Depuis la décision du départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, les États membres ont été invités à augmenter leurs contributions au budget de Bruxelles, pour combler la différence. Dans une déclaration à la presse, dans laquelle la question des taxes sur le plastique avait été posée, le commissaire allemand au Budget de l’UE, Günther Oettinger, a également ajouté que l’union « devrait tirer des leçons des résultats positifs que nous avons constatés dans des pays comme l’Irlande. Après l’introduction d’une taxe sur les sacs en plastique, le pays a généré 200 millions d’euros sur une période de 12 ans et a également réduit la présence de déchets des sacs en plastique de 5% à 0,13% ». Après plusieurs oppositions contre l’idée d’une taxe générale sur le plastique, la Commission européenne n’a pas inclus l’idée dans un communiqué de presse mardi. Il souligne toutefois les efforts législatifs importantes déjà engagées pour réduire les déchets de sacs plastiques.
Bruxelles n’est cependant pas le seul à avancer sur ce sujet. Theresa May a peut-être omis de parler de l’augmentation des recettes fiscales, mais elle a insisté sur le fait que taxer les produits en plastique contribuerait à protéger l’environnement. May a souligné qu’elle voulait voir des rayons de supermarchés sans plastique et a ajouté: « Dans les années à venir, je pense que les gens seront choqués de voir comment aujourd’hui nous permettons que trop de plastique soit produit inutilement ».
Les groupes écologistes encouragent les deux côtés, vu que les sacs en plastique ont longtemps été considérés comme un facteur qui nuit plus à l’environnement que leurs alternatives. Cependant, en regardant de plus près, cette réponse n’est pas du tout concluante.
Dans sa citation, le commissaire européen Oettinger a évoqué l’exemple de l’Irlande, qui a introduit une taxe sur les sacs en plastique il y a quelques années. Dans une recherche publiée en 2008 par le Bureau des recherches législatives du Connecticut, il a été établi que la mesure avait des conséquences inattendues. Il note que les supermarchés ont connu une forte augmentation des sacs poubelles en particulier. Dans un article de l’Irish Examiner daté du 23 janvier 2003, le journal avait noté que les détaillants dans l’alimentation avaient connu une augmentation de 77% de la vente de sacs poubelles, alors que les ventes des autres paquebots (es-tu sûr d’avoir utilisé le bon mot ici ? un « paquebot » c’est un grand bateau et je ne vois pas le rapport ici) ont augmenté de 75%. Les fabricants de sacs en plastique faisaient travailler les travailleurs à double vacation afin de répondre à une augmentation de la demande allant jusqu’à 400 pour cent.
Cette expérience irlandaise a fait qu’en 2005, un « impact assessment » (une étude d’impact) en Écosse a conclu que tous les sacs en plastique devraient être taxés (y compris ceux qui sont biodégradables), mais qu’il y aurait en effet une forte augmentation des ventes de sacs poubelles, qui serait inévitable. En Australie, une étude gouvernementale a estimé que les ventes de sacs poubelles augmenteraient, dépendant des mesures, de 50 à 80%.
Si la réduction de la consommation de sacs en plastique est compensée par une augmentation considérable des ventes de sacs poubelles, qui ont besoin de plus d’énergie et de pétrole brut pour être produits, l’impact environnemental devrait déjà être discutable. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
En 2011, l’Agence britannique pour l’environnement a publié un rapport sur l’impact environnemental, l’utilisation et la réutilisation des sacs en plastique et de leurs alternatives. Le rapport a souligné que: « Les résultats avaient pour but d’éclairer les décisions politiques concernant les sacs en plastique et de permettre la prise de décision ». (p.69) En fin de compte, le gouvernement britannique a fait exactement l’inverse. Le rapport indique que le « potentiel de réchauffement planétaire » de chaque sac signifiait que, pour être efficaces, les sacs en papier devraient être réutilisés 4 fois et les sacs en coton 173 fois (p.33). Toutefois, le même document place la réutilisation des sacs en papier à « usage unique » et des sacs en coton à 52. Cela signifie que même si les consommateurs étaient très sensibilisés à cette question et doublaient la réutilisation de leurs sacs en coton et en papier, l’impact environnemental serait quand même aggravé. Cela signifie que notre utilisation de sacs alternatifs est en fait pire pour l’environnement que le sac en plastique ordinaire.
Demander à un groupe d’expert de vous élaborer un rapport, puis en ignorer complètement les résultats, comme l’a fait le gouvernement britannique, est un choix discutable.
La politique publique fonctionne de la même manière que les choix que les individus font dans un magasin : les options choisies viennent au détriment de votre meilleure alternative. Cela est le concept du coût d’opportunité. Le même concept s’applique pour la législation concernant les sacs en plastique. Personne ne prétend que les sacs en plastique sont bons pour l’environnement et, pourtant, ignorer l’impact environnemental des alternatives, juste pour mettre en œuvre une sorte politique publique de mise en scène, n’est pas le chemin que nous devrions emprunter.
Il va de soi que lorsque nous parlons de l’impact de la politique publique sur le comportement des consommateurs, nous devons examiner le comportement réel des consommateurs pour déterminer si notre politique est bonne ou mauvaise. Parce que si nous ne faisons pas cela, nous agissons simplement sur des sentiments subjectifs.
Les taxes sur les sacs en plastiques dans l’UE et le Royaume-Uni ne sont pas une politique efficace ou écolo. En effet, non seulement elles représentent un inconvénient pour les consommateurs, mais leur impact environnemental positif n’est pas établi.
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