Compte tenu de sa production d’électricité à partir du charbon, la Pologne est souvent présentée comme la mauvaise élève européenne des émissions de CO2 (1). Oui, mais elle se soigne, la preuve. La Pologne vient de décider de se tourner vers la production d’électricité d’origine nucléaire bas carbone et pilotable. Pour cela, elle avait le choix entre plusieurs leaders mondiaux du domaine nucléaire Etats Unis d’Amérique, France et Corée du Sud, en excluant évidemment la Russie. La Pologne étant membre de l’Union Européenne, on aurait pu penser et espérer même qu’elle choisirait un leader européen. Et dans ce domaine, depuis plus de 40 ans, la France occupait cette place. « Occupait », à l’imparfait. On pouvait aussi compter sur la proximité historique entre la Pologne et la France pourtant riche et incarnée par Maria Sklodowska-Curie née à Varsovie, physicienne et chimiste naturalisée française, première femme prix Nobel !
Oui mais voilà, depuis 2 quinquennats et 6 mois, l’état français a préféré l’idéologie allemande anti nucléaire et pro ENR, cassant ainsi un des fleurons industriels national et surtout l’image du groupe EDF à l’international, comme au niveau national d’ailleurs. Quand on choisit un fournisseur de plusieurs milliards d’€ ou de $ d’investissement et sur le long terme, on est attentif aux garanties de son fournisseur.
Pour construire une centrale nucléaire, comment faire confiance à un état qui arrête Fessenheim en parfait état de marche, parce que, je cite Mr le Président Macron le 5 septembre dernier « Fessenheim était à la frontière de l’Allemagne qui aujourd’hui n’est pas alignée avec nous sur le nucléaire. » ? Impossible !
De même, les relations entre les 2 états polonais et français se sont dégradées depuis le dernier quinquennat. Membre de l’OTAN et inquiète de son voisin expansionniste russe en Ukraine, la Pologne a finalement préféré les Etats Unis d’Amérique et le groupe Westinghouse pour construire sa première centrale nucléaire. On pourra toujours critiquer la Pologne qui ne joue pas « européen ». La guerre en Ukraine sera une nouvelle fois un bel argument à la rescousse de la dégradation de notre rayonnement français dans le domaine du nucléaire cette fois.
EDF pourra se consoler d’être implanté en Pologne avec son entité EDF Renouvelables (2) pour avoir fait l’acquisition en 2012 de Starke Wind, une société de développement polonaise. Néanmoins, dans le domaine de l’électricité, la qualité de fourniture, la continuité de service et la stabilité d’un réseau électrique ne se bâtissent pas avec des moyens de production aléatoirement intermittents produits en dehors de l’Union Européenne. L’indépendance énergétique d’un pays se construit avec des moyens de production pilotables et bas carbone à forte densité énergétique comme le nucléaire. C’est dans cet état d’esprit que la France avait bâti son parc nucléaire à partir du plan Messmer en 1974. L’idéologie VERTE à l’allemande a balayé tout ça !
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(1) La Pologne est –elle la plus mauvaise élève des émissions de CO2 en Europe ?
Si on regarde en quantité de CO2 émis par la production d’électricité, c’est l’Allemagne qui est le plus gros émetteur de CO2 en quantité, quasiment le double de la Pologne en 2021. Et en 2022, puisque privée de gaz russe va faire tourner au maximum ses centrales au charbon, l’Allemagne va atteindre des sommets. Le CO2 étant comme les Becquerels, il ne s’arrête pas à la frontière, c’est une mauvaise nouvelle vis à vis de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est la logique écolo à défaut d’être éco-logique.
Source : ENTSO-E IPCC
Image par Rudy and Peter Skitterians de Pixabay
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