D’après un sondage tout juste sorti sur le site terre-net, « 1 043 agriculteurs ont répondu à la question : « Avez-vous recours à la modulation intra-parcellaire sur votre exploitation ? » Si 71,43 % des répondants n’ont pas recours à la modulation, ils sont 18,7 % à déclarer la pratiquer de manière manuelle et seulement 9,8 % à la réaliser de manière automatique. Au total, 28,5 % des agriculteurs utilisent l’agriculture de précision pour réaliser une modulation intra-parcellaire. » Ces chiffres montrent que l’agriculture de précision est encore insuffisamment répandue.
Or depuis une vingtaine d’années, les nouvelles technologies embarquées ont fait leur apparition sur nos fermes. La plupart de ces matériels utilisent les satellites de géolocaliser . On distingue principalement deux types d’applications complémentaires – les outils de guidage des engins automoteurs et les outils de d’analyse du sol ou des végétaux.
Ces avancées high-tech ont motivés les agriculteurs les plus pionniers, même si les prix de ces matériels étaient dissuasifs, car peu démocratisés.
La meilleure connaissance de ses sols, afin d’apporter les bonnes quantités au bon endroit, de semences, d’engrais et même de fongicides, conjugué au bon moment, ont permis d’économiser là où le sol fonctionne bien, par exemple les limons les plus profonds, de réduire les intrants dans les zones de faible potentiel, sables ou sols pierreux, où la réserve hydrique est un facteur limitant. En revanche, les sols argileux, qui possèdent des grandes capacités à produire vont être demandeurs de plus, car l’argile retient les éléments fertilisants au détriment des plantes cultivées.
Les compatibilités des outils embarqués posent souvent un problème de communication, système fermé pour certains constructeurs. Les passerelles à créer sont compliquées. Aussi, le principal frein au développement de la smart agriculture réside en sa complexité, l’étalonnage difficile, ce n’est pas du clef en main pour les néophytes.
Le retour sur investissements reste à ce jour faible, coût élevé de la mise en œuvre, pour une économie d’intrants toute relative. Sur le plan environnemental, c’est satisfaisant, et incite à pousser plus loin la performance.
La smart agriculture fera assurément partie de la palette des outils des agriculteurs de demain
Cette image de la ferme du futur, de ses nombreuses solutions technologiques, est sans aucun doute à des années lumières de ce que le consommateur lambda a en tête. En effet, sous l’influence des campagnes marketing répétées et de la propagande de nombreuses ONG environnementalistes, l’opinion générale, très éloignée de la ferme contemporaine. Elle a plutôt tendance à regarder vers le passé. En tant que responsable de rencontre Ville-Campagne, un groupe qui cherche à rapprocher les urbains des ruraux, j’ai pu constater le fossé qui existait entre ces deux mondes et une certaines vision rétrograde du monde agricole.
Pour reprendre le titre de l’ouvrage du Philosophe Michel Serres, c’est le règne du « C’était mieux avant ! ». Une image nostalgique et passéiste s’est installée dans l’esprit de consommateurs, à un tel point que certains sont persuadés que technologie et une agriculture raisonnée sont inconciliables avec les enjeux environnementaux. Or c’est tout le contraire. Plus une ferme est en mesure de concentrer les solutions high-tech, plus elle se donne de chance d’atteindre les objectifs recherchés du point de vue qualitatif et environnementaux.
En effet, une meilleure maitrise de la chaine de production, qui permettra des économies d’échelles et un contrôle des intrants. Tout ce que souhaitent donc les ONG environnementalistes et les consommateurs. Aussi, il est bien dommage que nos politiques au niveau national, comme au niveau européen n’aient pas conscience de ces enjeux et des énormes potentiels que représentent l’agriculture de précision. Car plutôt que de se tourner vers des modes de production passéistes et aux résultats incertains, eu-égard les challenges qui attendent le monde agricole, ils pourraient prendre des décisions stratégiques essentielles pour notre avenir à tous.
Qu’il s’agisse de R&D, d’innovation ou encore de développement des équipements, il faut des moyens financiers considérables. Disons-le clairement : nos décideurs, donc, s’ils étaient mieux informés sur le sujet n’auraient aucune hésitation pour ré-allouer les crédits de la PAC afin de développer ces solutions qui sont prioritaires. Rappelons qu’il y a urgence.
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