La transition énergétique allemande a atteint son objectif, à savoir tordre le cou au nucléaire. A mi-année 2023, le temps est au bilan et à la comparaison entre deux logiques, d’une part la logique écolo allemande d’une espérance de 100% renouvelables et d’autre part l’éco-logique française de la réalité d’un 100% bas carbone pour la lutte efficace contre le réchauffement climatique.
Les productions électriques allemandes et françaises sont comparables, 252TWh pour l’Allemagne et 240TWh pour la France.
Par contre, la puissance installée en Allemagne est 1,6 fois plus importante qu’en France, la faute aux énergies renouvelables qui ont des facteurs de charge faibles.
La puissance installée des ENR en Allemagne est 4 fois plus importante, mais les facteurs de charge sont industriellement faibles compris entre 10% pour le solaire en Allemagne jusqu’à 26% pour l’éolien français. Ce qui revient à dire qu’on finance l’installation de moyens de production par des subventions publiques massives pour très peu de production.
La puissance installée des centrales au charbon est 21 fois plus importante en Allemagne et leur production 91 fois plus importante par rapport à la France.
Pour la production électrique allemande, le recours au charbon représente 25% et quasiment rien en France.
La part du solaire et de l’éolien en Allemagne est de 40% mais plus faible que la part des énergies fossiles réunies, gaz, fuel, houille et lignite, très émettrices de CO2, qui représentent en Allemagne 41% de la production totale pour seulement 7% en France.
Malgré 3 fois plus de production d’ENR en Allemagne, évidemment, l’impact carbone de sa production électrique est fortement impacté par l’arrêt du nucléaire et le recours massif aux énergies fossiles. Pour sa production électrique, l’Allemagne émet 8 fois plus de CO2 qu’en France.
La part du gaz en France représente 7% de la production TOTALe. En 2020, la centrale nucléaire de Fessenheim a été arrêtée. En Mars 2022, la nouvelle centrale au gaz de Landivisiau a été démarrée. Si on reportait les 16,7 TWh de gaz produit durant ces 6 premiers mois sur le nucléaire, pratiquement l’équivalent de la production de 4 réacteurs de 900MW, on aurait économisé 10 millions de tonnes de CO2.
16 700 GWh x (592 tonne CO2/GWh de gaz – 5 Tonnes CO2/GWh de nucléaire) = 10 millions de tonnes de CO2 évitées)
900MW x 183 jours x 24 = 15,8 TWh.
Même avec encore plus d’ENR, solaire et éolien, s’il est encore possible d’en installer plus en Allemagne, l’objectif allemand du 100% renouvelables ne pourra pas être atteint. Même si c’est possible ponctuellement, un mix 100% renouvelables aura toujours besoin de moyens de production pilotables. En se privant de nucléaire par dogmatisme, il n’y a pas d’autres solutions que le recours aux énergies fossiles très émettrices de CO2. Le recours aux batteries qui nécessitent de piller les ressources terrestres, par définition limitées, n’est pas une solution éco-logique.
Si on veut lutter efficacement contre le réchauffement climatique par la baisse drastique des émissions de CO2, comme les COP semblent nous le recommander, il y a 2 seules alternatives possibles, qui sont des choix de société qu’il faudra prendre vite, car le réchauffement climatique, lui, ne nous attend pas.
- Consommer l’électricité quand c’est possible. Il faudra alors aller travailler quand il y a de l’électricité sur son lieu de travail. Il faudra alors satisfaire ses besoins quand ce sera possible « baisser, éteindre, décaler » pour TOUTES les activités humaines, y compris les besoins vitaux et les loisirs.
- Avoir recours à des moyens de production pilotables bas carbone. Il n’y en a pas beaucoup à disposition. Même le gaz ne répond pas à cette exigence avec 592g CO2/kWh (chiffre electricitymap). Les seuls moyens de production bas carbone pilotables disponibles sont ceux qui constituent le mix énergétique français depuis la fin du siècle dernier, le nucléaire et l’hydraulique. En attendant la fusion nucléaire.
Pourtant, la Commission Européenne présidée par Mme Ursula Von Der Leyen, ancienne ministre allemande, prône l’Energiewende et donc le déploiement massif des ENR concomitant à l’arrêt du nucléaire.
La logique écolo à défaut d’être éco-logique. CQFD, Ce Qu’il Faut Dénoncer.
Sources : Energy-charts, Electricitymap, RTE
Image par Chris LeBoutillier de Pixabay
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