’essaie de leur assurer qu’ils n’ont rien à craindre. En fait, il est statistiquement plus probable qu’ils vivent plus longtemps que s’ils avaient la malchance d’avoir un niveau bas.
A moins d’avoir subit une crise cardiaque, Il est également clair que les médicaments de type statines n’ont aucun bénéfice en termes de mortalité cardiovasculaire chez les plus de soixante-quinze ans, et les données réelles révèlent une légère AUGMENTATION du taux de mortalité pour ceux qui se sont vus prescrire des statines dans ce groupe d’âge [16].
Mais qu’en est-il des effets secondaires?
En 2013, un conflit amer a éclaté après la publication par le British Medical Journal (BMJ) de deux articles, dont l’un fut un commentaire sur moi-même. J’avais souligné la façon dont la profession avait diabolisé à tort les graisses saturées et que nous devrions mettre davantage l’accent sur la réduction du sucre et des glucides raffinés. L’autre était une nouvelle étude de données sur les statines, financée par l’industrie, qui a montré que la prise de ce médicament ne présentait aucun avantage significatif pour les personnes à faible risque de maladie cardiaque [17].
Par coïncidence, les deux articles citaient en commun une étude indiquant que près de vingt pour cent des patients prenant des statines avaient subit des effets indésirables inacceptables en l’espace d’un an. Sir Rory Collins, codirecteur du service des essais cliniques à l’Université d’Oxford et le professeur de médecine de la British Heart Foundation ont exigé la rétractation immédiate des articles, affirmant que les effets indésirables avaient été grossièrement exagérés.
Il a annoncé qu’il était profondément préoccupé par le fait qu’une telle campagne de peur entraînerait la mort de patients arrêtant le médicament. Il a informé le journal The Guardian en 2014 «qu’il n’y a qu’un ou deux effets secondaires problématiques bien documentés, une myopathie et une faiblesse musculaire survenues chez une personne sur 10 000 et qu’il y avait une légère augmentation du risque de diabète.» [18]
À la suite d’un examen indépendant effectué par la rédactrice en chef du BMJ, Fiona Godlee, il a été décidé à l’unanimité que rien ne justifiait une rétractation.
Il est important de noter que l’on estime que le département du professeur Collins a reçu plus de cent millions de livres de financement de sociétés pharmaceutiques fabriquant des statines. Ceci peut sans risque être considéré comme un conflit d’intérêts flagrant, mais bizarrement cela n’a jamais été rapporté par aucun média respectable [19].
Le plus extraordinaire est sans doute l’enquête du Sunday Times en 2016. Celle-ci a révélé que le professeur Collins était le co-inventeur d’un test génétique indiquant la sensibilité à la douleur musculaire causée par la prise de statines. Ce test, appelé statin smart, était commercialisé et vendu directement au consommateur aux États-Unis. L’affirmation était que «29% de tous les utilisateurs de statines vont souffrir de douleurs musculaires, d’une faiblesse ou de crampes». Collins a déclaré que ce chiffre était trompeur. Cependant, la société Boston Heart Diagnostics – à qui l’on avait accordé une licence exclusive pour le brevet déposé par Collins lui-même en 2009 – s’en tenait à leurs revendications. Ils ont cité un groupe de travail américain sur la sécurité des statines qui avait conclu que les essais cliniques, tels que ceux que Collins avait menés, n’étaient pas fiables, car les patients présentant des effets secondaires étaient souvent exclus [20].
En outre, une demande d’accès à l’information a révélé que l’Université d’Oxford avait reçu plus de 300 000 £ de la vente de Statin Smart et du département Collins, l’unité de service des essais cliniques de plus de 100 000 £. Cela ne s’invente pas.
L’ancien président du Collège royal des médecins, Sir Richard Thompson, m’a déclaré: «À mon avis, ces conflits d’intérêts et l’incidence réelle des effets secondaires des statines doivent faire l’objet d’une enquête complète et publique. »
L’une des raisons de la controverse sur le taux réel d’effets secondaires tient au fait que des chercheurs indépendants n’ont pas pu accéder aux données brutes issues des essais sur les statines. Ceci est une partie cruciale de la résolution du problème des statines et du cholestérol, comme pour tous les médicaments.
En 2014, on a appris que le Royaume-Uni avait gaspillé près d’un demi-milliard de livres sterling dans le stockage d’un traitement contre la grippe, Tamiflu. Les universitaires de la collaboration Cochrane ont analysé des dizaines de milliers de pages de données de patients de la société pharmaceutique Roche. Après avoir finalement été autorisé à accéder à ces données brutes, ils ont conclu que le médicament n’était pas plus efficace que le paracétamol. Cependant, cela pourrait provoquer des effets secondaires graves tels que l’insuffisance rénale.
John Abramson, expert en contentieux pharmaceutique de Harvard, a déclaré: «Les médecins et les patients doivent prendre une décision commune pour décider si de la statine doit être prescrite sur des données biaisées et sélectionnées qui, en soi, ne sont pas transparentes. Ce n’est pas seulement de la mauvaise science, c’est aussi éthiquement douteux. »
Plutôt que d’accepter un examen plus minutieux, des cardiologues très influents s’attaquent à ceux qui doutent des avantages des statines. Ceux qui croyaient que les effets secondaires sont beaucoup plus fréquents sont dénoncés comme des vendeurs ambulants de «fausses nouvelles» ou de «fausses sciences». Ils sont comparés aux «anti-vaccins». Une cardiologue, Ana Navar, a même écrit dans un éditorial récent de JAMA Cardiology que les craintes inappropriées concernant les effets secondaires des statines provenaient des blogueurs bien-être présents sur les médias sociaux et que «des vies perdues à cause de préoccupations inappropriées concernant les statines pourraient se chiffrer en millions », mais cette affirmation n’est pas fondée sur aucune preuve. La littérature sur les effets secondaires et le taux d’abandon remarquablement élevé proviennent de sources très crédibles [21].
Aux États-Unis, la plus grande enquête sur les statines révèle que 75% des personnes sous ordonnance arrêtent le traitement dans l’année suivant la prescription, parmi elles, 62% citent dles effets indésirables comme raison de cet abandon.
Même en 2002, alors qu’il n’y avait ni médias sociaux, ni public sur les effets secondaires des statines, un article paru dans JAMA avec plus de 40 000 patients révèle que 60% des patients de plus de 65 ans, victimes d’une crise cardiaque arrêteront le traitement dans les 2 ans [22].
Même le Collège Américain de Cardiologie a publié un article en ligne en 2015 intitulé «L’intolérance aux statines, n’est pas un mythe», estimant un taux d’authentique effet secondaire pouvant atteindre 15%. En plus d’expliquer que plus de 300 médicaments sont connus pour interagir avec les statines, les auteurs ont déclaré que les médecins devraient être informés des facteurs de risque les plus courants associés à l’intolérance aux statines. Ceux-ci comprenaient des doses plus élevées, des femmes de plus de 70 ans, une carence en vitamine D, des maladies du rein et du foie, un abus d’alcool, l’appartenance ethnique asiatique, un faible indice de masse corporelle, des prédispositions génétiques et une activité physique excessive [23]. Cependant, Collins insiste sur le fait qu’il n’existe qu’un ou deux problèmes documentés avec les statines, avec des effets secondaires graves affectant une personne sur 10 000.
Un éminent médecin américain travaillant avec l’industrie pharmaceutique qui ne veut pas être nommé m’a dit: «le degré de collusion et l’intérêt financier des statines et de la théorie du cholestérol sont tellement énormes qu’il ne peut pas échouer»
Ce chercheur m’a également dit que c’était au moins deux sociétés pharmaceutiques qu’il avait consultées car, dans de rares cas, les statines étaient directement responsables d’un état neurologique dégénératif irréversible appelé sclérose latérale amyotrophique (SLA); un état semblable à celui qui a affecté Stephen Hawking.
«Nous avons des données selon lesquelles des milliers de personnes ont développé la SLA à cause des statines», m’a-t-il dit. «Comment dors-tu la nuit?» Lui ai-je demandé. Il m’a dit qu’il avait une hypothèque à payer et étant à l’intérieur, il espérait pouvoir convaincre les sociétés pharmaceutiques de se comporter de manière plus éthique.
L’année dernière, Beatrice Golomb, chercheuse pleine de ressources dans le domaine des effets secondaires des statines, a publié avec ses collègues un article révélant une multiplication par cinquante de la SLA en développement chez les patients sous statines. Heureusement, il s’agit d’une maladie rare qui touche 2 personnes sur 100 000 par an. Toutefois, si des dizaines de millions de personnes prennent des statines, il y en aura des milliers qui développeront sans aucun doute cette condition terminale [24].
Alors, quelle est l’efficacité des statines dans la prévention et le traitement des maladies cardiaques?
Quand on supprime les RP et le battage publicitaire financés par l’industrie, les résultats sont plutôt décevants.
En 2015, une nouvelle étude publiée dans BMJ Open a révélé que, bien que des dizaines de millions de personnes se soient vu prescrire des statines dans de nombreux pays européens, rien n’indique que cela ait eu un effet sur la mortalité cardiovasculaire sur une période de douze ans [25].
Si vous enlevez les parties changeantes des essais sur les statines, les données révèlent que même chez ceux qui ont une maladie cardiaque avérée, les avantages sont minimes. Même dans ce groupe à haut risque, l’augmentation moyenne de l’espérance de vie résultant de la consommation religieuse du médicament pendant cinq ans est un petit « quatre jours » [26].
Si vous combinez cela avec le fait que plus de cinquante pour cent arrêtent tout simplement de prendre le médicament au bout de deux ans, il est facile d’expliquer pourquoi il n’ya eu aucun bénéfice perceptible pour la population. Malgré cela, la presse et le public reçoivent des déclarations non fondées selon lesquelles les statines « ont un bon profil d’innocuité, il existe des effets secondaires rares, et ils sont assez bien tolérés », tel que celui du directeur de l’Unité de la santé de la population du Conseil de recherches médicales, également Professeur d’université d’Oxford, Colin Baigent. Un exemple parlant pour dire que l’éminence et l’ignorance triomphent des preuves.
Certains chercheurs hautement crédibles se demandent même s’il existe un avantage réel des médicaments à base de statine chez ceux qui ont déjà une maladie cardiaque.
Michel De-Lorgeril, éminent cardiologue français, souligne que depuis l’introduction de réglementations plus strictes en matière de compte rendu des essais cliniques en 2006, une seule statine, la rosuvastatine, a été testée au cours d’essais cliniques. Il n’a démontré aucun bénéfice du tout dans quatre essais, et ceux-ci incluaient un nombre significatif de patients présentant une maladie cardiaque établie [27].
Le professeur Luis Correia, cardiologue, et directeur du Centre de recherche scientifique au Brésil, m’a confié: «il serait très utile de refaire les tests sur les statines en toute indépendance chez les patients souffrant de crises cardiaques pour voir quels sont réellement les bénéfices – en général il serait important et intéressant de reproduire de manière indépendante tous les concepts qui ont été validés et financés initialement par l’industrie. »
La présentation de données trompeuses ou potentiellement faussées, biaise également l’essentiel de la pratique de la médecine fondée sur des preuves, celle-ci consiste à veiller à ce que les préférences et les valeurs des patients soient prises en compte. Cela ne peut se produire que si les informations sur les drogues leur sont communiquées de manière transparente.
Tony Royle, ancien pilote de Virgin Atlantic et maintenant survivant d’une crise cardiaque, a décidé de changer son régime alimentaire pour adopter un régime méditerranéen très pauvre en glucides et riche en graisses et de laisser tomber les pilules après avoir réalisé que les effets positifs absolus des statines étaient faibles. L’atorvastatine avait également provoqué chez lui de terribles effets secondaires, notamment des douleurs musculaires, de la fatigue, des troubles de la mémoire et un dysfonctionnement érectile.
Tony, désormais professeur de mathématiques et de physique au niveau A-Leve, n’en revient pas de la manière dont on lui a présenté les informations. Lorsqu’il a examiné la recherche lui-même, il a découvert que les patients victimes d’une crise cardiaque avaient une chance sur 83 de retarder la mort et une chance sur 39 d’empêcher une crise cardiaque fatale en prenant le médicament pendant des années [28].
Chez les personnes sans maladie cardiaque, il n’a constaté aucune augmentation de l’espérance de vie et moins de 1% de chance d’éviter une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral mineur.
En 2009, Gerd Gigerenzer, directeur du Harding Centre for health literacy écrivait dans un bulletin de l’Organisation mondiale de la santé que c’était un «impératif éthique» que tous les patients reçoivent des informations transparentes sur les avantages des médicaments. Mais dix ans plus tard, cela ne fait toujours pas partie de la pratique clinique.
Le British Journal of General Practice a récemment publié une étude extraordinaire révélant que la très grande majorité des patients à faible risque et même de nombreux patients à haut risque choisiraient de NE PAS prendre de statine lorsqu’on leur dira le bénéfice absolu, même sans mentionner les effets secondaires [29].
Contrairement à M. Smith, l’imagerie coronarienne la plus récente de Tony ne montre aucune progression d’un rétrécissement de 50% dans une autre artère. Au lieu de cela, le rétrécissement légèrement réduit en taille a montré un renversement possible du processus bien qu’il n’ait pris aucune pilule au cours des trois dernières années.
La différence entre les deux hommes est qu’il était clair que M. Smith n’avait pas solutionné les vingt années de stress très élevé qui avaient précédé sa crise cardiaque et qu’il avait continué dans le même état. Il a décrit son niveau de stress comme étant huit sur une échelle de zéro à dix. J’ai suggéré la méditation de pleine conscience et un régime méditerranéen pauvre en glucides transformés. Il s’est décidé pour abandonner les suppléments dont il avait besoin pour son régime végétalien pauvre en nutriments et de manger du poisson et des œufs à nouveau.
À la fin de la consultation, son épouse, qui l’avait accompagné, a avoué qu’elle jouait un rôle très important en tant que représentante pharmaceutique dans le cadre d’un essai historique sur les statines. «Nous avons tous subi un lavage de cerveau sur les avantages du médicament, dont je me rends compte aujourd’hui qu’ils sont marginaux», a-t-elle déclaré. S’il vous plaît, n’arrêtez pas de faire votre travail pour exposer cela. »
Nous continuons d’avoir une épidémie de médecins mal informés et de patients mal informés et inconsciemment trompés et laissés. Cela tient en grande partie à une industrie multi-milliardaire de l’alimentation et des médicaments qui profite de la peur du cholestérol.
Il est maintenant temps de mener une enquête parlementaire complète pour obtenir les données brutes sur les statines, déterminer qui en profite vraiment et déterminer qui a manipulé et dissimulé des données sur les effets secondaires affaiblissants qui pourraient affecter près de la moitié des patients. Jusque-là, nous ferions mieux de concentrer les ressources de santé sur la véritable cause première des maladies cardiovasculaires en donnant la priorité aux changements de mode de vie. Il est enfin temps de cesser de tomber pour le bon cholestérol et la statine.
[1] https://inews.co.uk/news/health/statins-review-nhs-government-chief-medical-adviser-norman-lamb/
[2]https://science.sciencemag.org/content/272/5262/629.long
[3] https://www.bbc.co.uk/news/articles/cd4vr7lvrvmo
[4] https://care.diabetesjournals.org/content/32/2/361
[5] https://bjsm.bmj.com/content/51/15/1111
[6] https://ebm.bmj.com/content/early/2019/07/10/bmjebm-2019-111180.info
[7] https://www.youtube.com/watch?v=Fi6lPviezis
[8] https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/1787389
[9] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27998881
[10] https://www.atherosclerosis-journal.com/article/0021-9150(96)05851-0/pdf
[11] https://www.atherosclerosis-journal.com/article/0021-9150(96)05851-0/pdf
[12] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28881000
[13] https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.0020124
[14] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28799819
[15] https://www.theguardian.com/commentisfree/2015/feb/01/nhs-drugs-companies-wasting-money-trials-nice
[16] https://bmjopen.bmj.com/content/6/6/e010401
[17] https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2628968
[18] https://www.bmj.com/content/347/bmj.f6123
[20] http://www.zoeharcombe.com/2014/08/ctsu-funding-from-drug-companies/
[21] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/m/pubmed/12132976/
[22] https://www.thetimes.co.uk/article/statins-expert-in-row-over-level-of-risk-to-patients-gmd30wqvj
[23] https://jamanetwork.com/journals/jamacardiology/article-abstract/2736328
[24] https://www.acc.org/latest-in-cardiology/articles/2015/08/11/09/16/statin-intolerance-not-a-myth
[25] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29427042
[26] https://bmjopen.bmj.com/content/6/3/e010500
[27] https://bmjopen.bmj.com/content/5/9/e007118
[28] https://jcbmr.com/index.php/jcbmr/article/view/11
[29] https://inews.co.uk/news/health/statins-patients-ireland-study-doctors-information/
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