Une lettre envoyée par des scientifiques suite à l’invitation de Vandana Shiva par le groupe Students for a Sustainable Stanford
A:
Chris Field, Professor for Interdisciplinary Environmental Studies, Director, Woods Institute for the Environment
Cc:
Marc Tessier-Lavigne, President, Stanford University
Persis Drell, Provost, Stanford University
Christine Black, Communications Director, Woods Institute
Michelle Horton, Communications and Knowledge Manager, Woods Institute
Charlie Hoffs and Shikha Srinivas, Students for a Sustainable Stanford and the Stanford Woods Institute for the Environment, event sponsor of the 8th Annual Stephen H. Schneider Lecture – Dr. Vandana Shiva – “Soil not Oil.”
13 décembre 2019
Cher Monsieur Field,
nous sommes des spécialistes des sciences de la vie et des sciences sociales, auteurs de nombreuses publications scientifiques sur l’agriculture, l’alimentation et les biotechnologies.
Il est possible que vous ne soyez pas au courant de l’utilisation constante par Vandana Shiva d’une rhétorique anti-science pour soutenir des positions non-éthiques. Nous sommes très surpris qu’une institution fondée sur la recherche scientifique et inspirée par l’éthique décide de l’inviter en tant que conférencière.
Les paragraphes suivants regroupent quelques-unes de ses positions anti-scientifiques, anti-sociales et finalement nuisibles à la cause qu’elle prétend défendre :
- Son incroyable tendance au non-sens : à ce propos, nous citons sa déclaration absurde concernant le fonctionnement supposé des technologies de restriction de l’utilisation génétique (TRUG), tirée de son livre Stolen Harvest [1](p. 82-83) : « Les biologistes moléculaires sont en train d’examiner le risque que le gène Terminator, échappé du génome des cultures dans lesquelles il a été intentionnellement incorporé, puisse se transmettre à des cultures voisines à pollinisation libre ou à des espèces sauvages apparentées présentes dans les champs voisins. Compte tenu de l’étonnante capacité de la Nature de s’adapter et du fait que cette technologie n’a jamais été testée à grande échelle, la possibilité que le gène de stérilité Terminator puisse se transmettre aux cultures voisines ou à l’environnement naturel DOIT être prise au sérieux. La diffusion progressive de la stérilité dans les semences entraînerait une catastrophe mondiale qui pourrait à la fin éliminer de la planète les formes de vie plus élevées, y compris l’homme. » Ces mêmes mots se trouvent dans d’autres documents de son site Web.
Il pourrait être nécessaire de lire ces déclarations deux fois, car elles sont trop déconcertantes pour être comprises la première fois. En effet, elle affirme que les graines stériles – qui, bien sûr, ne peuvent pas germer – peuvent propager la stérilité. Un élève de collège avec de telles opinions ne réussirait pas son épreuve de biologie.
Il faut noter que les TRUG sont complètement différentes de la technique de forçage génétique, qui permet, entre autres utilisations, de propager la stérilité dans des populations d’organismes nuisibles (par exemple les moustiques transmettant le paludisme).
- Son ignorance choquante : « La plupart des #OGM sont des cultures qui incluent la #toxine Bt ou des traits de #tolérance aux herbicides (HT). Les toxines sont des poisons. OGM = des plantes produisant des poisons. Les poisons ne font pas partie de l’alimentation. » www.twitter.com/drvandanashiva/status/440363765821747200
Quelqu’un devrait lui expliquer que les protéines Bt sont toxiques pour certaines classes d’insectes clairement identifiées (les phytoravageurs), mais elles ne le sont pas pour les poissons, les oiseaux, les mammifères (www.ucbiotech.org/answer.php?question=31). Ce même sujet est également abordé dans les publications scientifiques citées en réponse à son post délirant, et en particulier, dans une étude « classique » qui précise que les plantes produisent naturellement des substances pour se défendre contre les organismes nuisibles et que 99,99 % des pesticides présents dans les aliments sont naturels et inoffensifs pour l’homme.
- Sa propension à insulter : « Soutenir que les agriculteurs devraient être libres de cultiver des OGM susceptibles de contaminer les produits des fermes biologiques revient à dire que les violeurs devraient avoir la liberté de violer. » (www.twitter.com/drvandanashiva/status/287397046447640576).
Elle compare les agriculteurs, qui cultivent des semences scientifiquement et légalement reconnues comme sûres, aux violeurs ! C’est une insulte grotesque adressée à des millions d’agriculteurs honnêtes qui aspirent à utiliser les technologies innovantes pour cultiver leurs produits de manière durable et efficace. Naturellement, son abus scandaleux a suscité de nombreuses réactions de colère (voir les réponses à son post).
- Son rejet des technologies qui aident les agriculteurs (principalement des femmes et des enfants) à atténuer le travail fatigant et pénible du désherbage manuel : « Les Indiennes désherbent sélectivement à la main, préservant ainsi notre biodiversité. » (www.navdanya.org/attachments/Food_Sovereignty4.pdf – photo et légende à la page 21.)
C’est une déclaration absurde : le désherbage vise précisément à éliminer la « biodiversité » végétale nuisible qui étouffe les cultures des champs.
- Et enfin, une déclaration ridicule : « Les engrais n’auraient jamais dû être autorisés dans l’agriculture » a-t-elle déclaré en 2011. « Je pense qu’il est temps de les interdire. Il s’agit d’une arme de destruction massive. Leur utilisation est comme la guerre, car ils sont issus de la guerre. » Citation sur www.newyorker.com/magazine/2014/08/25/seeds-of-doubt et sur d’autres sites web.
Il faudrait lui demander si elle va interdire la métallurgie, puisqu’elle a été utilisée pour forger les canons…
Nous vous rappelons enfin les cas d’ironie engendrés par l’invitation de Vandana Shiva à promouvoir ses positions anti-scientifiques et anti-sociales à Stanford :
le premier concerne l’invitation de Vandana Shiva par le groupe Students for a Sustainable Stanford, car son point de vue est manifestement, et sans aucun doute, non-durable. Ses idées sur l’agriculture la relègueraient à une activité primitive, peu rentable et inefficace.
Deuxièmement, le codécouvreur en 1973 de la technologie de l’ADN recombinant, la technique moléculaire préliminaire et emblématique du génie génétique, a été le biochimiste de Stanford, Stanley N. Cohen, qui est encore actuellement professeur de génétique et de médecine auprès de l’université. L’invitation de Vandana Shiva à Stanford est un affront au Professeur Cohen et à tous les autres scientifiques de l’université.
Le dernier point, mais non le moindre, est le suivant : Vandana Shiva est connue pour ses gros honoraires exigés pour promouvoir ses opinions mensongères et anti-sociales ; à ce propos, nous voudrions savoir combien l’Université de Stanford va payer pour son invitation.
Nous sommes convaincus que nos remarques motivées seront prises comme une critique constructive par les destinataires de cette lettre, leurs collègues et les étudiants de Stanford.
Malheureusement, aucun d’entre nous sera en mesure d’assister à cet événement pour contester Vandana Shiva directement. Il serait appréciable que cette lettre soit mise à la disposition des participants.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur, nos sentiments les meilleurs.
Giovanni Molteni Tagliabue – Côme (Italie)
Independent researcher in philosophy of life sciences, political science
Klaus Ammann – University of Bern (Suisse)
Professor Emeritus, expert in agri-food biotech regulation
Mahaletchumy Arujanan – Adjunct Lecturer, Monash University (Malaysia)
Executive Director, Malaysian Biotechnology Information Centre
David J. Bertioli – University of Georgia
Georgia Research Alliance Distinguished Investigator and Professor, Institute of Plant Breeding, Genetics and Genomics
Enrico Bucci – Temple University, Philadelphie, PA
Adjunct Professor in Systems Biology, Sbarro Health Research Organization
Trevor Charles – University of Waterloo (Canada)
Professor in the Department of Biology, Director, Waterloo Centre for Microbial Research
Bruce M. Chassy – University of Illinois at Urbana-Champaign
Professor Emeritus, expert in agri-food biotech regulation
Felice Cervone – University of Rome « La Sapienza »
Full Professor, Dept of Biology and Biotechnologies, M.A.E. (Member of Academia Europaea)
Pellegrino Conte – University of Palermo, Italie
Full Professor, Agricultural Chemistry
Gilberto Corbellini – Italian National Research Council
Director, Department of Humanities, Social Science and Cultural Heritage
John Davison – INRA Versailles (France)
Research Director (Emeritus)
Thomas R. DeGregori – University of Houston, Texas
Professor of Economics; Books, articles and field experience in agricultural economic development
Nina Fedoroff – Penn State University
Emeritus Professor of Biology; former President of the American Association for the Advancement of Science (AAAS)
Edgardo Filippone – University of Naples « Federico II »
Full Professor, Department of Agricultural Sciences, Section of Plant Genetics and Biotechnology
- Val Giddings, PhD – PrometheusAB, Inc. (Etats-Unis)
Expert in agri-food biotech regulation
Klaus-Dieter Jany – Wadi International University (Syrie)
Vice-President for Teaching and Research
Jonathan D. G. Jones FRS – The Sainsbury Lab, Norwich, Royaume-Uni
Professor and Senior Group Leader
Drew L. Kershen – University of Oklahoma
Earl Sneed Centennial Professor of Law Emeritus
Marcel Kuntz – University of Grenoble-Alpes, France
Director of Research at Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, Grenoble, France) et
Alan McHughen – University of California, Riverside
Botany and Plant Sciences, expert in agri-food biotech regulation
- J. Leaver CBE FRS FRSE – University of Oxford
Emeritus Professor of Plant Science
Bruno Mezzetti – Marche Polytechnic University, Italie
Full Professor, Dept Agriculture
Henry I. Miller, M.Sc., M.D. – Senior Fellow, Pacific Research Institute
Formerly, Robert Wesson Fellow in Scientific Philosophy and Public Policy, Hoover Institution, Stanford University; Formerly, Consulting Professor, Institute for International Studies, Stanford University
Piero Morandini – University of Milan, Italie
Researcher in Plant Physiology, Environmental Science and Policy Department
Channa Prakash, Tuskegee University
Dean, Arts & Sciences
Sir Richard John Roberts – Chief Scientific Officer, New England Biolabs, Ipswich, MA
1993 Nobel Laureate in Physiology or Medicine
Daniele Rosellini – University of Perugia, Italie
Associate Professor of Agricultural Genetics
Teemu Teeri – University of Helsinki
Professor in Plant Breeding
Donatello Sandroni – PhD in Ecotoxicology
Science Journalist, Italie
Alessandro Vitale – National Research Council (CNR), Milan, Italie
Lead scientist, Institute of Agricultural Biology and Biotechnology
Robert Wager – Vancouver Island University (Canada)
Molecular biology, Biochemistry
Le rôle institutionnel est fourni uniquement à des fins d’identification et ne constitue en aucun cas un engagement de la part de l’institution même.
Voici des liens vers des articles qui contiennent des critiques motivées à propos des positions de Vandana Shiva.
https://geneticliteracyproject.org/2014/08/23/who-is-vandana-shiva-and-why-is-she-saying-such-awful-things-about-gmos-2-2 republié sur www.forbes.com/sites/jonentine/2014/01/29/vandana-shiva-anti-gmo-celebrity-eco-goddess-or-dangerous-fabulist
https://geneticliteracyproject.org/glp-facts/vandana-shiva
www.newyorker.com/magazine/2014/08/25/seeds-of-doubt
http://blogs.discovermagazine.com/collideascape/2013/01/05/vandana-shiva-compares-gmos-to-rape
www.itsmomsense.com/vandana-shiva-fearmongering-in-oregon
http://swarajyamag.com/magazine/lies-lies-and-more-lies
www.hindustantimes.com/comment/manujoseph/activism-and-the-gift-of-delusion/article1-1258334.aspx
[1] Note de traduction : la traduction des citations de Vandana Shiva est uniquement à titre informatif. La version originale est en langue anglaise.
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J’aurais été bien étonné de ne pas voir, dans la liste des signataires, l’inénarrable Monsieur Kunz !
Mais malgré cela, je soutiens le 3ème paragraphe que vous attribuez à Vendana Shiva et je soutiens les producteurs BIO, dont mes enfants !
Je crois comprendre qu’il s’agit d’un gêne et non d’une graine stérile…
et oui les semences OGM qui se propagent avec le vent sont un gros problème… en plus de la perte d’éléments nutritifs en comparaison avec les graines anciennes gratuites, naturelles, non brevetés, reproductibles à souhait et oui ça dérange les industriels qui ne pensent qu’à se faire du fric et rendre les agriculteurs dépendants.
quand on voit les dégâts causés par les « technologies » https://destyneo.com/recensement-des-victimes-des-injections-experimentales-covid-par-pays/ et l’avidité de ceux qui les vendent https://destyneo.com/les-scandales-des-societes-pharmaceutiques/ il serait bon de faire preuve d’humilité…